
Top 100 : « Les JO ont donné l’opportunité à France Boissons de démontrer son savoir-faire »

Entretien réalisé le 1er juillet 2025.
L’année 2024 a été une année contrastée. Avec une inflation qui est restée toujours élevée, une présaison marquée par une météo très défavorable, surtout en mai et juin. Puis une arrière-saison très mitigée avec un mois de septembre délicat. Le cœur de la saison a aussi été compliqué. On pensait que le Championnat d’Europe des nations, avec un beau parcours de la France, allait avoir un effet booster, ce qui ne s’est pas manifesté. Par la suite, il y a eu les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, mais avec une clientèle qui n’a pas été aussi consommatrice que celle de 2023 lors de la Coupe du monde de rugby. Tout cela a forcément impacté la consommation dans les établissements CHR : certaines catégories de population ne les fréquentant plus, d’autres faisant des arbitrages dans leurs dépenses, comme cela a bien été évoqué par Food Service Vision lors de l’assemblée générale de la FNB.
Tout d’abord les JOP, qui ont donné l’opportunité à France Boissons de démontrer tout son savoir-faire dans sa capacité à servir ses clients, quelles que soient les contraintes réglementaires, sécuritaires et logistiques qui s’imposaient sur Paris et l’Ile-de-France. Notre site de Gennevilliers avait reçu la fameuse certification « Vendor Certification Program » qui nous permettait de livrer soit des sites olympiques, soit des clients en zone de sites olympiques. Cela a demandé de longs mois de préparation et une belle anticipation de toutes les équipes. Ce très beau niveau de service au cours des JOP nous a permis de gagner des clients par la suite. Deuxième élément important : nous avons fêté nos 60 ans l’année dernière. Plus que le chiffre, c’est surtout un moment fort pour l’entreprise qui permet de montrer que nous avons une histoire dont nous sommes fiers et que nous nous projetons vers l’avenir. Ces 60 ans étaient l’occasion de mettre en valeur certains sites de France Boissons en invitant des élus locaux, des clients et partenaires, notamment à Lille et à Caen.
Troisième élément : la poursuite de notre structuration, toujours avec l’ambition d’améliorer notre service aux clients. Nous avons ainsi inauguré en décembre notre nouveau site de Breuil-le-Sec dans l’Oise, qui a remplacé celui d’Agnetz. Un entrepôt nouveau répondant à toutes les normes actuelles et futures de sécurité, de santé, de productivité, tout en réduisant fortement notre impact environnemental. L’année 2024 a été marquée par la construction rapide, efficace et intense de notre nouvelle plateforme de Buchelay, dans les Yvelines, que nous avons inaugurée le 16 juin. Même démarche avec notre site de Saint-Amand, sur la presqu’île du Cotentin, qui remplace deux sites un peu vieillissants, à Vire et à Cherbourg.
Enfin, le quatrième point marquant est l’accélération de notre transition vers l’électrique. Fin 2024, nous avions 33 camions électriques déployés dans notre flotte, fin 2025 nous en prévoyons 99. En parallèle des camions électriques, nous avons bien évidemment continué de déployer le biodiesel sur la plupart de nos plateformes, ainsi que sur certains gros sites cross docks. Rappelons qu’un litre de gazole qui est converti en biocarburant permet 82 % d’émissions de CO2 en moins.
Nous avons globalement réalisé un chiffre d’affaires de 880 M€. L’eau est la première boisson qui subit l’arbitrage des clients, et, donc, c’est une catégorie qui souffre. Les champagnes, du fait de positionnements prix élevés, sont fortement concurrencés par d’autres vins effervescents : crémants d’Alsace, de Loire, ou différents mousseux venant parfois de l’étranger, et par les cocktails.
En 2024, les spiritueux ont plutôt été stables, tandis que les boissons énergisantes continuent de très bien se porter, tout comme les softs. Le vin poursuit sa déconsommation, et reste relativement faible en termes de pénétration chez les jeunes adultes. Le blanc progresse sur des occasions de consommations comme l’afterwork et l’apéritif.
Du côté des bières, les artisanales continuent de croître, mais plus autant qu’avant. La catégorie a été pénalisée par la météo défavorable. Toutefois, elle résiste mieux que les autres catégories parce qu’elle est beaucoup plus accessible en termes de prix et qu’elle bénéficie d’une offre très diversifiée.

Le CHR traditionnel est en difficulté. Je dirais même qu’en 2024 cela s’est accentué : remboursements de PGE, pression sur la trésorerie, augmentation des redressements et des liquidations judiciaires. Les discothèques sont également sous pression. Les restaurants à thème tirent un peu leur épingle du jeu, grâce à un large choix et différents niveaux de prix. Les pubs se maintiennent ainsi que les lieux hybrides qui restent porteurs auprès d’une clientèle qui cherche une expérience.
Notre ambition, et même notre obsession, est toujours de consolider la position de France Boissons comme un premier distributeur national de boissons qui offre la meilleure qualité de service à ses clients. Tout ce que nous faisons vise à renforcer la satisfaction de nos clients, c’est la combinaison du développement du service, de l’innovation, de la proximité avec un secteur CHR que l’on sait en profonde mutation. Nous avons quatre grands enjeux prioritaires :
1-La relation client. C’est-à-dire la proximité humaine avec nos équipes, qu’il s’agisse des chauffeurs-livreurs, du service technique, de la force de vente terrain ou de la force de vente sédentaire : télévente et site internet Eazle.fr. Nous formons en interne nos collaborateurs pour qu’ils soient toujours plus performants dans la relation client et l’expertise des catégories, afin d’être toujours force de proposition sur les assortiments de bières, de spiritueux, de vins et aider à structurer les cartes.
Ajoutons à cela la Journée des Terrasses, initiée par France Boissons en 2022, qui s’est transformée cette année en Journée nationale des cafés, bistrots et terrasses. Nous soutenons Alain Fontaine, dans sa démarche visant à inscrire les pratiques sociales et culturelles des bistrots et cafés en France au patrimoine mondial de l’Unesco, sachant que cela a déjà été le cas au patrimoine culturel immatériel français.
2-La fidélisation de nos collaborateurs. Nous avons des turnovers qui sont en dessous de la moyenne, et nous en sommes très fiers. Cela ne concerne pas uniquement la rémunération, mais l’ensemble des actions que nous menons pour la santé, la sécurité, les possibilités d’évolution de nos collaborateurs.
3-La digitalisation, afin de mieux servir nos clients et d’améliorer les méthodes de travail de nos collaborateurs. Pour les clients, cela concerne tous les développements que nous faisons sur Eazle afin que le site soit toujours très performant. Nous sortons ainsi une nouvelle application mobile. Nous nous sommes renforcés sur certaines fonctionnalités, notamment la barre de recherche. Pour nos collaborateurs, la digitalisation, que ce soit en supply chain ou en commerce, doit faciliter leur vie, simplifier les méthodes de travail, réduire tout ce qui peut être administratif et qui peut être fait de manière intelligente grâce à la technologie. Nous avons ainsi un outil pour la force de vente, le CRM, qui aide les commerciaux à mieux structurer les informations clients, dans lequel nous introduisons progressivement un peu d’IA. Par exemple, nous testons une alerte automatique quand le chiffre d’affaires d’un point de vente baisse sur certaines catégories.
4-La poursuite de la réduction de notre empreinte environnementale. À cet égard, Buchelay est l’incarnation de la plateforme moderne : toiture solaire, charpente en béton-bois, généralisation des Led, récupération des eaux de pluie, etc. Le reste de l’entreprise suit cette direction : cette année, plus de 50 % de la consommation de nos véhicules sera du biocarburant. C’est un signal très fort.
C’est extrêmement important. Il y a plusieurs dimensions. D’abord, la protection des données, tant celles de nos collaborateurs que celles de nos clients. Nous répondons à toutes les exigences réglementaires, notamment RGPD. Ensuite, ce sont des investissements ciblés dans des solutions technologiques de dernière génération, pour toujours faire face à des attaques. Par ailleurs, il y a une grande sensibilisation et une formation auprès des équipes. Enfin, nous avons une gouvernance qui assure le pilotage au sein de l’entreprise sur toutes les questions de cybersécurité.