« Rendre la cuisine de chef accessible »
Lancé il y a 12 ans par Hakim Gaouaoui, aujourd’hui associé à Stéphane Rotenberg, Les Bistrots Pas Parisiens affichent 14 restaurants, essentiellement dans la banlieue ouest de Paris, 500 collaborateurs et un chiffre d’affaires de 55 M€. Derrière ce dynamisme, un travail de structuration et de transmission. Mona et Tara Gaouaoui, reprennent peu à peu le flambeau de leur père, avec Oscar, leur frère, pour inscrire le groupe dans le temps.
Tara Gaouaoui : Nous avons ouverts 2 établissements. Monsieur Claude, à Rueil-Malmaison, avec le chef Danny Khezzar, situé à 14 mètres de hauteur, au sein d’un éco quartier, dans un bâtiment que nous avons acheté. Cela s’inscrit dans notre nouvelle politique de développement, au regard des investissements que nous réalisons, nous souhaitons désormais acheter les murs. Nous y déployons une offre complète avec un restaurant et notre premier rooftop. Puis nous nous sommes implantés en septembre à Croissy-sur-Seine et avons ouvert Chou de Chanorier. La ville nous a laissé réaménager la verrière du château. Là encore nous nous sommes associés à un chef de Top Chef : Charlie Anne, finaliste 2025. Entre ces deux ouvertures nous avons accueilli le restaurant éphémère du gagnant de Top Chef, Quentin Mauro.
TG : Le premier restaurant que nous avons ouvert il y a 12 ans était vraiment un restaurant de quartier avec des produits de saison et une carte courte : 4 entrées, 4 plats, 4 desserts changeant toutes les 4 semaines. L’association avec un chef médiatisé nous a permis d’avoir de la visibilité mais l’ADN n’a pas bougé.
Mona Gaouaoui : L’une des vocations du groupe est de rendre la cuisine de chef accessible. Cela se traduit par des marges réduites car nous proposons un menu à moins de 40 € avec des produits choisis. C’est un casse-tête quotidien pour que cela soit un peu moins cher, un peu meilleur, servi par un staff un peu plus impliqué qu’ailleurs. Ces détails font notre différence et ont construit le modèle.
TG : Pour ma part j’ai suivi des études de droit et d’économie. J’ai travaillé quelques années en cabinet. Il y a 2 ans nous avons eu une conversation avec notre père quant à l’avenir de l’entreprise et si nous souhaitions nous y inscrire. J’ai fait le choix de rejoindre le groupe à la direction juridique, je travaille beaucoup avec les RH. Par goût, je m’occupe aussi de toute la partie immobilière, à la fois notre nouvelle politique d’achats des murs mais aussi l’aménagement des restaurants.
MG : J’ai fait une école de commerce et réalisé tous mes stages au sein des Bistrots Pas Parisiens, mon mémoire a porté sur la digitalisation dans la restauration. Je savais que j’allais intégrer le groupe. C’est une chance extraordinaire même si cela peut faire peur de travailler en famille. Je suis rentrée au contrôle de gestion. Au-delà de constater et de reporter les chiffres il a fallu optimiser les ratios. Mon rôle est devenu plus opérationnel : beaucoup de discussions avec les directeurs et les chefs sur la création des cartes, la gestion des ratios, des produits, la gestion de la masse salariale, l’aménagement des plannings, la construction des équipes...
TG : Notre petit frère Oscar, qui a 20 ans, travaille aussi pour nous dans un établissement. Il a commencé commis puis chef de rang et a vocation à être un vrai opérationnel. C’est une des clés du travail en famille : la répartition des sujets. La vraie force est aussi une gestion faite dans un intérêt commun. Nous savons que nous sommes au service de quelque chose que nous avons envie de faire perdurer et de transmettre. L’idée est, d’ici 2030, de permettre à notre père d’être plus dans le conseil et le développement que dans la gestion du groupe.
MG : Il y a 2 ans, le groupe a passé le cap des 10 restaurants et nous avons décidé de monter une centrale de référencement. Jean-Charles Vétois et sa société The Buyer nous accompagnent sur ce sujet. Pour la première fois nous avons lancé des appels d’offre, avons fait le tri dans nos fournisseurs, initié de vraies négociations sur le long terme, négocié des RFA et réalisé un travail d’optimisation. Je gère la partie achats. Le food cost en cumulé food et boisson ne doit pas dépasser 25 %. En 2024, grâce à la mise en place de la centrale, nous avons fait 550 000 € d’économies d’EBITDA pur.
TG : L’ouverture de deux restaurants : un à Port-Marly en bord de Seine et un second à Villeneuve-la-Garenne. Ce sera un restaurant italien sur le même concept et avec la même équipe que Coco Rocco à Puteaux. Nous développons aussi la vente à emporter avec une carte dédiée dans un style bouillon. Des chefs de l’émission Top Chef signeront les plats. Ce sera à partir du 10 janvier et cela s’appellera French Bouillon Family by Top Chef. Cette gamme sera produite dans une cuisine décentralisée mais envoyée depuis 5 de nos restaurants.
MG : L’idée est de créer une marque complètement dissociée des Bistrots Pas Parisiens. Nous travaillons avec Deliveroo en exclusivité et serons présents sur 3 sites Deliveroo Editions. L’ambition est de la déployer au national.
MG : Pour nos prochains projets nous recherchons des associés. Nous avons déjà deux établissements sur ce modèle : Chou de Chanorier ouvert à Croissy avec Alain Lucas, ancien directeur exécutif de Chomette. Également Coco Rocco à Puteaux avec Serena et Massimiliano Poli, un couple de Napolitains. C’est un des restaurants les mieux tenus du groupe. Nous voyons que ce modèle fonctionne et nous soulage. Nous cherchons des gens pour incarner et faire vivre ces petites PME que sont nos établissements.