FoodChéri, la cantine engagée pour de vrai !

Claire Cosson
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Restauration collective jérôme lemouchoux

Alors que le marché de la restauration d’entreprise affronte toujours une période délicate et voit se multiplier de nouvelles offres, la start-up FoodChéri garde le cap de son engagement : contribuer à un modèle alimentaire vertueux.

 

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Et si l’avenir de la planète se jouait… dans nos assiettes ? Cela fait neuf ans déjà que FoodChéri, start-up spécialiste de la livraison de repas aux entreprises, créée en 2015 par Patrick Asdaghi, puis rachetée par Sodexo trois ans plus tard, clame ce message à qui veut bien l’entendre. Le tout soutenu par des campagnes de communication parfois décalées (burger aux insectes, menu au CBD…), souvent amusantes, dont le but est de montrer la voie de manière douce aux consommateurs. « En aucun cas, nous ne cherchons à être moralisateurs ! Juste accompagner et sensibiliser les convives vers une alimentation plus vertueuse », confie Jérôme Lemouchoux, nommé CEO de FoodChéri en 2020. « Lorsque l’on sait que 25 % de notre empreinte carbone provient de notre alimentation, restaurateur avant tout, nous avons la conviction de pouvoir changer la donne », ajoute-t-il.
Cuisiner et proposer à ses clients des plats bons pour la santé, bons pour la planète, bons tout court tel est donc l’objectif de FoodChéri. Un slogan qui « n’est pas du marketing », affirme le patron. La preuve. Pour appuyer la sincérité de sa démarche, la société a adopté, en janvier dernier, le statut d’entreprise à mission. Et publie désormais un rapport d’impact et un rapport de mission chaque année. Mieux encore. Membre depuis 2021 de la Convention des entreprises pour le climat, l’opérateur vise maintenant l’obtention de la certification RSE « Positive Company », un label exigeant distinguant les sociétés pour leurs performances extrafinancières.

Carte à 50 % végétarienne

Une stratégie qui, alors que le secteur de la FoodTech traverse une forte zone de turbulences, lui donne la possibilité de se distinguer sur le marché des cantines d’entreprise. Avec sa cuisine centrale de 2 500 m² à Sucy-en-Brie (94) dotée d’une brigade de 120 personnes, ses 1 500 recettes (86 % des plats en Nutri-Score A et B, 87 % en Eco-Score), sa carte à 50 % végétarienne, son sourcing intelligent, la suppression de produits problématiques nuisibles à la biodiversité (cabillaud, bœuf, avocat, huile de palme…) ou bien encore ses expériences de plats hybrides (moitié animal et moitié végétal) ont en effet de quoi sortir du lot.
Autant d’éléments qui séduisent aujourd’hui quelque 1 000 clients en entreprise. D’autant plus fortement que FoodChéri a su également faire évoluer ses services. Comment ? En se débarrassant des frigos connectés, et en se concentrant uniquement sur l’aménagement d’espaces conviviaux de restauration en click & collect à travers son offre clef : le Comptoir (cf. p. 20). Une proposition qui répond apparemment bien aux nouvelles attentes des décideurs et salariés en particulier les PME. La start-up affiche ainsi aujourd’hui à son compteur : 5 Comptoirs Autonomes et 18 Animés. « Notre offre de Comptoir rencontre un vif succès. En ce moment, nous en ouvrons 2 à 3 par mois », précise Jérôme Lemouchoux. Un bond qui en dit long sur la volonté des entreprises et des salariés à bien manger tout en préservant la planète. Affaire à suivre !

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Caroline Vignaud FoodChéri

Les problématiques environnementales sont intégrées dès la conception de nos recettes

Vous portez la double casquette de directrice de la Food & de la RSE. Pourquoi ?

Tout simplement parce que la Food et la RSE sont ancrées au cœur de toutes les décisions stratégiques de notre entreprise, et sont indissociables. Cette double casquette me permet véritablement d’intégrer les problématiques environnementales dès la conception des recettes afin que nos clients puissent déguster chaque jour des plats équilibrés, savoureux et responsables.


Quelles sont les actions RSE concrètes que vous mettez en place sur le plan culinaire ?
FoodChéri s’est donné pour mission de proposer des plats sains, gourmands et le plus durables possible. Ce ne sont pas des paroles en l’air. Tant s’en faut. D’ailleurs pour atteindre cet objectif, nous avons pris des engagements et agissons à différents niveaux. À commencer par les ingrédients. Ce que nous mettons dans nos barquettes est notre plus gros levier d’action. Par conséquent, c’est ce qui guide en priorité nos décisions. Cela se traduit dans les faits par : une carte à 50 % végétarienne (on vise les 65 % en 2030), l’arrêt de la cuisine et de la commercialisation des aliments nuisibles à la biodiversité et au climat comme le bœuf, l’avocat et le cabillaud, ou bien encore le choix d’indiquer l’Eco-Score (indicateur environnemental) sur tous nos plats. Résultat : un client FoodChéri réduit aujourd’hui de 50 % son impact environnemental alimentaire (860 g de CO2/plat FoodChéri en moyenne versus 1 530 g de CO2 pour la moyenne française).
Parallèlement, nous travaillons également notre sourcing en misant sur les produits français, le bio (40 % en volume), les circuits courts et locaux. Mais, nous poussons nos réflexions encore plus loin pour aboutir à d’autres améliorations. Notre sel est ainsi sans additif, nos cuissons s’effectuent à l’huile de colza et notre beurre est 100 % bio.

Supprimer le bœuf ou bien le cabillaud de votre carte est une décision courageuse. Comment vos clients ont-ils réagi ?
Il est évident que nous avons pris un risque, mais nous savons que cela est pour de bonnes raisons. Pour accompagner ce changement, nous avons beaucoup communiqué auprès de nos clients en les informant. Car notre rôle est culinaire, mais aussi pédagogique. Nous avons également planché sur nos recettes et revisité certaines comme les spaghettis bolo en remplaçant le bœuf par du poulet ou même des lentilles. Le tout devant donner envie. Au final, nous avons certes perdu quelques clients. Nous en avons convaincu d’autres qui nous soutiennent encore davantage dans notre démarche. 

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Foodchéri comptoir autonome

Fini le frigo connecté, bonjour Le Comptoir Autonome !

Si la start-up peaufine sans cesse ses recettes (en dessous de la note de 4/5, elles sont retravaillées), elle a aussi fait évoluer ses services depuis 2015. FoodChéri a ainsi récemment arrêté le déploiement de frigo connecté. « Il y avait trop de gaspillage avec un taux de prise faible (10 %) comparé à celui observé sur un comptoir (plus de 25 %) », souligne Caroline Vignaud. Désormais, le restaurateur se concentre uniquement sur l’aménagement d’espaces de restauration en click & collect avec sa solution : le Comptoir. Celui-ci se décline en 2 formats : Le Comptoir Autonome et Le Comptoir Animé (ex-corner).
Le premier permet aux salariés de commander leur repas entre deux jours à l'avance et jusqu'à 12 h 15 le jour même via l'application ou le site. Au menu ? Au moins 6 entrées, 15 plats et 8 desserts renouvelés au quotidien. Le tout fabriqué maison, et adapté à tous les régimes alimentaires. La commande est préparée dans un sac réemployable, tenue au frais dans le frigo de l’espace restauration. Le collaborateur peut récupérer son repas quand il le souhaite, moyennant environ 8 € (formule entrée/plat ou plat/dessert hors participation de l'employeur). Concernant le Comptoir Animé, il s’agit d’un espace de restauration personnalisable pour retirer et déguster des commandes soigneusement préparées par un manager dédié. Combien ça coûte pour l’entreprise (hors participation) ? À partir de 2 500 € par mois pour le Comptoir Autonome et de 4 000 € pour l’Animé.

Emballage : le réemploi d'ici à 2030

Chez FoodChéri, l’ambition est claire ! « Nous voulons proposer à nos clients des emballages 100 % réemployables », insiste Caroline Vignaud. Et de poursuivre, « la transition vers des emballages durables dépasse toutefois largement le simple remplacement, elle exige une approche holistique ». Raison pour laquelle la FoodTech a réalisé avec son partenaire, Greenly, une analyse de cycle de vie pour confirmer l’intuition que le modèle du réemploi est plus vertueux que celui du jetable. Les résultats sont sans appel. « La logistique et le transport conduisent à éliminer le verre, peu vertueux dans notre cas », explique la directrice Food & RSE. Une entrée + 1 plat FoodChéri en emballage jetable représentent 85,5 g de CO2e par cycle de vie, avec une majorité de l’impact sur la fabrication et la fin de vie des emballages. Quant à 1 plat FoodChéri en emballage réemployable Mepal (résine), il doit être utilisé 80 fois pour diviser par deux l’empreinte d’un contenant jetable (57,6 g CO2e).
FoodChéri va donc privilégier le réemployable. Reste que compte tenu des emballages existants à ce jour, « les solutions sont encore perfectibles et onéreuses », estime la responsable. La société de restauration commence malgré tout à déployer le réemploi. « D’ici à fin 2024, de 5 à 10 sites devraient être équipés en contenants 100 % réemployables ». Mais l’expérience client devra être challengée, avec notamment un modèle de caution (au montant dissuasif) ou de confiance. 

Claire Cosson
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