
[Boissons] De nouveaux leviers à explorer face à des tendances de consommation qui évoluent
Cocktail d’interventions riche mais bien dosé lors de l’assemblée générale de la Fédération nationale des boissons (FNB), le 12 juin, à la Maison de l’Amérique latine (Paris 7e) !
Accueillis par Laurent Théodore, président de la FNB, et Laure Bomy, directrice générale, les adhérents et les invités, ont d’abord eu droit à une rapide rétrospective des actions menées depuis plus de 50 ans par cette fédération, toujours encore seule organisation patronale représentative de la branche des distributeurs-grossistes en boissons. « La FNB, au cours de son histoire, a toujours joué un rôle-clé dans les moments décisifs de la consommation hors domicile et de la restauration hors foyer. A chaque moment, elle a su se mobiliser pour soutenir et défendre les intérêts de la profession, avec un souci d’objectivité, d’équité, et de transparence », a rappelé Laurent Théodore avant d’évoquer des étapes comme l’engagement dans la formation professionnelle et la négociation collective (années 1970), la création de la commission de consignation des emballages (années 1980), la création de l’IDCCB, Institut de développement des cafés et cafés-brasseries et création du label Café Brasserie de Qualité (années 2000), la création du label Grossiste Engagé (2015), le soutien de la filière et la préservation des emplois durant le Covid (2020).
Cette AG était aussi l’occasion de présenter le Manifeste que la FNB a décidé de créer cette année. Ceci, afin d’exprimer ses engagements (Faire rayonner le rôle stratégique des grossistes en boissons, Porter la voix singulière de la RHF, Encourager un développement équilibré pour tous, Être le catalyseur des solutions de demain), ses valeurs (l'intégrité comme fonctionnement de son action collective, la pluralité comme moteur de son agilité, l’intérêt collectif au cœur de ses décisions) et ses convictions (la puissance du lien humain autour d'un verre, la distribution est un acte responsable, la réaffirmation du rôle pionnier des grossistes en boissons, porteurs d'une longue tradition de consignes et de réemploi, la force de l'ancrage territorial). Les messages de ce manifeste « Grossistes en boissons, le trait d’union durable entre terroir et comptoir » sont illustrés à travers plusieurs visuels (plateau, fût, bouteille, verre).
La question de "l’acceptabilité prix"
Le cabinet d’intelligence économique Food Service Vision, accompagné de Nielsen IQ, a quant à lui présenté une synthèse du marché de la consommation des boissons en hors-domicile (Performances, tendances de consommation et prospective). Ainsi, la restauration commerciale a globalement enregistré en 2024 un croissance des ventes de 0,6 % avec un parc qui a continué à progresser (+2,3 %) et un chiffre d’affaires (CA) par point de vente qui s’est dégradé (-1,7 %).
Au sein des grands segments, la restauration rapide conserve une dynamique de son activité (+1,9 %) avec une forte accélération des parcs (+7,2%), aussi bien du côté des chaînes que chez les indépendants : « 9 fonds de commerce sur 10 créés dans les CHR l’année dernière sont des fonds de commerce de restauration rapide », souligne François Blouin, président-fondateur de Food Service Vision. En revanche, le CA par point de vente est en recul (-4,9 %). La restauration à avec service à table connaît une légère baisse (-0,7 %), une petite croissance de son parc (+0,5 %) et un CA par point de vente qui baisse légèrement (-1,2 %). Quant aux cafés-bars-pubs, la baisse d’activité est de 1 %, les points de vente gagnent 0,6 % et les CA par point de vente recule de 1,5 %.
En ce qui concerne le sourcing, les achats boissons ont baissé globalement de 5,8 % en volume et de 3,4 % en valeur par rapport à 2023… avec toutefois de grandes disparités selon les catégories et les sous-catégories. Une hétérogénéité que l’on retrouve selon les régions et les mois, l’activité étant très météo-sensible. Parmi ce que Food Service Vision appelle les clés d’explicabilité : des achats très impulsifs (7 consommations sur 10 sont décidées le jour même (74 % dans les zones rurales). En mai 2025, les arbitrages des consommateurs les plus forts se font d’abord sur les boissons alcoolisées (17 %) devant les desserts (13 %), les entrées (11 %) et les soft drinks (10%). Des arbitrages qui s’expliquent notamment par un fort dépassement des seuils de prix psychologiques (4,50 € sur le demi de bière, 7 € sur le verre de vin de 12 cl, et 10 € sur un cocktail type mojito) au niveau des prix pratiqués, et ce, dans toutes les régions. Les boissons sans alcool et les softs sont également concernés. Quant à la taxe sucre entrée en vigueur il y a quelques mois, elle pourrait entraîner également de nouveaux arbitrages. Tolérance en revanche pour les produits faits maison, tandis que les boissons chaudes sont épargnées par ces arbitrages. Parmi les modèles et tendances qui peuvent nourrir la réflexion pour demain : le no-low, l’équilibre prix/produits premiums, des nouveaux lieux, des nouvelles occasions de consommation, à l’instar peut-être de se qui se pratique ailleurs en Europe.
Enfin, Alain Fontaine, président de l’association Bistrots et Cafés en France, a été invité à intervenir pour évoquer l’action de l’association à propos de ce « bien précieux à défendre » (chaque jour 23 cafés et bistrots ferment tandis que seulement 15 ouvrent…).
« Le consentement à payer est dépassé sur un certain nombre de produits »,
François Blouin

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