Danièle Licata

« Cantines scolaires : il devient urgent que l’État ou les collectivités supérieures apportent des solutions concrètes. »

Yves Durbet
Maire de La Tour-en-Maurienne (73)
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Maire yves Durbet

Dans sa commune de La Tour-en-Maurienne en Savoie (73), Yves Durbet, maire depuis plusieurs mandats, détaille avec une vision pragmatique les enjeux croissants liés à la gestion des cantines et des services périscolaires. Entre évolutions sociétales et exigences légales et moyens limités, l’édile témoigne des défis quotidiens auxquels sont confrontées les petites communes.

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Vous êtes maire de La Tour-en-Maurienne, une commune de 1100 habitants. Pouvez-vous nous présenter vos infrastructures scolaires et périscolaires ?
Nous avons trois écoles regroupant cinq classes, pour un total de 115 élèves. La commune propose également des services périscolaires : une cantine pour le déjeuner et deux garderies, une le matin et l’autre en soirée.


Comment fonctionne votre service de cantine ?
Nous travaillons avec un prestataire privé installé à Saint-Jean-de-Maurienne, qui prépare et livre les repas en liaison chaude. Les personnels communaux assurent la réception, la distribution et l’encadrement des enfants. Les menus sont élaborés une semaine à l’avance, en respectant les normes de la loi Egalim, et diffusés aux familles.


La loi Egalim et la suppression du plastique ont-elles un impact pour votre commune ?
Pas vraiment s’agissant de la suppression des contenants, car nous utilisons déjà de la vaisselle classique. Le personnel communal gère la remise en température des plats et le nettoyage. En revanche, respecter les circuits courts, comme l’exige Egalim, est un défi. Notre prestataire privilégie les produits locaux, mais travailler avec de petites exploitations ne permet pas toujours de répondre aux besoins d’un service scolaire régulier.

Ces contraintes ont-elles un impact sur le coût des repas ?
Oui, mais nous veillons à limiter cet impact pour les familles. Quand il y a des augmentations, la commune prend en charge la différence. Nous avons fait ce choix pour maintenir des tarifs modestes et accessibles à tous.


Que pensez-vous de l’idée d’un tarif unique à 1 € pour les cantines scolaires ?
Je suis partisan de la liberté laissée aux communes. Nous assumons nos responsabilités en organisant ces services, souvent sans aide extérieure. Que l’État prenne en charge l’intégralité du système ou qu’il nous laisse gérer, mais il faut de la cohérence.


Vous mentionnez une augmentation significative des enfants fréquentant la cantine…
Le nombre d’enfants inscrits à la cantine a explosé ces dernières années, passant de 10 à 70 élèves réguliers. Cela s’explique par l’évolution de la société avec notamment une augmentation du nombre de familles monoparentales. Ce changement crée une pression sur nos infrastructures et nos ressources humaines.


Parvenez-vous à recruter facilement le personnel nécessaire ?
Non, c’est un défi croissant. Les horaires fractionnés, les salaires modestes et la pénibilité du travail rendent ces postes peu attractifs. Nous proposons des formations en interne ou en partenariat avec d’autres communes pour pallier ce manque, mais cela reste compliqué.
Quels sont les principaux défis auxquels votre commune est confrontée dans ce domaine ?
La gestion des services périscolaires demande de l’innovation et de l’ingéniosité, mais aussi des moyens. En zone rurale, nous devons souvent improviser avec ce que nous avons. Les attentes des familles augmentent, et les charges pour les communes suivent cette tendance. Il devient urgent que l’État ou les collectivités supérieures apportent des solutions concrètes.

Danièle Licata
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