[Top 100] « Notre politique RSE est portée par cinq convictions »

Comment s’est déroulée l’année 2022 pour Creno et quels en ont été les faits marquants ?

Pierric Bouleau : Elle s’est globalement plutôt bien déroulée. Nous avons pu mener l’ensemble des projets à court, moyen et long termes, et ce, malgré un environnement économique marqué par l’inflation et son impact sur les prix de produits frais : les produits de la mer ont été marqués par des évolutions de près de 40  % de leur prix.
Au-delà de ce contexte, je reste tout d’abord surpris par l’agilité de nos PME sur ces trois dernières années, et de leur capacité à s’adapter à leur environnement. Celui-ci est confronté en particulier à des arbitrages de consommation face à la crise du pouvoir d’achat (nous enregistrons ainsi - 4 % à - 5 % en fruits et légumes), et à des crises climatiques qui impactent l’amont de notre métier sur de nombreux bassins de production français et européen (des sécheresses fortes ou des catastrophes pluviométriques impactant la qualité et la quantité de produits disponibles). Tout cela a donné de la volatilité à l’offre et aux prix. C’est toujours prégnant sur 2023. Mais la protéine végétale reste encore la moins chère, les fruits et légumes devant tirer leur épingle du jeu en termes de consommation. Par ailleurs, sur 2022, nous avons pu mettre en œuvre notre plan stratégique à moyen terme « Cap 2025 ».

Franck Andrieux : Nous avons revu l’ensemble de la charte de partenariat de Jardin d’Ici sur 5  critères suivis, mesurés, et benchmarkés afin de pouvoir la présenter au réseau et faire monter le niveau de nos affiliés. Pour cela, nous avons revu la base afin de déterminer les producteurs avec lesquels nous voulons avoir une vraie relation de partenariat et être dans une véritable proximité. De notre côté, nous bâtissons une démarche d’accompagnement. Nos clients adorent cette approche. Autres temps forts de l’année : la 6e édition de la Semaine locale au niveau du réseau, et la poursuite des Instants locaux, sortes de portes ouvertes durant lesquelles nous essayons de reconstituer des marchés locaux de producteurs de juin à septembre.

Comment s’est comporté le marché de la restauration collective ?

F.A. : Il est clair que le marché est compliqué. L’inflation perturbe la donne de façon durable et rien ne dit que l’on reviendra à ce que l’on faisait avant. L’année 2022 a néanmoins été bonne chez nous avec des renouvellements de nombreux contrats et de beaux succès dans les marchés publics nationaux. Il faudra bien sûr confirmer ces succès en 2023.

Quel a été le chiffre d’affaires du réseau ?

P.B. : Le périmètre chiffre d’affaires du réseau est de 650 M€ poussé par la hausse du prix moyen de vente et l’évolution des entreprises du réseau.

Avez-vous développé de nouvelles filières amont ?

P.B. : La démarche de producteur-distributeur est un axe fort de notre développement. L’évolution de notre métier fait que plusieurs de nos affiliés sont déjà engagés dans des démarches d’intégration de l’amont dans nos organisations, tout comme nos propres bureaux d’achats. Nous avons développé récemment des filières, avec des partenaires au Maroc en particulier, au travers d’actions de proximité, et, d’une manière générale, nous renforçons chacune de nos filières. Une grande réflexion est par ailleurs engagée sur les filières durables de nos activités.

Comment avance la démarche de labellisation RSE envisagée pour l’horizon 2025 ?

P.B. : Nous avons travaillé avec nos affiliés sur cette politique voulue par le groupe et nous avons fait intervenir des responsables RSE extérieurs afin de réfléchir collectivement aux projets vers lesquels nous pouvions engager le réseau. Cette politique RSE est portée par 5 convictions. 1-Le partage de valeurs communes sur des engagements clairs en termes d’information et de communication du projet qui est porté. 2-Les femmes et les hommes sont les ressources essentielles de notre organisation. 3-L’implication et l’animation dans le développement des territoires. 4-La défense d’une alimentation saine au travers de filières durables. 5-La réduction de notre empreinte environnementale. Ces 5 convictions se traduisent par 17 engagements et 73  actions. Cela passe par une gouvernance et par une totale transparence en termes de communication.
Nous visons une labellisation à l’horizon 2025 et nous aurons l’occasion de témoigner des exemples concrets du déploiement de cette démarche dans les prochains mois.

Quels partenariats spécifiques avez-vous développés autour de la livraison du dernier kilomètre ?

P.B. : C’est un sujet qui touche toute la profession et qui pose de nombreuses questions sur l’utilisation de véhicule plus propre. Les contraintes d’autonomie et de coût d’acquisition font peser de véritable frein à court terme sur une telle dynamique et il nous faut également explorer d’autres pistes telles que des partenariats locaux plus pertinents tout de suite. 

F.A. : Par exemple, Normandie Fruits est en partenariat avec la ville de Caen pour des livraisons en centre-ville, soit en vélo-cargo, soit en petits véhicules roulant au biogaz. À Lyon, nous discutons avec une association qui pilote un projet d’accès au centre-ville pour livrer en cyclologistiques. Ensuite, nous recensons toutes les initiatives qui peuvent exister chez nos affiliés et chez nos partenaires pour répondre à ces enjeux de demain.
 

La communauté Creno fête ses 50 ans en 2023. Quel bilan ? Quelles nouvelles orientations ?

P.B. : Le constat que nous faisons avec France Ame, président de Creno, c’est tout d’abord la véritable richesse humaine qui existe dans toutes ces PME locales et qui anime plusieurs générations successives. Ensuite, c’est la constance d’un modèle économique d’entreprises indépendantes adossées à une centrale, lequel n’a pas été remis en cause en cinquante ans. S’ajoute à cela une capacité à nous adapter, à nous réinventer, à répondre aux enjeux du moment pour trouver des solutions qui nous sont demandées. Dans le nouvel état d’esprit qui anime le groupe aujourd’hui, ce partage entre les uns et les autres, en totale liberté, est vraiment intéressant.
Ce modèle, créé en 1973 sur un certain nombre de valeurs, va bien et reste pertinent en 2023. Il correspond bien à ce besoin du local exprimé par nombre d’acteurs aujourd’hui. La nouvelle signature de nos campagnes de communication « Unissons tous les possibles », qui accompagne notre plan stratégique «  Cap 2025 » matérialise tous les projets que nous construisons pour anticiper, proposer, innover sur les métiers du groupe et son environnement.

F.A. : Étant au milieu de la filière, nous sommes le trait d’union entre la production et le client. Cela nous donne une responsabilité dans la filière, celle de concilier l’amont et l’aval, nos producteurs et nos clients. Pour cela nous devons changer de logiciel et prendre de la hauteur pour adopter une posture plus visionnaire. Unissons tous les possibles c’est concilier l’inconciliable : bien rémunérer les producteurs, permettre à une SRC d’acheter le moins cher possible, aller livrer des clients en centres-villes à l’heure où ceux-ci se referment sur eux. Nous restons humbles et nous ne répondrons pas à tout, mais, en réfléchissant avec le marché et en sortant de notre cadre, sans œillères, nous avancerons.

P. B. : Nous avons structuré notre plan d’action Cap 2025 avec trois axes spécifiques. 1-Une ambition clients. Nous revisitons ici tous nos leviers opérationnels dans l’animation et l’accompagnement des entreprises du réseau : commerce, achats, qualité, RH et communication au travers de l’efficience opérationnelle et de l’efficacité. 2-Une ambition équipe, portée par les 1 500 collaborateurs. Il s’agit ici d’aller explorer et conquérir de nouveaux territoires, la RSE étant une priorité et le digital une autre. 3-Une ambition réseau à travers un travail sur la gouvernance, l’animation, l’actionnariat, la veille, avec un nouvel état d’esprit attendu. Autant de projets qui structurent et animent la vie de notre réseau.