[Spécial RSE] Metro s’engage pour la rémunération des éleveurs

Olivier Bitoun
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7 personnes face caméra

En signant la convention Éleveur & Engagé, le distributeur fait un geste pour une rémunération plus juste des éleveurs bovins et s’assure un approvisionnement en viandes de meilleure qualité. 
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À l’heure où l’on reparle de prix planchers et de juste rémunération des agriculteurs, Metro France met un pied dans la porte. Sur le salon de l’Agriculture, le 26 février, le distributeur a signé une convention en ce sens avec la Fédération Nationale Bovine, une branche de la FNSEA, et le syndicat des Jeunes Agriculteurs. Y sont également associés des abattoirs et des organisations de producteurs Elvea. La convention est placée sous le sceau du label Éleveur & Engagé (voir encadré). Une garantie que le leader des cash&carry en France, avec ses 99 Halles, a eu le temps d’éprouver. «Nous avons démarré “Éleveur & Engagé” il y a trois ans avec le lait», rappelle Pascal Peltier, directeur général de Metro France. Du lait à la viande... «L’objectif de ce partenariat est de créer un cadre avec des prix négociés, afin d’assurer une rémunération plus juste et transparente aux éleveurs et de leur simplifier la vie sur le plan administratif», déclarait Cynthia Mérope, la directrice Offre et Marketing de Metro France le jour de la signature. La principale nouveauté de cet accord tient au mode de fixation des prix d’achat de la viande aux éleveurs. Ils sont désormais calculés à 80 % sur la base «d’indicateurs de coûts de production» - établis par l’Institut de l’Élevage et validés par Interbev - et à 20 % seulement sur les prix de marché, quand ils sont supérieurs aux indicateurs de coûts de production. «Cette démarche met en avant des indicateurs de coûts de production déjà mis en place et reconnus dans le cadre de la loi Egalim 2», se félicite Patrick Benezit, président de la FNB. Jusqu’à présent, les prix de la viande étaient fondés exclusivement sur les prix de marché, souvent trop bas, avec pour conséquence de la vente à perte pour les éleveurs. À titre d’illustration, à la FNB on mentionne que la viande bovine s’achète, actuellement, autour de 5 €/kg, quand les indicateurs de production s’établissent à 6,2 €/kg pour une bête de race à viande et 6€/kg pour un jeune bovin. «Cela représente un manque à gagner de 200 à 300€ par bête pour un éleveur», regrette-t-on à la FNB. Grâce à Éleveur & Engagé, les représentants du monde agricole se disent un peu rassurés. «Nous demandons de la visibilité dans la durée à travers la contractualisation. Cette démarche va dans le bon sens», souligne un représentant du syndicat des Jeunes Agriculteurs.

Des critères de qualité pour la viande 
Afin d’impliquer tous les acteurs de la filière viande, les abattoirs ont été invités à s’associer à la convention. Seuls deux acteurs (Puigrenier et Eva), mandatés par Metro France, ont répondu présents. « Les abatteurs ne sont pas toujours partants pour ces accords, car ils craignent de devenir de simples prestataires de services pour le distributeur», indique un observateur sur place le 26 février. La seconde difficulté tiendrait au statut de ces établissements pour la plupart à caractère municipal ; les abattoirs privés étant peu nombreux. Avec cet accord, Metro fait un geste en direction de ses clients restaurateurs. Pour Cynthia Mérope, c’est un moyen de « leur proposer une offre plus éthique ». C’est surtout un engagement à leur offrir des viandes de meilleure qualité. Dans le cadre du partenariat, des critères sont fixés afin de répondre aux attentes de la restauration : âge des bêtes (8 ans au maximum), état d’engraissement de l’animal et maturation de la viande (dix jours au minimum). À date, 15 Halles Metro (1) commercialisent des viandes portant l’étiquette Éleveur & Engagé ; 10 Halles supplémentaires en Ile-de-France le feront prochainement. L’objectif étant d’étendre l’offre labellisée à l’en- semble de l’Hexagone.

(1) Bourges, Caen, Cergy, Chartres, La Rochelle, Le Havre, Limonest, Lyon Ger- land, Moneteau, Nanterre, Nantes, Orléans, Paris 12e, Rouen, Vaulx-en-Velin.

Le label Éleveur & Engagé 
Créé par la Fédération Nationale Bovine (FNB), ce label garantit aux éleveurs une juste rémunération de leurs produits. En clair : le prix de vente des bêtes est principalement calculé sur la base de leur coût de production. En contrepartie, les éleveurs s’engagent sur la qualité de la viande. Elle doit provenir « d’un élevage herbager et à taille humaine » et la nourriture des bêtes doit, autant que possible, être produite sur l’exploitation. Le bien-être animal, les conditions d’abattage et le respect de l’environnement figurent également dans le cahier des charges. La Fédération Nationale Bovine se présente comme le représentant de 120 000 éleveurs de viande en France dont 35 000 éleveurs de viande de boucherie de race.

Metro propriétaire de semences 
Depuis un an et demi, le distributeur achète des semences de fruits et légumes aux grands semenciers pour en devenir le propriétaire exclusif. Il en possèderait déjà 4 ou 5 pour alimenter ses produits les plus courants (fraise, tomate, framboise, poireau...). Les semences sont fournies à des producteurs-maraîchers, sélectionnés par Metro, qui les mettent en culture. Pour Metro, l’objectif de ce dispositif qui remonte très haut en amont est d’« avoir au final des produits différents de ceux que l’on trouve en grande distribution et chez les autres distributeurs RHD », indique Pascal Peltier, son directeur général.

Olivier Bitoun
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