[Spécial RSE] La cyclologistique séduit avant les JOP de Paris
Les Cafés Richard et le transporteur Ayopa by Delanchy utilisent chaque jour la cyclologistique pour livrer des dizaines de clients dans Paris, en produits secs ou frais. Ce moyen de transport vert peut offrir un réel complément au camion.
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Il est 6 h 30. Comme tous les matins, le 3,5 tonnes électrique des Cafés Richard (14e de notre Top 100) se gare à côté de la péniche du logisticien Fludis, amarrée Port d’Austerlitz sur la Seine, à Paris. Quatre à cinq palettes de cafés, thés et divers produits de «bord de tasse» (sucre, chocolat, biscuit) sont transférées de l’utilitaire léger vers la péniche sur laquelle attendent les vélos-cargos. Pendant la demi-heure que dure la descente du fleuve par la péniche, électrique elle aussi, jusqu’au port du Gros-Caillou, un peu avant la tour Eiffel, les commandes sont préparées et déposées sur quatre vélos-cargos. À destination, une grue les transborde sur le quai d’où ils effectuent le dernier kilomètre vers les clients CHR. Chaque vélo-cargo transporte une charge utile de 250 kg soit de 8 à 10 clients en moyenne. « L’an dernier, nous avons livré 62 tonnes de marchandises en cyclologistique. Sur 2024, avec la perspective des JOP de Paris, nous devrions atteindre les 120 à 140 tonnes », chiffre Serge Eudes, le directeur logistique adjoint des Cafés Richard. Si le distributeur recourt à la cyclologistique depuis 2019, pour livrer 100 % de ses clients du secteur tertiaire (entreprises) dans Paris, la mise en place du circuit multimodal fluvio-cyclo date de mai 2023. Cette solution originale permet d’irriguer 5 arrondissements de la capitale : les 4 premiers ainsi que le 8e. « Nous avons voulu tester le dispositif sur l’hypercentre de Paris où la circulation et le stationnement sont compliqués », explique Serge Eudes. L’occasion aussi de s’entrainer en vue des JOP de Paris ! « Nous avons environ 180 clients dans les périmètres rouges », indique le directeur logistique. Dans ces zones de sécurité délimitées par la Préfecture de police de Paris autour des sites olympiques, les camions seront interdits pendant les Jeux. « La première motivation du choix de la cyclologistique est l’impossibilité d’accéder en camion à une zone ; la seconde est l’efficacité dans la circulation et le stationnement », confirme Amauric Guinard, le cofondateur de Sofub, la filiale cyclologistique de la Fédération française des usagers et usagères de la bicyclette. Il estime à 1 500, aujourd’hui, les vélos-cargos à usage professionnel dans Paris. Et pas uniquement pour le transport de produits secs ! Depuis le démarrage de son activité, le 24 janvier 2022, le transporteur Ayopa by Delanchy aurait assuré « plus de 100 000 livraisons de produits frais en cyclologistique, dans Paris, et déjà quelques centaines pour des produits surgelés », selon Simon Paramananda, co-fondateur de la start-up Ayopa, rachetée en juillet 2023 par Delanchy. Ses clients sont des CHR, quelques supermarchés et des magasins Picard et Grand Frais. Comme dans l’exemple des Cafés Richard, tout se joue, ici, sur les ruptures de charges. Pour les éviter, le logisticien mise au maximum sur la conteneurisation. Les marchandises arrivent sur la plateforme de Delanchy à Rungis où les commandes sont préparées et déposées dans des caissons en froid passif (neige carbonique ou plaques eutectiques). Puis un camion les transporte du MIN vers les deux plateformes de proximité du logisticien dans Paris (2e et 14e arrondissements). Là, les caissons sont directement « clipsés » sur les remorques des 20 vélos-cargos chargés du dernier kilomètre. Chaque caisson contient 250 kg soit les livraisons de 3 ou 4 clients en moyenne. Ayopa by Delanchy annonce un total de 150 livraisons par jour du lundi au samedi. Et Simon Paramananda promet que : « Pour chaque tournée de 1h30 à 2h, nous allons quatre fois plus vite qu’un camion ! »
L’agilité et l’écologie ont un prix
Écologie et efficacité opérationnelle : si les exemples des Cafés Richard et d’Ayopa by Delanchy confirment les atouts de la cyclologistique, reste la question de son coût. Simon Paramananda affirme que ce moyen de transport « ne revient pas plus cher qu’une livraison en camion », sans toutefois communiquer de prix. Chez Cafés Richard on s’avance davantage. « La cyclologistique représente un coût supplémentaire que nous acceptons de financer. Cela fait partie d’une démarche volontariste motivée par des préoccupations environnementales et d’efficacité opérationnelle », conclut Serge Eudes.
Un annuaire pour trouver son cyclologisticien
Il a été opportunément nommé « L’Annuaire cyclo des JO 2024 » ! Rédigé par Sofub, la filiale cyclologistique de la Fub (Fédération française des usagers de la bicyclette), l’annuaire compte 8 pages dans sa version courte (téléchargement gratuit sur : colisactiv.fr/wp-content/ uploads/2024/03/CA_paris_periode_olympique_web_v2.pdf). Il recense 26 transporteurs en cyclo- logistique opérant en Ile-de-France. Il fournit des indications sur la nature de leur activité (colis, frais, palettes...) et leur périmètre d’intervention ; les plus gros acteurs possèdent des flottes qui flirtent avec les 100 vélos-cargos. L’annuaire signale également 22 fabricants de vélos-cargos et 9 entreprises qui en assurent la location et la maintenance. L’annuaire se veut aussi pédagogique : une page est consacrée à la présentation des 4 types de vélos-cargos (tricycles, triporteurs, biporteurs, attelages) et une autre à la question du transport des produits frais et à celle des ruptures de charge.