Chloé Labiche

[TOP INDEPENDANTS 2022] Diabolo Poivre : « La communication doit être au centre de notre stratégie»

Gilles Egloff
co-fondateur
Groupe Diabolo Poivre
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Gilles Egloff

[N°5 GRAND EST] Dynamique et innovant, Diabolo Poivre détient une dizaine de restaurants à Strasbourg et une adresse, Bouillon Baratte, à Lyon. Le groupe qui s’apprête à ouvrir un grand établissement dans un bâtiment historique au printemps a mis le cap sur la communication pour séduire les clients mais surtout ses équipes. Les ressources humaines sont au cœur de la stratégie de Diabolo Poivre comme nous l’explique Gilles Egloff, un de ses fondateurs.

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Comment se porte le groupe ?
Gilles Egloff

Nous avons une reprise forte, comme l’ensemble du secteur. En particulier depuis début 2022 avec le retour du tourisme européen à Strasbourg et grâce à la météo très clémente que nous avons connue au printemps. Notre activité est très météo sensible, nous avons des terrasses dans la plupart de nos établissements. Nous avons fait une très belle année qui a été un peu compliquée du fait des difficultés de recrutement. Cela va mieux cependant, nous sentons que cela s’améliore.

Le recrutement et les ressources humaines sont un sujet que vous avez pris à bras-le-corps ?
Gilles Egloff

Même si nous avions déjà entamé un vrai travail sur le sujet, nous avons été victimes de ce désamour global de la restauration. Nous ne pouvons pas faire tomber toutes les contraintes liées au métier, mais à nous de le rendre plus attractif. Cela passe notamment par une mise en avant. Cette crise nous a fait réaliser que notre groupe offrait des conditions de travail sympas, des salaires intéressants, avait une philosophie d’entreprise allant dans le bon sens mais que nous ne le faisions pas savoir. Nous avons donc revu entièrement notre identité visuelle, refondu notre site internet pour mieux partager nos valeurs mais aussi les avantages et le plaisir que procure notre métier. Cette démarche est également passée par l’embauche d’un responsable de la communication qui a effectué un important travail sur les outils de recrutement. Je rappelle : notre métier est d’être restaurateur à la base. Nous avons dû apprendre tout le reste, un peu malgré nous. Nous avons réalisé avec cette crise que la communication devait maintenant être au centre de notre stratégie. Et pas seulement pour nos clients, c’est vraiment le recrutement qui a accéléré les choses.
 

La formation est aussi un enjeu crucial pour le groupe ?
Gilles Egloff

Nous nous sommes aperçus que nous avions, à contrecœur, délaissé toute la partie accueil des nouveaux collaborateurs, formation... Tout simplement car, à la réouverture des restaurants, nous avons été confrontés à un afflux de clients et à une pénurie de personnel. Nous, qui prêtions toujours beaucoup d’attention à l’intégration des nouveaux, n’avions plus le temps de le faire. Et pourtant, c’est décisif : quelqu’un qui est mal accueilli ne va pas forcément prendre de plaisir. Nous avons réactivé cela, mais c’est compliqué car nous commençons tout juste à pouvoir recruter plus sereinement.

Qu’est-ce qui a permis, ou qui va permettre, d’inverser la tendance en termes d’attractivité du métier ?
Gilles Egloff

Avec un discours moins anxiogène, cela va mieux. À force de répéter que l’on ne trouve pas, cela n’envoie pas le bon message à nos équipes en place et aux futures. Ceux qui ont le plus souffert de cela ce sont nos employés historiques qui ont travaillé en sous-effectif, avec de nouveaux collaborateurs pas forcément formés. Heureusement, ils ont été là. J’ai aussi beaucoup de salariés qui sont revenus, auxquels la restauration manquait. C’est vrai qu’il y a des contraintes mais cela reste un très beau métier. Cette crise a eu une autre vertu nous obliger à aller séduire des gens qui ne sont pas du tout du métier. À nous d’aller les chercher et de les former. C’est très intéressant d’avoir des profils différents, cette mixité dans les équipes c’est très bien.

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The Drunky Stork Social Club
Quelle place tient le digital dans cette stratégie RH offensive ?
Gilles Egloff

Nous utilisons les réseaux sociaux pour recruter, c’est un des meilleurs biais pour cela. Cela nous permet de véhiculer une image, les gens nous suivent, voient notre dynamisme. Nous travaillons aussi depuis peu avec un système de récupération et de gestion des CV. Cela nous offre la possibilité de créer une annonce, de l’envoyer sur l’ensemble des sites de recrutement allant de Pôle Emploi à Linkedin en passant par la presse. Nous sommes passés depuis quelques mois sur un nouvel outil très performant, RH Solutions, qui nous permet de gérer toutes les étapes : de la collecte des données lors de l’entretien d’embauche jusqu’à la création du contrat, les fiches de paie, les arrêts maladie, les demandes de congés, les absences, tout cela via une plateforme à laquelle le salarié peut se connecter et nous envoyer toutes les données. Les RH sont un gros morceau de notre métier, quand on a 250 personnes c’est 3 ou 4 personnes qui travaillent dessus à plein temps. Nous sommes de plus en plus digitalisés, de nombreux outils nous permettent de nous faciliter la vie en termes de gestion de stocks, du suivi du prix des matières premières qui changent constamment en ce moment, nous avons un système qui analyse les factures et met à jour les prix afin de gérer les achats au plus près.

Justement, comment faites-vous face à la hausse des prix ?
Gilles Egloff

Cela passe par une attention particulière portée aux achats. Avec une négociation avec nos fournisseurs, une adaptation de nos cartes, la suppression de certains produits devenus trop chers, de petites augmentations de prix que nous partageons avec nos clients. Nous revoyons toutes nos fiches techniques. Nous avons toujours eu un très bon suivi à ce niveau : chaque plat a une fiche technique bien précise, on décide en fonction de l’augmentation de certaines matières premières de revoir les tarifs. Et nos cartes changeront beaucoup plus rapidement qu’avant.

Quels sont vos leviers de croissance ?
Gilles Egloff

Continuer à faire de la qualité, à être constant et trouver des collaborateurs. Mais le levier de croissance majeur reste la qualité. C’est vraiment ça qui fait la différence. Si en 2022 nous avons rattrapé notre année de référence, 2023 sera plus compliquée. Je pense qu’il faut également s’habituer à ne jamais retrouver la « normalité » d’avant. On se prépare aussi à ça. Les affaires vont bien, nous avons surtout envie de renouer avec une certaine sérénité dans notre façon de travailler. C’est vraiment ce vers quoi nous tendons.
 

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L'Hôtel des Postes à Strasbourg

L’Hôtel des Postes à la sauce Diabolo Poivre

Après le Drunky Stork Social Club lancé en 2020, Diabolo Poivre prépare un nouveau lieu atypique et expérientiel. Une brasserie qui ouvrira en mars dans une des ailes de l’historique bâtiment de L’Hôtel des Postes, avenue de la Marseillaise, à Strasbourg. Abritée dans l’ancien centre de tri postal de ce bâtiment de style néogothique construit entre 1896 et 1899, cette nouvelle adresse s’inspirera aussi de ce passé. Elle s’ouvrira sur un plateau d’environ 800 m2 dont près de 500 seront dédiés à la clientèle avec une capacité de 210 couverts. La carte déclinera le répertoire de la brasserie avec une belle place faite aux fruits de mer, il y aura un vaste bar central destiné à l’envoi et au service des boissons, une très grande cuisine ouverte sur la salle et un bar à pâtisseries. Investissement de ce nouveau projet qui sera ouvert en continu : près de 4 M€.

Chloé Labiche
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