[Spécial RSE] La CGF et France Travail attendent beaucoup l’un de l’autre

Olivier Bitoun
Image
Isabelle Bernet-Denin

Les grossistes peinent à recruter et leurs métiers restent mal connus des demandeurs d’emploi. Pour changer la donne, la Confédération des grossistes de France (CGF) signera très bientôt une convention-cadre avec France Travail.  
Notre édition Zepros Distributeurs RHD - Spécial RSE 2024 vient de paraître. Elle est consultable et téléchargeable gratuitement ici.

Partager sur

La date et le lieu de la signature sont connus. Ce sera le 13 mai à Tours (37), dans les locaux d’Estivin Groupe (39e de notre Top 100), un distributeur historique de produits frais. En délocalisant la signature de sa première convention-cadre avec France Travail (anciennement Pôle Emploi) sur les bords de la Loire, la Confédération des grossistes de France (CGF) souhaite marquer le coup. Car seront présents le 13 mai, outre les deux signataires - Thibaut Guilluy, directeur général de France Travail, et Philippe Barbier, président de la CGF - le président de l’Union nationale du commerce de gros en fruits et légumes, des représentants des collectivités locales et les membres de la famille Estivin. « Nous réfléchissons à y associer des parlementaires et des journalistes », glisse Isabelle Bernet-Denin, directrice générale de la CGF. S’inviter chez Estivin est aussi une manière de remercier sa DRH Martine Chavaudret, également présidente de la commission Emploi et Formation de la CGF, très investie dans l’opération. Ce sera la première fois que France Travail apposera son nom à côté de celui d’une confédération patronale pour une démarche de ce type. L’enjeu est de taille pour les deux signataires. Les distributeurs du commerce de gros se plaignent d’avoir du mal à recruter. Au 4e trimestre 2023, 45 % des patrons de grossistes alimentaires interrogés dans le cadre du baromètre de Xerfi pour la CGF s’avouaient dans l’impasse. Ce chiffre atteignait même près de 75 %, en moyenne, sur les trois premiers trimestres de l’année ! Du côté du directeur général de France Travail, il s’agit d’imposer son organisation comme l’interlocuteur naturel des entreprises en phase de recrutement. Ce n’est pas le cas actuellement. «86 % des entreprises qui passent par France Travail sont satisfaites des services rendus. Mais elles ne sont que 30% à faire appel à nos services », admet-il. La convention a quatre objectifs : permettre à la CGF et à France Travail de mieux se connaitre, les deux partenaires prendront leurs marques lors de la 3e édition de la Semaine nationale des métiers du transport et de la logistique (du 10 au 14 juin) ; donner davantage de visibilité aux métiers et carrières offerts par les grossistes ; faciliter les recrutements grâce à des outils dont dispose France Travail et, enfin, favoriser l’inclusion des publics éloignés de l’emploi (seniors, handicapés, titulaires du RSA, réfugiés).

S’affirmer comme ascenseur social 
Aujourd’hui, l’univers des grossistes est rarement le premier choix des demandeurs d’emploi. « Les jeunes commencent par une expérience professionnelle dans une enseigne connue avant d’arriver chez nous, dans le monde du BtoB », regrette Isabelle Bernet-Denin. En cause : une faible visibilité des métiers - la fameuse première ligne découverte au moment du confinement de la crise Covid ! - et une difficulté à toucher les bons publics. « Nos métiers sont mal connus et pâtissent d’une d’image péjorative », appuie Philippe Bertin, le P-DG d’Estivin Groupe. Pénibilité et salaires faibles sont généralement associés au secteur des grossistes dans l’esprit des candidats. Sur le sujet de la rémunération, les représentants de la CGF tiennent à rétablir la vérité, en indiquant que dans leur secteur, à niveau égal, les salaires sont supérieurs de 20 % à ceux qu’offre la grande distribution. Si la pénibilité est une réalité (charges lourdes, travail de nuit voire au froid), là aussi tout n’est pas noir. Les contrats de travail seraient plutôt avantageux.«95 % des CDI et des temps partiels chez nous sont souhaités et pas subis », insiste-t-on à la CGF. Surtout, le secteur veut faire la publicité de son atout maître : la possibilité d’y faire carrière, même sans diplôme. « Nos métiers correspondent totalement à la population de France Travail ; notre profession est un ascenseur social », déclare Philippe Bertin avant d’illustrer : « On peut commencer comme cariste, chauffeur-livreur ou préparateur de commandes et finir sa carrière comme commercial et même directeur de site. » La convention-cadre devrait aussi faciliter les recrutements en donnant aux entreprises accès à des outils dont dispose France Travail. Tout d’abord avec sa plateforme emploi-store.fr où la CGF pourra poster des contenus. Plus insolite, les employeurs pourront aussi faire appel à la méthode de recrutement par simulation (MRS). Les candidats même sans diplôme sont sélectionnés sur leurs aptitudes lors d’exercices construits en analogie avec le poste de travail recherché. C’est de la mise en situation ! Dans certains cas, cela va jusqu’à de la préformation ; on parle alors de « préparation collective ou individuelle à l’emploi ».

Emploi - Les grossistes acteurs majeurs 
• 1 million de salariés employés par 160 000 entreprises dans le commerce de gros (tous secteurs confondus) 
• 90 000 intentions d’embauche chaque année 
• 40 % des salariés employés dans des TPE-PME (85 % des entreprises du secteur) 
• 60 % des salariés employés dans les grands groupes (15 % des entreprises du secteur) 
• de 40 à 50 % de commerciaux dans les effectifs ; de 30 à 40 % dans le transport et la logistique (chauffeurs-livreurs, caristes, préparateurs de commande...) • de 15 à 20 % de postes administratifs 
Source : CGF

Olivier Bitoun
Partager sur

Inscrivez-vous gratuitement à nos newsletters

S'inscrire