Jean-Charles Schamberger

[Top 100] « Rungis, c’est la modernité ! »

Stéphane Layani
Président
Marché international de Rungis
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STEPHANE LAYANI

La parole aux distributeurs - Zepros Distributeurs RHD 15 - Entretien réalisé le 1er juillet.

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Comment s’est déroulée l’année 2021 pour Rungis ?
Stéphane Layani

Le marché se porte très bien ! Nous avons constaté une augmentation globale de la fréquentation autour de 8 %, tout comme celle des acheteurs, également autour de 8 %. Nous avons enregistré 9,23 % de nouveaux acheteurs, notre taux d’occupation est excellent à 97 %, le nombre de salariés est passé de 12 000 à 13 000, et le chiffre d’affaires dépasse 10 Md€.
La crise sanitaire a eu l’avantage d’accélérer la réflexion sur le système alimentaire actuel et de mettre l’accent sur l’importance d’une alimentation plus saine. Rungis incarne cette alimentation saine, fraîche, locale, de bonne qualité. Nous gagnons des parts de marché sur pratiquement tous nos segments et les entreprises qui viennent à Rungis sont, en général, contentes de s’y être installées… et celles qui n’y sont pas regrettent de ne pas y être !
Nous avons continué d’investir avec près de 83 M€ en 2021. Plus on modernise, plus les entreprises trouvent de bonnes conditions de productivité et mieux elles vendent. Nous allons avoir un plan d’investissement sans précédent : nous devions être à 1 Md€, nous serons à 1,8 Md€. Nous avons rénové un quart du marché : Rungis, c’est la modernité !
2021 a été marquée par la relance du « train des primeurs », ce qui représente une décarbonation importante de nos activités. Nous avons émis un appel d’offres, qui s’achèvera à la fin de l’année, pour réaliser un grand terminal combiné rail-route de 120  000 m² qui permettra d’acheminer de la marchandise depuis Rungis vers le Sud et qui assurera la rentabilité du train.
La Carreau des producteurs se développe, avec un pavillon de 4  000 m² pour 13 000 tonnes de produits récoltés à moins de 200 kilomètres : nous sommes les premiers vendeurs de produits locaux en Ile-de-France. Et cela va s’accélérer avec le projet autour du triangle de Gonesse. 
Nous poursuivons nos actions en matière de lutte contre le gaspillage alimentaire : nous sommes passés à 1 300 tonnes données par an, soit 2,5 millions de repas. Aujourd’hui, 80 associations ont la possibilité de collecter auprès des grossistes du Min.
 

Comment ont performé les ventes à destination de la restauration ?
Stéphane Layani

Elles sont croissantes et l’activité des terrasses nous aide bien. Entre 2020 et 2021, les ventes de Rungis en direction de la restauration ont augmenté de 4 %. Tous les secteurs marchent assez bien : les produits de la mer progressent de 7 %, les fruits & légumes de 5 %, les PLA* de 5 %, les ventes de produits carnés sont étales.
 

*Produits laitiers et avicoles

Y a-t-il des risques de ruptures sur certains produits dans les mois qui viennent ?
Stéphane Layani

Non, pas du tout. Le métier des opérateurs dont vous parlez dans Zepros est de sourcer. Et si un robinet se ferme, nous en ouvrirons un autre. Ce qu’a fait Rungis pendant la pandémie : nourrir les Franciliens et les Français au tout début du confinement, peu de gens l’ont fait ! Tout est question de logistique, de sourcing, d’intelligence relationnelle. Nous avons un statut d’opérateur d’importance vitale nous amenant à nourrir quelque 18 millions de Français chaque jour. Rungis est incontournable dans la grande région Ile-de-France.

Comment se développe la marketplace www.rungismarket.com ?
Stéphane Layani

Lancée en février, c’est un succès. Nous avons généré plusieurs milliers de commandes avec notamment plusieurs restaurateurs en régions qui recourent à notre marketplace. Nous avons complètement revu le business model avec un opérateur choisi par appel d’offres (Califrais) qui va chez les 1 200 entreprises du marché pour acheter les meilleurs produits. Tout est livré par Stef. Nous sommes dans une démarche écoresponsable avec un système de livraisons mutualisées et optimisées. Le panier moyen est de 370 €, et certains paniers dépassent fréquemment les 1 000 €, voire 2 000 €. Nous avons la modeste ambition d’atteindre 20 M€ de chiffre d’affaires pour la première année pleine.

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RUNGIS Agoralim
Comment avancent les concertations menées dans le cadre du projet Agoralim ?
Stéphane Layani

L’investissement cumulé de 1,4 Md€, à parité entre les activités portées par la Semmaris, par l’État, la région, et les collectivités locales, concerne la recherche, la formation, la restauration collective. Tout cela devrait permettre la création de 4  000 à 5 000 emplois dans une zone qui en avait vraiment besoin, autour de Roissy.
Nous voulons effectivement faire de la concertation, nous voulons coconstruire avec les associations, les collectivités territoriales, le gouvernement afin que le projet soit intelligent pour tous. Nous sommes dans une phase de précisions, de localisations, de mise en œuvre des premières actions pour occuper le terrain. Le site internet Agoralim Direct, qui ouvrira prochainement, sera totalement innovant et permettra de mettre en relation les producteurs avec les professionnels des métiers de bouche. 
Nous allons mettre en place une cuisine solidaire ayant pour objet de transformer les invendus alimentaires en repas de bonne qualité. Ces repas seront destinés aux plus démunis. Nous allons développer des actions avec l’association Les Enfants cuisinent : des food-trucks iront dans les écoles pour expliquer ce que sont un bon produit et une bonne recette. Il est en effet important de former les enfants dès le plus jeune âge à ce qu’est le bien-manger.
Nous travaillons avec des chefs comme Olivier Chaput, qui est à l’origine du projet, Guillaume Gomez et François Gagnaire. Nous devrions lancer l’opération depuis Rungis le 17 septembre. Les premières constructions d’Agoralim démarreront en 2025. Une deuxième phase commencera en 2027 dans le triangle de Gonesse et à Goussainville. 

 

Jean-Charles Schamberger
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