[Top 100] Stéphane Layani : « L’unité, l’agilité, l’engagement et la solidarité ont été les valeurs maîtresses »

Jean Charles Schamberger
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Stéphane Layani. © Eloi de la Monneraye

Entretien avec Stéphane Layani, président du Marché International de Rungis. Réalisé le 5 juillet.

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Quel bilan dressez-vous après près de dix-huit mois de crise Covid-19 ?

Les dix-huit derniers mois qui viennent de s’écouler n’ont été semblables à aucune autre période connue. Le Marché de Rungis en ressort renforcé, tant ses acteurs ont su se mobiliser collectivement et sans interruption pour remplir notre mission d’intérêt général : assurer quoi qu’il advienne l’approvisionnement en produits frais de 18 millions de personnes. L’unité, l’agilité, l’engagement et la solidarité ont été les valeurs maîtresses du collectif rungissois qui, jour après jour, s’est réinventé, pour et avec ses collaborateurs, ses opérateurs, ses producteurs, ses acheteurs, ses transporteurs et ses logisticiens mais aussi, tout simplement, pour les Français.

Quels sont les chiffres de l’exercice écoulé ?

Le bilan de l’exercice 2020 est positif : le chiffre d’affaires du Marché de Rungis a crû de 2,8  %, dépassant les 10 Md€ ; bien que la fréquentation ait connu une baisse de 4 % due aux confinements successifs. La consommation des Français en produits frais n’a pas fléchi alors même que les canaux de distribution ont été perturbés (notamment avec la fermeture temporaire des marchés et des restaurants). La Semmaris a, par ailleurs, poursuivi ses investissements à hauteur de 64,8 M€, continuant la transformation du Marché en plaçant l’innovation au cœur de ses missions. Qu’elle porte sur les infrastructures ou les solutions offertes à ses opérateurs, producteurs et acheteurs, qu’elle soit portée par le Marché ou par les nombreuses start-up qu’il accueille et soutient, elle est toujours au service d’un développement harmonieux, respectueux de l’homme et de l’environnement.

Comment évolue la marketplace www.rungismarket.com ?

Depuis son lancement, il y a bientôt quatre ans, la marketplace www.rungismarket.com n’a cessé d’évoluer, tant dans son fond que dans sa forme. Le bilan de cette première phase d’exploitation est positif, les toutes dernières données chiffrées parlent d’elles-mêmes : près de 20 000 visites par mois, 7 000 comptes acheteurs créés, autant de références de produits disponibles sur la plateforme tous secteurs confondus et une trentaine de vendeurs. Pour autant, l’expérience des quatre dernières années montre que le plus impactant n’est pas la technologie mais le savoir-faire logistique et la pertinence commerciale, c’est pourquoi nous dévoilerons dans les prochains mois une nouvelle version.

Comment se déroule ce début de reprise en ce qui concerne les ventes à la restauration ?

La reprise de l’activité à destination de la restauration s’est faite graduellement, de la réouverture des terrasses le 19 mai à la réouverture complète des restaurants le 9 juin. Cette montée en puissance a permis aux opérateurs rungissois de s’adapter, comme toujours, et d’être prêts à reprendre un rythme équivalent à l’avant-Covid. Aujourd’hui, le Marché de Rungis a retrouvé son niveau de fréquentation acheteurs de 2019 et il reste une marge de progression puisque l’ensemble des restaurants n’ont pas rouvert leurs portes (notamment ceux ayant une grosse part de clientèle internationale).

Quels sont les défis que vous aurez à relever dans les douze mois qui viennent ?

La Semmaris, autorité gestionnaire du Marché de Rungis, travaille actuellement sur un projet de développement dans l’est du Val-d’Oise afin de pouvoir assurer l’approvisionnement en denrées alimentaires des Franciliens, dont la démographie ne cesse de croître. Ce projet visera à favoriser le développement de la production locale et des circuits courts et couvrira l’ensemble de la chaîne alimentaire, de la production agroécologique à la distribution des produits tout en passant par leur transformation. Nous travaillons donc à l’élaboration d’un rapport présentant ce projet baptisé Agoralim qui sera remis au Premier ministre en fin d’année, ce qui constitue indiscutablement l’un des défis des prochains mois. Les investissements se poursuivent, par ailleurs, à Rungis et nous continuerons à soutenir les entreprises rungissoises ayant été mises en difficulté par la crise sanitaire par le biais de notre fonds de solidarité, mis en place en 2020 et reconduit en 2O21. Ce dernier nous a permis de ne déplorer aucune cessation d’activité sur le Marché.

Exposerez-vous au Sirha qui se tiendra fin septembre ?

Nous serons bien sûr présents au Sirha pour accompagner non seulement les acteurs de la restauration dans la relance mais aussi pour soutenir le secteur événementiel qui a tant souffert de cette période dramatique. Je me réjouis que le Marché de Rungis puisse soutenir ces deux filières et envisager le monde d’après à leurs côtés !

Propos recueillis par Jean-Charles Schamberger

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La barre des 10 Md€ de chiffre d’affaires est franchie !

Business model hors normes (gros, demi-gros, détail, place de marché accueillant d’autres distributeurs mais aussi des acheteurs, des courtiers, des logisticiens, etc.), le Marché de Rungis est la brique du dispositif que nous classons hors catégorie (Cf. page 4). En 2020, si le nombre d’entrées a légèrement baissé (- 4,1 % pour la fréquentation des acheteurs, à 1 237 321), l’activité reste dynamique. Le marché a ainsi enregistré 5 307 créations de dossiers d’acheteurs (+ 19,1 %) et le chiffre d’affaires des entreprises du marché a atteint 10,002 Md€ (+ 2,8 %). Celui-ci se répartit en 4,299 Md€ pour les fruits & légumes, 1,685 Md€ pour les produits carnés, 1,598 Md€ pour les produits laitiers et la gastronomie, 1,332 Md€ pour les bureaux, entrepôts et services, 889 M€ pour les produits de la mer et d’eau douce, 199 M€ pour l’horticulture et la décoration.
En 2020, le programme d’investissement de la Semmaris, société gestionnaire du marché de Rungis, s’élevait à 64,8 M€ (-15,3%).

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Stéphane Layani. © Eloi de la Monneraye
Jean Charles Schamberger
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