[Top 100] « Des défaillances d’entreprises, en particulier en commerciale »

Olivier Bitoun
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portrait cadré serré en noir et blanc
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Vous êtes le président de Vivalya, mais où en est la gouvernance du réseau avec l’absence prolongée de son DG Philippe Guyot ? 
À l’occasion de cette longue absence, qui malheureusement est définitive, la Coopérative Vivalya a montré toute sa résilience. Nous avons continué d’avancer et de progresser, tant en termes de chiffres d’affaires que de déploiement des projets. Je souhaite d’ailleurs remercier toute l’équipe de la Coopérative pour avoir « tenu la baraque » de fort belle manière pendant l’absence du directeur général. J’en profite, au nom de tous les coopérateurs, pour rendre un hommage appuyé à Philippe Guyot pour son immense implication au service de notre réseau pendant toutes ces années, et l’assurer de toute notre amitié. Notre directeur des opérations Yves Braun est actuellement assisté de Stéphane Corthier (précédent DG de Vivalya) pour la mise en place de notre structure définitive. Nous venons de renouveler les mandats de notre Copil (véritable conseil d’administration de la Coopérative Vivalya), quasi à l’identique, si ce n’est l’élection notable de Stéphane Fayet (dirigeant des sociétés Margain Marée, Auvergne Marée et CS Marée), ce qui reflète bien l’importance grandissante de l’activité marée fraîche dans notre business. Le renouvellement de mon mandat comme président et de celui de Jérôme Lavaire (président du Réseau Ribé) en tant que vice-président confirment la très grande stabilité de notre gouvernance et de notre réseau.

Quelle a été l’activité de Vivalya en 2023 ? 
L’année dernière, le chiffre d’affaires cumulé de notre réseau a atteint 1,4 Md€, en hausse de 15 % sur 2022. Ce taux de croissance inclut la croissance externe de certains de nos adhérents pour environ 5 %. Notre réseau est toujours aussi stable depuis dix ans. Avec nos 73 entreprises locales spécialistes en fruits & légumes et marée, nous couvrons parfaitement le territoire pour servir nos clients. Nos 15 coopérateurs poursuivent leurs investissements. Chaque année, de 15 à 20 M€ sont destinés à moderniser nos outils, pour nous adapter aux évolutions de nos marchés et préparer l’avenir sereinement. 2023 a été une année dynamique commercialement. Notre présence renforcée sur le terrain nous permet d’être toujours en conquête de nouveaux clients. Nous restons très attentifs à notre gestion du service, et ce sont maintenant 5 000 collaborateurs qui œuvrent tous les jours pour mettre en avant nos producteurs partenaires principalement locaux.

Quelle est la ventilation de l’activité de Vivalya par familles de produits et circuits de distribution ? 
Globalement la répartition par familles reste stable. Ainsi, les fruits et légumes portent 70% de notre activité, la marée fraîche 15% et 15% pour les autres produits alimentaires (BOF, produits carnés et secs, hygiène...). De même, le poids du CA par circuits de distribution est toujours équilibré : la RHF pèse 55% de nos ventes, la grande distribution 30% et les autres circuits 15% (primeurs, traiteurs, épiceries, industrie...).

Comment se porte l’activité du réseau en 2024 après bientôt six mois ? 
Nous affichons + 8 % de CA à fin mai. Cette croissance s’appuie sur de nouvelles conquêtes de clients grands comptes et un fort développement de l’activité marée. Nous anticipons une croissance plus proche des 10 % à périmètre constant pour 2024 car certains dossiers n’ont pas encore donné leur plein potentiel. Il est certain que les marges sont plus difficiles à préserver, signe que certains clients souffrent. Notre point de vigilance vient d’ailleurs de la gestion du risque client car nous commençons à voir de nombreuses défaillances d’entreprises, en particulier dans le secteur de la restauration commerciale. À quel niveau se situe l’inflation actuellement sur les produits que vous commercialisez ? Je crois que nous pouvons dire que la flambée inflationniste est derrière nous. Toutefois, il est certain que, compte tenu d’une météo très capricieuse et d’un contexte politique instable, la production maraîchère et agricole souffre de retards et de déficits tant qualitatifs que quantitatifs. Cela pèse forcément sur les prix. Mais c’est la vocation de Vivalya et de chaque entreprise du réseau d’être aux côtés du monde de la production, surtout quand la conjoncture est défavorable. Que ce soit pour les fruits & légumes ou la marée. Sans producteurs ou fournisseurs, nous n’existons plus ; donc nous les soutenons, quitte à rogner sur nos marges ponctuellement.

Les manifestations des agriculteurs ces derniers mois ont-elles fait bouger les lignes dans vos rapports avec eux ? 
En toute transparence, nous n’avons pas senti de changements dans nos relations avec eux. Je crois que les producteurs savent que nous sommes à leurs côtés depuis toujours. Notre métier ne se conçoit pas sans eux. En revanche, nous commençons à sentir des besoins croissants d’aide de la part de nos partenaires producteurs, du fait d’une météo extrêmement défavorable et d’un tassement de la consommation. Il est probable que leur situation va encore se compliquer au cœur de la saison. Nous répondrons comme toujours présents ! Il va nous falloir faire preuve de beaucoup de pédagogie auprès de nos clients, pour qu’eux aussi nous aident à soutenir la production française. Et que la grande distribution, en particulier les enseignes étrangères de hard discount, sache sortir un peu de cette spirale mortifère du prix avant tout, quelle que soit l’origine.

Où en êtes-vous des chantiers RSE annoncés l’an dernier ? 
Nous respectons à la lettre notre feuille de route dans ce domaine, même s’il est parfois difficile de faire avancer 73 sites de tailles diverses à la même vitesse sur ces sujets qui demandent un fort investissement. Nous avons bâti notre politique autour de trois boucles : énergétique, alimentaire et bien sûr territoriale, en alignement avec les 17 Objectifs Développement Durable de l’ONU (ODD). Bon nombre de nos nouveaux dépôts disposent de panneaux solaires, de systèmes de récupération de l’énergie des groupes frigos, et certains, là où c’est possible, de la géothermie. Nous avons partout mis en place des solutions de valorisation des déchets organiques, très souvent avec des organismes de l’économie sociale et solidaire. En matière d’actions sociétales, nous recensons plus d’une centaine de partenariats dans toute la France, qu’il s’agisse d’Esat, de clubs sportifs ou de soutien à des actions humanitaires ou solidaires. L’un de nos sites, le premier en France dans le secteur des grossistes alimentaires, est certifié Anti-gaspi (Sainfruit, Réseau Le Saint). Deux de nos entreprises sont d’ores et déjà certifiées ISO 14 001 (Fortuno et Groupe Sapam), et l’une d’entre elles vient d’obtenir la labellisation « Engagé RSE » niveau 2. Engagés dans une démarche de réduction de notre impact, nous aurons l’intégralité des bilans carbone des 73 sites fin octobre de cette année. C’est d’ailleurs la démarche globale que nous privilégions désormais. Nous allons déployer dès la rentrée un plan de labellisation RSE dans l’intégralité de nos sites à l’horizon fin 2025.

En janvier 2025 doit démarrer la REP EIC (Emballages Industriels et Commerciaux) avec le paiement par les entreprises d’une éco-contribution pour leurs emballages secondaires et tertiaires (cartons, caisses, films plastique, palettes, cerclages…). Avez-vous chiffré la taille du gisement du Vivalya et le montant de l’éco-contribution ? 
Nous sommes en cours de chiffrage de l’impact de cette réglementation. Nous attendons surtout les derniers ajustements règlementaires en cours de discussion pour nous lancer dans un chiffrage définitif. Nous nous appuyons sur les organisations interprofessionnelles comme l’UNCGFL et la CGF pour nous accompagner et nous informer sur ce sujet.

Quel accueil reçoit votre portail lavieadugout.fr ? 
Nous pouvons affirmer que lavieadugout.fr est l’une de nos plus belles réussites collectives tant auprès de nos équipes que de nos clients. Nous avons réussi le pari d’homogénéiser les données de multiples entreprises en un seul et même outil, preuve de notre agilité et de notre persévérance. Jamais 2 sans 3, nous avons récemment lancé la version 3 de notre plateforme, plus ergonomique et précise, enrichie de fonctionnalités et de statistiques tournées business. Avec plus de 5 000 utilisateurs et plus de 70 000 connexions, ce sont chaque année environ 290 000 pages vues parmi lesquelles celles des 13 000 produits locaux issus de nos 1 800 producteurs partenaires répertoriés sur lavieadugout.fr. Nous continuons à développer les aspects techniques pour répondre et accompagner nos équipes sur le pilotage des dossiers avec des indicateurs d’aide à la décision, comme : la météo, l’évolution des prix et des ventes.

Quelles seront les actions prioritaires de Vivalya qui fêtera ses dix ans en 2025 ? 
Il est encore un peu tôt pour parler des projets 2025. Une chose est certaine : ce sera l’année de notre labellisation RSE intégrale. Nous allons poursuivre le développement de notre Bureau d’achat marée à Boulogne-sur-Mer. Nous avons bien d’autres projets dans les cartons : rendez-vous en novembre pour les évoquer. Vivalya, c’est avant tout une histoire de femmes et d’hommes qui se sont unis au service de leurs clients et du monde de la production. C’est la proximité, l’authenticité, l’engagement et surtout la convivialité : donc Nous avons bien l’intention de fêter cet anniversaire, et nous aurons de nombreuses occasions de le faire ! Rendez-vous à la rentrée pour en reparler. 

Olivier Bitoun
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