[Top 100] Un marché plus gros et plus concentré
Croissance et taille en valeur inédites, consolidation, stabilisation des résultats… : telles sont les grandes lignes du constat que dresse la dernière Revue Distribution de Food Service Vision.
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DÉCRYPTAGE
Revue de 26 acteurs, groupements ou sociétés leaders de la distribution foodservice nationale, pesant environ deux tiers du marché estimé, La Revue Distribution de Food Service Vision est parue à la fin du printemps. Pour la cinquième édition consécutive. « C’est vraiment une plongée en profondeur dans le décryptage des stratégies des principaux leaders », explique François Blouin, président du cabinet d’intelligence économique en restauration Food Service Vision. Premier point marquant : 2023 traduit un record en termes d’activité puisque ces 26 acteurs ont réalisé 22,9 Md€ de chiffre d’affaires consolidé (produits alimentaires et boissons), soit une progression de 10,5 % par rapport à 2022. Cela représente également une croissance nette de 4,1 Md€ par rapport à 2019, dernier référentiel avant la crise du Covid. « Il est intéressant de noter que le top 5 des distributeurs a consolidé ses positions, passant de 57,2 % en 2019 à 59,6 % en 2023. Le marché est donc un peu plus concentré qu’il y a quatre ans », explique François Blouin. Le groupe Metro + Pro à Pro reste leader, suivi par Pomona, Transgourmet C10 et Sysco. Le marché de la distribution foodservice reste malgré tout très fragmenté avec 17 acteurs pesant entre 0,5 et 6,3 % de part de marché. « Un marché qui n’est pas encore consolidé, comparé à la grande distribution », souligne François Blouin. Le modèle cash & carry dans son ensemble s’est très légèrement érodé par rapport à 2019 (- 0,2 point). Il s’est stabilisé à nouveau après avoir gagné des points pendant la crise Covid. Enfin, après des années de grandes transformations et de grandes manœuvres (rachat de Pro à Pro par Metro, fusion Brake-Davigel, les rachats de Relais d’Or et de DGF par Pomona) le marché est globalement dans une phase de digestion ou d’intégration. « Les distributeurs sont plus en consolidation et se concentrent sur la croissance organique », pointe François Blouin.
Une adaptation aux différentes attentes
En termes d’offre produits, Food Service Vision constate une « envie de rationaliser l’offre » et, en réalité, une offre moyenne qui augmente pour chacun des distributeurs : celle-ci est passée de 9 400 références en moyenne à 9 900 références en quatre ans. « Il y a une rationalisation objective du fond de rayon et il y a une grosse diversification, liée notamment à tout ce qui est développement des produits locaux, des produits régionaux, des produits labellisés », explique François Blouin. La part des produits Origine France dans les offres promotionnelles des distributeurs est ainsi passée de 35 % à 38 % entre 2019 et 2023. Autres exemples : le poids des offres spécifiquement veggie a augmenté de 52 % sur les deux dernières années, et l’émergence d’un signal faible sur le halal avec une part en hausse de 28 % entre 2021 et 2023. A contrario, la supply chain, sortant d’une période extrêmement perturbée par quatre ans de crise avec des ruptures et des tensions sur les appro inédites, des tensions sur les coûts énergétiques également, s’est sans doute davantage reconcentrée sur les basiques et les fondamentaux du métier que sur l’innovation. « Sysco, de nouveau en ordre de marche, renoue avec son ADN historique d’innovation issue de Davigel-Brake et devrait revenir dans cette direction », estime François Blouin. La tension sur la main-d’œuvre que connaissent tous les secteurs de la restauration contribue au renforcement d’une demande de produits services intermédiaires à assembler laissant néanmoins le cuisinier apporter sa touche. À noter que la demande de la restauration collective se déplaçant vers davantage d’offre snacking et davantage d’offres multimoments se répercute dans les propositions des distributeurs. Une démarche dans laquelle s’inscrit la restauration d’entreprise mais pas seulement : les selfs hospitaliers, les lycées, les universités aussi, soit une part importante de la restauration collective.
Une vraie révolution du numérique
L’activité des distributeurs a bien sûr été fortement impactée par l’inflation : en quatre ans, les tarifs généraux pratiqués révèlent une hausse de 30 % en moyenne. « 34 % pour l’épicerie, 31 % en surgelés, 29 % en frais. Avec une accélération très nette sur 2022, un peu moins sur 2023 », résume François Blouin. En matière de stratégie RSE, La Revue Distribution pointe la manière dont les distributeurs adaptent aujourd’hui leurs modèles alimentaires, leurs logistiques bas carbone, les formations du personnel, la vigilance sur la sécurité au travail, ou encore, en ce qui concerne les distributeurs de boissons, l’accélération du retour à la consigne. Enfin, la digitalisation n’est pas absente des réflexions stratégiques des distributeurs. « On assiste à une vraie révolution du numérique. Dans cette phase de consolidation, les distributeurs se préparent pour l’avenir et ils se prémunissent de services digitaux à destination de leurs clients restaurateurs pour faciliter tout ce qui est outil de prise et gestion de commandes, suivi des livraisons, d’optimisation de la circularité des produits, la gestion des déchets, l’optimisation de la rentabilité », explique Aldric Charles de Geuser, channel manager chez Food Service Vision. Et ce, qu’il s’agisse de l’achat de services digitaux externalisés ou bien de services développés en interne. En 2023, 70 % des distributeurs proposent une plateforme e-commerce permettant aux restaurateurs de passer leur commande en ligne 24 h/24, 7 j/7, contre 52 % en 2021.
Liste des 26 distributeurs étudiés par Food Service Vision
Metro, Promocash, Transgourmet, Sysco, France Frais, Pro à Pro, PassionFroid, EpiSaveurs, Relais d’Or, Réseau Krill, Gedal, DS Distribution, Carigel, Gral, Supergroup, C10, Distriboissons, France Boissons, Aryzta Food Solutions, Back Europ, Délice & Création, Disgroup, UNL, Creno, TerreAzur, Vivalya.