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[TOP INDEPENDANTS 2023] Carton ou plastique réemployable pour remplacer le polystyrène ?

Olivier Bitoun
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caisse carton du distributeur J'Océane

Les caisses en polystyrène expansé destinées au transport des produits de la mer sont un sujet de préoccupation pour les distributeurs et leurs clients. La situation semble évoluer, mais lentement. Retrouvez l'intégralité du dernier numéro de Zepros Distributeurs RHD et son Top Indépendants 2023 ici.

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Fin des «caisses marée» en polystyrène chez J’Océane (13 de notre Top 100) depuis le 1er septembre ! Dans le circuit RHF, les clients du distributeur reçoivent désormais leurs poissons et crustacés sur un lit de glace, à l’intérieur de cartons enduits de paraffine ; une solution d’emballage que le grossiste en produits de la mer de Rungis testait depuis plus d’un an. Et qu’il a systématisée à la rentrée, suite à des problèmes d’approvisionnement sur le polystyrène expansé (PSE). À sa plus grande satisfaction !

Ses détracteurs reprochent à l’emballage carton de moins bien conserver le froid. Clément Proyer, directeur des opérations de J’Océane, repousse l’argument. « Sur des circuits de distribution courts comme les nôtres, à l’intérieur de l’Ile-de-France, la caisse carton avec son lit de glace est largement suffisante.» Se pose ensuite la question du coût. « Les deux solutions d’emballage nous reviennent au même prix. Mais j’ai espoir que le carton soit bientôt moins cher que le polystyrène », appuie Clément Proyer.

Pour le reste, le carton ne présenterait que des avantages. À commencer par un besoin d’espace de stockage réduit - plié, il est moins encombrant que la caisse PSE - et une manutention plus limitée. «Nous recevions chaque jour un semi-remorque de caisses en polystyrène qu’il fallait décharger », se souvient le directeur des opérations, avant d’asséner le coup de grâce : « Avec le carton, nous ne recevons plus que deux semi-remorques par mois !»

Le développement durable serait-il gagnant à ce basculement ? Comme le PSE, la caisse carton reste un emballage à usage unique dont la collecte auprès des clients restaurateurs, poissonniers et grandes surfaces demeure aléatoire. Et compliquée par la réglementation interdisant de faire cohabiter dans le même camion des déchets - caisses collectées en cours de tournée - avec des produits alimentaires. Les choses devraient s’améliorer avec la filière REP de 2025 et l’intervention de Créa-Styr, un organisme créé début 2023 (une entité d’Elipso*) consacrée au polystyrène : sa collecte, son recyclage, l’écoconception de ses emballages et des études sur le sujet.

La caisse réemployable pour alternative ?
En attendant, la décision de J’Océane relance le débat - un serpent de mer ! - sur les alternatives à l’inamovible caisse en PSE, un dérivé du pétrole, dont les acteurs de la filière marée savent qu’elle devra disparaître un jour, mais dont les atouts sont tels - inertie thermique, résistance aux chocs, légèreté - qu’ils peinent à lui trouver un remplaçant.
Une autre alternative passerait-elle par... le plastique ? Plus précisément par la caisse plastique réemployable avec un lit de glace au fond. En 2021, la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), qui regroupe plusieurs enseignes de grande distribution, a conduit avec France Filière Pêche une étude suivie d’une expérimentation à petite échelle**. Son bilan est sans équivoque : «Les conclusions du projet, partagées par les enseignes de la FCD, démontrent l'intérêt de la mise en place généralisée d'un système de caisses réutilisables pour le transport du poisson. » Deux ans et demi plus tard où en est-on ? « Des enseignes ont en effet déjà commencé à remplacer les caisses

en PSE, d’autres mènent des tests complémentaires. Il s’agit d’un projet au long cours, qui nécessite des adaptations des process des distributeurs, mais également de l’ensemble de la chaîne (ma- reyeurs...) », indique la FCD. Plusieurs questions se posent : investissement initial (il faut trois jeux de caisses pour un circuit), création d’un dispositif de consigne, coût du lavage et de la désinfection à chaque rotation... Il se pourrait qu’une nouvelle étude soit lancée en 2024 dans le cadre d’un appel à projets, toujours avec France Filière Pêche. Mais, pour l’heure, le dossier n’est pas encore sélectionné.

*Association professionnelle des producteurs et transformateurs d’emballages plastiques.
**Menée sur le terrain pendant deux mois auprès de 3 enseignes, 38 magasins et 10 mareyeurs, soit 1317 caisses en circulation.

Une date et une échéance pour les emballages des professionnels

Depuis mars 2023 : les metteurs en marché des contenants de produits alimentaires destinés aux professionnels des CHR (paquets cartons, bouteilles plastiques, pots et bouteilles en verre...) sont censés financer leur collecte et la gestion de leur fin de vie (recyclage, réemploi) à travers la création d’une filière REP, conformément à la loi Agec. Les professionnels des CHR doivent trier tous leurs emballages alimentaires sur le modèle des ménages.
• À compter de 2025 : les emballages industriels et commerciaux (cartons, films plastiques, caisses en polystyrène, cerclages, palettes...) devront aussi être collectés et recyclés dans le cadre d’une REP.

Le polystyrène en 4 chiffres

20 kilotonnes environ : le besoin en polystyrène expansé pour la production de caisses marée en France chaque année, soit 10 à 15 % de la production annuelle de billes de polystyrène en France pour les mar- chés de l’emballage (filière marée, transport de médicaments, supports de calage) et du bâtiment (isolation thermique).
•70% : le taux de collecte estimé du polystyrène expansé ; 50% : son taux de recyclage.
Source : Créa-Styr.

Olivier Bitoun
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