[Top 100] Agromousquetaires Professionnels, fabricant à façon
Arnaud Allain, responsable stratégie et développement d’Agromousquetaires Professionnels, et Maurine Garioud, responsable du commerce transverse, expliquent comment un industriel peut adapter son offre aux besoins de sa clientèle RHD.
Entretien réalisé le 21 juin - Zepros Distributeurs RHD 15
LE POINT DE VUE DU FOURNISSEUR
Que retenez-vous de l’année écoulée ?
Arnaud Allain : Les deux dernières années ont été très compliquées dans les différents secteurs d’activité. Nous avons malgré tout décidé de lancer notre marque Agromousquetaires Professionnels lors du Sirha 2021 pour rassembler l’expertise de nos 58 usines sous la même identité. Agromousquetaires Professionnels s’adresse à une clientèle RHD, Export, BtoC et BtoB. Nous nous adaptons aux besoins de nos différents clients historiques comme Metro, Pomona, Transgourmet, Buffalo Grill… et nous allons aussi en chercher de nouveaux.
Le Sirha a été l’occasion de nous donner de la visibilité et de nous faire connaître auprès d’opérateurs qui n’avaient pas toujours conscience de ce que nous pouvions proposer. Certains nous connaissent au travers d’une unité de production particulière, mais pas dans notre globalité ni notre diversité : depuis les produits carnés aux productions végétales, en passant par les filières laitière et vin.
Nous avons bien compris que c’est en apportant des produits différenciants que nous pourrions répondre aux besoins des enseignes. À titre d’exemple, nous avons récupéré un contrat historique avec Air France, car nous avons su nous adapter aux spécificités de son cahier des charges avec nos biscuits Filet Bleu.
Maurine Garioud : Il y avait aussi une réelle volonté de rassembler l’expertise de nos 22 navires, puisque, pour certains produits, nous intervenons à tous les niveaux de la chaîne de valeur. L’objectif de l’année passée était de structurer toute cette offre à travers une communication claire à destination de nos clients RHD.
Quelle est la part du chiffre d’affaires réalisée en RHD ?
A. A. : Le chiffre d’affaires Agromousquetaires est de 4,2 Md€. Une grande partie est réalisée à l’enseigne Intermarché et Netto, une petite partie en non-alimentaire et bricolage. Agromousquetaires Professionnels représente 868 M€, dont 84 M€ en RHD.
Face à la hausse des entrants comment réagissez-vous ?
A. A. : Nous subissons la hausse des prix comme tous les industriels. C’est un sujet que nous tentons de mener de front avec nos partenaires et clients. Le marché français est inflationniste à hauteur de 5 % environ depuis le début de l’année. Nous essayons d’être le plus raisonnables possible et de ne passer des hausses de tarifs que lorsque c’est nécessaire. Bien sûr, il y a des négociations de tarifs mais nous sommes plutôt satisfaits : à date, nous n’avons pas perdu de clients !
M. G. : Nous accompagnons nos clients dans une logique de partenariat à long terme. Nous sommes acteurs de cette chaîne de valeur et nous prenons notre part dans les hausses des coûts de l’énergie et des matières premières. Nous mettons en place des plans d’action dans nos unités de production pour maîtriser au mieux nos coûts de revient et nos prix de vente afin de rester dans une logique de compétitivité et assurer le développement du business de nos clients.
Avez-vous eu des ruptures dans vos approvisionnements ?
A. A. : Compte tenu de certaines problématiques d’approvisionnements, comme sur la moutarde ou l’huile de tournesol, il a fallu faire évoluer nos recettes. Mais tout cela en accord avec nos clients. Globalement, le marché des condiments est compliqué, et dans le Sud-Ouest il n’y a plus de magret de canard…
M. G. : Ce qui séduit aujourd’hui nos clients, c’est que nous sommes capables de nous positionner en tant que fabricant à façon. Ceux qui nous connaissent et avec lesquels nous avons bâti des partenariats sur le long terme savent que, chez nous, ils peuvent trouver des produits sûrs, sains, élaborés localement, répondant à des cahiers des charges spécifiques et à des prix compétitifs. Aujourd’hui, les attentes de nos clients sont la sécurité alimentaire, Egalim, le bio, la HVE… autant de logiques de fabrication dans lesquelles nous nous inscrivons.
Comment faites-vous face aux tensions en matière de ressources humaines ?
A. A. : Agromousquetaires compte 11 000 collaborateurs et nous y sommes confrontés dans toutes nos lignes. Nous avons lancé une initiative particulière en Bretagne en nous servant de nos points de vente pour recruter, au moyen d’un job truck sur les parkings des hypers et supers lors d’une tournée qui a duré une quinzaine de jours. Nous avions environ 300 postes à pourvoir, 100 candidatures ont été identifiées, tous métiers confondus, et sont en cours d’analyse.
Quels sont vos développements en cours ?
A. A. : Nous venons de retravailler notre gamme SVA bœuf pour Buffalo Grill, avec des morceaux correspondant davantage aux tendances de consommation actuelle.
M. G. : L’objectif, cette année, est de déployer des marques commerciales par catégorie. Récemment, nous avons lancé la marque 2 Capitaines que nous avons présentée au dernier salon Seafood de Barcelone, et cette initiative va être dupliquée pour toutes nos gammes de produits.
Comment envisagez-vous la fin de l’année ?
A. A. : Les tensions sur les prix ne vont pas se calmer. Dans quelle proportion ? Nous ne le savons pas précisément, mais cela va être compliqué. Nous resterons tendus sur certains marchés, en raison notamment de problématiques de main d’œuvre. Attirer du personnel dans nos usines est l’un des enjeux de demain. C’est pourquoi Agromousquetaires Professionnels souhaite offrir une image résolument moderne.
M. G. : Nous avons des équipes qui sont au plus près du sourcing. Et à l’heure du débat sur la souveraineté alimentaire, c’est aussi l’un de nos points forts, permettant de sécuriser les volumes de nos clients distributeurs.