Jean-Charles Schamberger

[Top 100] « Maintenir un bon équilibre entre le digital et l’humain »

Loïc Latour
Président-directeur général
France Boissons
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LOIC LATOUR_ CR Vincent Bourdon

La parole aux distributeurs - Zepros Distributeurs RHD 15 - Entretien réalisé le 17 juin.

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Quel est votre bilan de l’exercice écoulé ?
Loïc Latour

Nous avons enregistré un chiffre d’affaires inférieur à 600 M€ en 2021, contre 965 M€ en 2019, soit une baisse de près de 40 %. En 2021, notre clientèle a été très préservée grâce aux aides de l’État, au fonds de solidarité, aux PGE… De ce fait, nous avons nous-mêmes été préservés.
Nous avons constaté une reprise d’activité importante entre octobre et décembre 2021, et puis il y a eu un petit coup d’arrêt avec la mise en place du pass sanitaire. De fait, le début d’année (janvier-février) 2022 a été marqué par des reculs de 15 à 20 % selon les régions. Sur le début du deuxième trimestre 2022, l’activité est très bonne. Elle s’explique à la fois par la météo, l’envie des Français de consommer et de se faire plaisir, la reprise de l’évènementiel et le retour des touristes, notamment à Paris. Cette année, France Boissons a d’ailleurs instauré un joli rendez-vous annuel avec la Journée des terrasses, le 3e mercredi du mois de mai. 
Quand l’activité reprend, il faut savoir faire face : être au contact des clients, les accompagner, leur présenter la bonne offre ainsi que la possibilité de passer commande 24 h/7 j sur MyFranceBoissons.fr. Nous réalisons 45  % de notre chiffre d’affaires via des commandes en ligne. C’est une offre de service qu’un distributeur moderne doit proposer. Nous cherchons toutefois à maintenir un bon équilibre entre le digital et l’humain, à faire en sorte que, lorsque les commerciaux visitent nos clients, il y ait de la valeur ajoutée et pas seulement de la prise de commandes.
 

Comment se développe votre marketplace intégrée à MyFranceBoissons.fr ?
Loïc Latour

Le client entre par MyFranceBoissons.fr puis il choisit la catégorie de produits qui l’intéresse. 95 % des offres sont stockées et livrées par France Boissons. Et puis, il y a des offres complémentaires présentées par une centaine de vendeurs tiers qui proposent leurs propres produits et assurent les livraisons de commandes. Le client a ainsi accès à une grande diversité. Tandis que nous disposons de plus de 6000  références nationalement à partir de nos entrepôts, grâce à la marketplace, nous en ajoutons près de 7 000. Il s’agit de produits alimentaires, du snacking, bientôt du matériel de service, et surtout, nous avons mis l’accent sur les vins et les spiritueux premium, les boissons bio et locales. 
Nous enregistrons près de 1  000  clients qui ont commandé sur la marketplace depuis le lancement en septembre 2021. C’est un outil formidable qui nous permet à la fois de densifier notre offre et d’accompagner des petits acteurs sur le marché. Mais nous ne sommes encore qu’au début de l’histoire ! La commande moyenne sur MyFranceBoissons.fr tourne autour de 900 €, sachant que nous livrons nos clients une à trois fois par semaine.

Comment se sont globalement comportées les différentes catégories en 2021 ?
Loïc Latour

La bière s’est bien tenue sur les périodes d’ouverture. La consommation plaisir et événementielle a, quant à elle, tiré les catégories spiritueux et softs. Le vin, plus axé sur une consommation de partage, a un peu souffert face au retour des cocktails. 
Les clients recherchent de plus en plus des choses valorisées différemment. Le phénomène craft dans la bière arrive désormais dans les spiritueux. Les produits bio, les produits qualitatifs comme le jus Charles Papillon, enregistrent une bonne demande.
 

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FRANCE BOISSONS Strasbourg
Quelle inflation enregistrez-vous sur les entrants et comment réagissez-vous ?
Loïc Latour

À fin février, nous avons eu une inflation moyenne de 3 à 3,5 % selon les catégories, que nous avons répercutée. Le phénomène récent, c’est qu’avec l’impact de la guerre en Ukraine, les fournisseurs reviennent avec de nouvelles propositions de hausses - certaines à deux chiffres. Les discussions redémarrent au cas par cas et ce n’est donc pas abouti. À cela s’ajoute le phénomène des ruptures de références. Nous n’en avons jamais subi autant : plus de 300, contre 50 à 60 habituellement.
Nous jouons notre rôle de distributeur et nous alertons beaucoup les industriels sur le fait qu’il faut préserver les clients et l’activité. La première action consiste à négocier ces hausses afin de contrôler les coûts. Il faut essayer de les minorer, mais nous avons peu de marge. Ensuite, il faut accompagner les clients dans des changements de gammes. On peut aussi injecter de l’innovation et de la valeur ajoutée. Les restaurateurs savent très bien faire cela. 
 

Autre tension, celle sur les ressources humaines. Quels sont vos besoins ?
Loïc Latour

Sur 71 sites nous en avons 10 en tension. Moins à Paris que dans l’ouest de la France. Il s’agit surtout des postes de chauffeurs-livreurs et de préparateurs de commande. Aujourd’hui, nous devons avoir plus d’une centaine de postes en CDI à pourvoir, moitié encadrants et moitié chauffeurs-livreurs et préparateurs. Nous avons organisé une tournée de camion recruteur, «  job truck » lors de 5 dates dans l’est de la France en mars dernier. Cela a permis de collecter 200 CV, rencontrer 70 candidats et procéder à une dizaine de recrutements. 
Ajoutons que les entreprises qui s’en sortent le mieux sont celles qui veillent à l’environnement de travail, à la pénibilité et à la sécurité de leurs salariés. Et il se trouve que nous mettons beaucoup l’accent sur tous ces sujets.
n Quels sont les dossiers qui vous occupent actuellement ?
Il faut anticiper le futur, ses transformations et ses contraintes. Nous avons de plus en plus de discussions avec les administrations locales sur la logistique urbaine. Nous poursuivons nos efforts sur les camions électriques  : une dizaine de petits porteurs sont en service et nous allons bientôt tester notre premier 16  tonnes électrique Renault en Ile-de-France. Nous avons aussi 3 sites - Nice, Montpellier, Marseille - qui utilisent un bio carburant élaboré à base d'huiles de cuisson usagées et recyclées, lequel fait baisser l'empreinte carbone de 70 %. 
Nous avons également créé, il y a quelques jours, un centre national de réparation de notre matériel de tirage pression à Bonneuil. Nous faisons partie du programme EVE. Nous travaillons avec la FNB sur un nouveau label RSE avec davantage d’exigences. Et, pour début 2024, nous avons un très gros projet d’installation de panneaux solaires sur l’une de nos plateformes, afin d’assurer 20 à 25  % de notre consommation d’électricité. 
 

Que devient Service en Tête ?
Loïc Latour

L’association a été dissoute au début de l’année 2022, mais nous avons conservé toute son offre de services : les visites mystères, la construction des menus, les formations élaborées avec l’Umih, etc. Tous ces services sont accessibles sur le site MyFranceBoissons et sont proposés par l’ensemble des équipes commerciales France Boissons, et plus que par les 9 conseillers Service en Tête. 

Jean-Charles Schamberger
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