La livraison de repas en entreprise aiguise les appétits

Jean Charles Schamberger
ETUDE XERFI-PRECEPTA
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Selon Xerfi-Precepta, qui vient de publier une étude approfondie sous le titre : « Le marché de la livraison de repas en entreprise - Mutations de la demande, essor des plateformes et percée des restaurants virtuels : quelles perspectives à l’horizon 2021 ? », les mutations des pratiques alimentaires de la population active resteront le grand moteur du marché français de la livraison de repas en entreprise. En effet, désireux de consacrer moins de temps à leur pause-déjeuner tout en prenant des repas sains et équilibrés, les Français sont de plus en plus nombreux à recourir aux services de livraison à leur domicile comme au sein de leur entreprise. La concurrence, appelée à s’intensifier fortement, poussera les acteurs historiques des plateaux-repas et des buffets d’entreprise à limiter les revalorisations tarifaires pour préserver leur compétitivité. « Après une hausse de 5 % par an entre 2015 et 2018, le chiffre d’affaires des acteurs de la livraison de plateaux-repas et de buffet en entreprise (du type Room Saveurs) n’augmentera que de 3 % en moyenne annuelle d’ici 2021, selon notre scénario », explique Damien Nesme, auteur de l'étude.
Le potentiel de croissance pour les spécialistes de la livraison de repas de restaurant (comme par exemple Deliveroo) restera, lui, important dans la mesure où la livraison représentait moins de 5 % des commandes dans la RHF fin 2018. En outre, les efforts des plateformes pour accroître leur offre (création de nouveaux services, lancement de concepts de restauration virtuelle, etc.) permettront de stimuler la demande et de gagner des parts de marché sur les autres segments de la restauration. « Nos prévisions laissent donc présager une poursuite de la croissance à l’horizon 2021. La levée de fonds record opérée par Frichti en mai 2017 (30 M€) illustre l’appétit des investisseurs pour le segment des restaurants virtuels jugé très prometteur. Et c’est sans doute celui qui présente les plus belles promesses de croissance à court terme », souligne le chargé d’études.En termes de concurrence, les frontières s’estompent sous l’effet des stratégies de diversification des leaders du secteur. Les plateformes de livraison de repas de restaurant ont ainsi développé des solutions dédiées aux entreprises, à l’image de Deliveroo Business ou de Uber Eats, désormais également présentes en BtoB. A l’inverse, des acteurs historiques du BtoB s’efforcent de pénétrer le BtoC. C’est le cas de Sodexo (propriétaire du traiteur Lenôtre) qui repris le restaurant virtuel FoodChéri voilà un an. Plus globalement, les acteurs de la livraison sont menacés par les offensives de la distribution alimentaire en général, et des enseignes de proximité en particulier. « Après les investissements consentis dans le rayon snacking et plats à emporter, elles misent désormais sur des concepts de magasins permettant de prendre ses repas sur le lieu de vente (tables, chaises, fours à micro-ondes…). « Sans oublier que ces enseignes n’hésitent pas à proposer leurs produits de snacking à la livraison en misant sur les possibilités offertes par la montée en puissance des plateformes. L’exemple des expérimentations de Franprix avec Glovo ou Deliveroo est à cet égard éloquent. Il ne faut pas non plus exclure la menace d’acteurs étrangers, alors que l’impératif d’atteindre la rentabilité est toujours très prégnante pour les opérateurs tricolores qui peuvent faire l’objet d’acquisitions hostiles. En somme, la pause-déjeuner des Français fait saliver de nombreux opérateurs », poursuit Damien Nesme.
Jean Charles Schamberger
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