Les grossistes prennent du galon

Olivier Bitoun
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Philippe Barbier - CGF

Droit du commerce, logistique urbaine et conjoncture, trois sujets sur lesquels Philippe Barbier, président de la CGF, a fait des annonces le 16 mars lors d’une conférence de presse.

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C’est symbolique, mais pas seulement. Deux articles du Code de commerce – L 441-1-2 et L 441-3-1 – devraient bientôt devenir l’alpha et l’omega des grossistes pour ce qui régit leurs relations commerciales (1). Ces deux nouveaux opus regrouperont toutes les dispositions les concernant, lesquelles sont jusqu’à présent disséminées dans différents textes. « C’est une grande victoire pour nos professions, nous en sommes fiers », se réjouissait Philippe Barbier, président de la Confédération des grossistes de France (CGF), le 16 mars, lors de la conférence de presse organisée par ses équipes. Cela faisait une dizaine d’années que la confédération réclamait ce changement. La porte s’était entre-ouverte en 2015 avec la première définition du métier de « grossiste » dans la loi Macron. Mais les dispositions relatives aux distributeurs BtoB restaient la plupart du temps définies en creux. « Nous avons obtenu que les dérogations empilées depuis des années dans le Code du Commerce, édictées pour éviter que les règles s’appliquant aux GMS ne s’appliquent aussi à nous, ont été regroupées », explique Philippe Barbier. Si la reconnaissance du statut de grossiste est symbolique, son intérêt est aussi pratique. « Les grossistes sauront désormais à quels textes se référer », souligne-t-on à la CGF.

Des hausses de tarifs de 10 % en moyenne
Profession désormais reconnue, la distribution BtoB se doit de produire ses statistiques d’activité ! Voilà une demande récurrente de l’administration publique qui souhaite savoir comment se porte ce secteur au volume d’affaires de 850 Md€ par an, grâce à 150 000 entreprises et 961 000 salariés (chiffres CGF). C’est chose faite ! La CGF a mis sur pieds son baromètre d’activité trimestriel avec l’aide de l’institut d’études Xerfi. Tour de chauffe avec les chiffres du 4e trimestre 2022. Ils révèlent que les ventes des grossistes (tous secteurs confondus) ont progressé de 9 % sur les trois derniers mois de 2022, comparées à la même période de 2021. Sur l’ensemble de l’année 2022, la hausse est de 10,5 % et de 12,5 % pour les grossistes de l’alimentation qui enregistrent la plus forte croissance. Ces bons chiffres prennent en compte « l’inflation embarquée », tempère Philippe Barbier, avant de préciser, « dans l’alimentation, comme dans la plupart des secteurs, l’inflation est du même niveau que la croissance des ventes. Il n’y a pas de croissance des volumes ». Dans le détail, si la restauration commerciale a bien tenu en 2022, la restauration d’entreprise accuse un recul de… 20 % où « la baisse est structurelle », avertit Philippe Barbier, due à la généralisation du télétravail. Il est vain d’espérer y retrouver les niveaux d’avant Covid…

A quoi s’attendre pour 2023 ? « Les professionnels sont plus inquiets », prévient Philippe Barbier. L’année passée, leurs résultats ont été bons grâce à un bon niveau d’activité et des structures de personnel allégées, suite aux ajustements de la période Covid. Mais cela ne pourra pas durer. Sous pression, les équipes vont devoir être restaffées. La masse salariale devrait également augmenter sous l’effet des négociations de fin d’année. Selon Philippe Barbier, le Medef aurait calculé une croissance moyenne des salaires de 5,6 % pour 2023. « Les grossistes n’en sont pas loin », annonce le président de la CGF. Reste enfin les hausses de tarifs des fournisseurs. « Les négociations se sont terminées sur une hausse moyenne de 10 %, laquelle n’est pas encore dans les chiffres », apprend-t-on de Philippe Barbier. La question naturelle est donc la suivante : une fois répercutées dans les prix de vente des grossistes, puis sur les cartes des CHR, ces augmentations de prix finiront-elles par pénaliser la fréquentation des établissements ? Début de réponse autour du 10 mai lors de la publication des chiffres du baromètre pour le 1er trimestre 2023.

(1)   A l’heure où nous écrivons ces lignes, la proposition de loi de Frédéric Descrozaille, député de La République en Marche, « tendant à renforcer l’équilibre dans les relations commerciales entre fournisseurs et distributeurs  » dont l’article 5 traite des grossistes, n’a pas été votée par le Parlement ; elle sera soumise au vote du Sénat le 21 mars puis de l’Assemblée nationale le 22.

Les grossistes conseillent l’Etat en logistique urbaine

Le 28 mars, sur le salon de la SITL (28-30 mars 2023), Philippe Barbier, le président de la Confédération des Grossistes de France (CGF), remettra au ministre délégué aux Transports, Clément Beaune, un rapport de 7 pages, synthèse de la mission qu’il lui a confiée fin 2022. Son objet : lui faire une recommandation pour la création d’un comité de liaison des acteurs de la logistique urbaine. L’Etat souhaiterait avoir un interlocuteur unique plutôt que la multitude d’acteurs de toutes tailles, appartenant à différents univers (alimentaire, non-alimentaire, pharmacie, BTP…), avec lesquels il a du mal à discuter.
Surprise ! Après avoir rencontré une vingtaine de fédérations professionnelles parties prenantes de la logistique urbaine, Philippe Barbier recommande au ministre de ne pas créer de nouvelle structure de gouvernance. Il y en a tant ! Sa préconisation : la mise en place d’un comité  « informel », sans droit de vote, qui se réunira 4 fois par an et auquel participeront les fédérations professionnelles ainsi que des représentants de l’Etat. Lieu d’échanges, ce comité doit favoriser « la  mise à niveau (des professionnels) en matière d’information » pour leur permettre, en connaissance de cause, « de dégager des consensus afin d’aider l’Etat dans ses prises de décisions. »
Application le 18 avril lors de la première réunion consacrée aux ZFE.m. A l’issue, le comité devrait faire deux recommandations qui satisferont les grossistes et plus généralement les acteurs de la logistique urbaine : repousser la date d’interdiction des moteurs thermiques et insister afin que l’Etat obtienne des collectivités, l’harmonisation de leurs réglementations.
Au programme des réunions suivantes du comité : la décarbonation des flottes de livraison, le foncier logistique, les aires de livraison… Que de sujets épineux !

Olivier Bitoun
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