Le GNI mobilisé pour redonner de l’attractivité aux métiers des CHR
Après une première journée consacrée à la reconquête de l’indépendance économique et financière des entreprises, ainsi qu’à la reconquête des collaborateurs, puis une deuxième journée dédiée à la reconquête des clients et à celle des valeurs de la profession, c’est en accueillant Elisabeth Borne, ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion, que le Groupement national des indépendants Hôtellerie & Restauration (GNI), a clôturé son 6e congrès annuel, ce mardi 16 novembre.
L’occasion, pour le président Didier Chenet, de remercier à nouveau la ministre pour la prise en charge des salariés de la branche HCR au titre de l’activité partielle durant la crise et la prise en considération, à cette occasion, des spécificités de son activité (durée du travail, avantages en nature), et aussi la prise en charge d’une partie des congés payés des salariés acquis au titre de cette période d’activité partielle. Après avoir résumé les riches travaux du congrès, menés avec un souci de pragmatisme, Didier Chenet a évoqué l’impérative nécessité de l’attractivité des métiers. D’une part, à travers la digitalisation des établissements, laquelle doit être accélérée, notamment grâce aux dispositifs d'accompagnement qu’il juge insuffisants et méconnus : « le chèque numérique national de 500 € ne permet pas d’engager un processus de digitalisation. Quant aux multiples dispositifs régionaux, s’ils ont le mérite d’exister et de venir en complément, rares sont les professionnels qui les connaissent et qui y ont recours. Nous allons nous en occuper », a-t-il notamment déclaré. D’autre part, à travers les valeurs de ces métiers. S’il se montre favorable à la biodiversité, au respect du rythme des saisons, à une activité plus responsable et plus durable pour les hôtels, cafés, restaurants, TOR et discothèques, le GNI ne veut pas en revanche d’une écologie punitive « à l’image de la prochaine interdiction du chauffage des terrasses ».
Investir dans l’humain
Concernant les réflexions en cours de discussion avec les 4 autres organisations professionnelles, portant sur la grille de classifications et la grille de rémunérations, Didier Chenet espère aboutir à une signature d’ici à la fin du mois de décembre. Le GNI souhaite également porter des réflexions sur l’organisation du temps de travail afin de limiter ou compenser des sujets comme le travail en coupures ou les week-ends, sur la santé des collaborateurs ou sur l’épargne salariale. Mais ce travail sur l’attractivité ne relève pas, selon le président du GNI, du seul ressort des organisations professionnelles et de ses acteurs : « nous ferons notre part, mais nous avons aussi besoin, Madame la ministre, de travailler avec le gouvernement à l’amélioration du pouvoir d’achat des salariés du secteur. Une première mesure se profile avec la défiscalisation des pourboires mais chacun sait qu’elle ne suffira pas ». Également, si l’annonce du « chèque inflation » de 100 € pour les salariés gagnant moins de 2 000 € nets par mois est perçue comme une bonne mesure, Didier Chenet a alerté sur le coût de sa mise en œuvre pour les entreprises : « attention à ce que cela ne tourne pas au fiasco ! ». Enfin, le président du GNI invite le gouvernement à se pencher sur d’autres mesures comme la révision du régime des avantages en nature (logement, nourriture) qui sont assujettis aux charges sociales et fiscales… quand les titres-restaurants en sont exonérés ; ou encore comme l’instauration de chèques logement, transport, aide au foyer ou garde d’enfants, non chargés, qui permettraient aux entreprises de contribuer aux frais des salariés, et donc, à leur pouvoir d’achat. Autant de propositions visant à recruter plus de collaborateurs de qualité et à les fidéliser : « ce sont des mesures destinées à investir dans l’humain », souligne Didier Chenet.
Conditions de rémunération et de travail
« Dans un contexte de reprise économique, il est désormais temps de se tourner vers l’avenir. Nous devons soutenir le rebond de notre économie, renforcer l’attractivité de votre secteur et anticiper les mutations que la crise accélère. Pour répondre à ces enjeux , l’Etat a apporté un soutien massif aux entreprises en mettant en place des outils innovants d’accompagnement et de formation des salariés », a répondu Elisabeth Borne. La ministre a notamment rappelé qu’entre mars 2020 et août 2021, près de 155 000 entreprises du secteur ont été soutenues au titre de l’activité partielle pour un montant cumulé de 8 Md€. Par ailleurs, en 2020, le secteur HCR est celui qui a formé le plus de salariés : 72 000 ont bénéficié de formations pour près de 40 M€. En 2021, tandis que la convention signée avec Akto porte sur une enveloppe globale de 75 M€, pour la seule branche HCR, ce sont près de 24 M€ qui ont d’ores et déjà été engagés pour financer plus de 18 000 parcours de formation.
Elisabeth Borne a voulu également rappeler combien l’apprentissage était une réponse de qualité aux enjeux de recrutement du secteur, favorisant aussi la préparation à l’entrepreneuriat. « Pour soutenir cette voie d’excellence, nous avons décidé de maintenir les aides à l’apprentissage au même niveau qu’en 2020 -5 000 € pour un mineur, 8 000 € pour un majeur- jusqu’au 30 juin 2022 », a expliqué la ministre. Plus de 25 000 contrats ont été signés dans la branche en 2020, un chiffre qui sera dépassé en 2021 puisque plus de 30 000 contrats seraient en cours d’enregistrement.
Concernant l’enjeu de l’attractivité, et les difficultés de recrutement rencontrées par près de la moitié des entreprises du secteur, soit plus encore qu’avant la crise, la ministre n’a pas manqué de soulever des points sensibles. « Les enquêtes auprès des salariés et des demandeurs d’emplois sont claires : une partie du manque d’attractivité de vos métiers provient des conditions de rémunération et de travail. Le premier niveau de la grille est inférieur de 41 € par mois au Smic, et cet écart s’est évidemment accru au 1er octobre », a déclaré Elisabeth Borne devant les congressistes du GNI. La ministre s’est néanmoins dite convaincue que les organisations professionnelles parviendront, dans le cadre de la négociation au sein de la branche, à trouver des solutions permettant aux salariés du secteur de mieux concilier vie privée et vie professionnelle.
Jean-Charles Schamberger
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