Jean-Charles Schamberger

[Top 100] « Être le relais entre le bien-produire et le bien-nourrir »

Eric Decroix - Yves Cebron
Président - Directeur général délégué
Transgourmet France
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Eric Decroix et Yves Cebron - Transgourmet France 2023

Panorama du marché des grossistes distributeurs foodservice - Entretien réalisé le 6 juin.
Zepros Distributeurs RHD 20 Spécial Top 100 - Edition 2024

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Quel est le bilan de l’exercice écoulé ?

Éric Decroix : 2023 a été une bonne année puisque Transgourmet France a dépassé 1,7 Md€ de chiffre d’affaires. Nous continuons à développer nos parts de marché avec une progression de volume d’affaires de plus de 8 % par rapport à 2022. L’année s’est déroulée en 2 temps, avec, à l’été, des fluctuations de consommation. Celles-ci pouvaient être importantes au sein d’une même semaine ou d’un même mois. Nos clients avaient ainsi des difficultés à prévoir la fréquentation, que ce soit en restauration commerciale ou en boulangerie-pâtisserie. Cela s’est poursuivi sur l’année 2024, tandis que nos clients ont des charges - énergie et frais de personnel - qui ont augmenté. Ajoutons à cela un contexte météo qui impacte défavorablement leur activité.
 

Comment les accompagnez-vous dans ces conditions ?

É.D. : Nous avons tout orienté vers notre politique de service pour leur rendre la vie la plus facile possible. Même si l’on a vu un arrêt de l’inflation, au global, depuis début 2024 - exception faite de certains produits comme la tomate ou le cacao - les clients qui tirent leur épingle du jeu sont ceux qui ont mis en place des offres économiques et des offres qualitatives.

Comment vos marchés ont-ils performé ?

Yves Cebron de Lisle : Nous sommes en croissance sur tous nos marchés, que ce soit en restauration collective, en restauration commerciale ou en boulangerie-pâtisserie. Des croissances qui se confirment en 2024. À deux chiffres en restauration collective, où notre démarche « Cuisiné sur place », qui fait la promotion des produits éligibles Egalim, et notre solution e-Quilibre, qui représente aujourd’hui 30 millions de repas, soit 50 % de notre activité en restauration collective, et qui intègre désormais un module antigaspillage, fonctionnent très bien.
Nous travaillons étroitement pour qu’e-Quilibre soit reconnue comme une solution alternative vertueuse pour la restauration collective en cohérence avec l’initiative d’État Ma Cantine, le site du ministère de l’Agriculture sur lequel les collectivités doivent déclarer leur part d’Egalim. E-Quilibre facilite en effet la déclaration du pourcentage de produits bio et de produits avec des signes officiels de qualité. Elle est reconnue pour sa simplicité d’utilisation, son gain de temps et sa praticité d’ajustement.

La boulangerie-pâtisserie est un marché résilient en 2024, grâce au snacking et aux offres économiques qui drainent du volume. Nous enregistrons ainsi une forte croissance chez les enseignes de chaînes. Depuis le salon Europain, nous notons aussi une croissance sur le segment des artisans indépendants grâce, à la fois, à une politique de mise en avant des gammes fruits et légumes, et à notre politique d’ultraservice One Stop Delivery.
En restauration commerciale. Nous enregistrons une bonne dynamique grâce à deux segments : d’une part, l’hôtellerie, qui se porte très bien depuis un an. D’autre part, la restauration avec service à table, également très résiliente. Notre clé a été le One Stop Delivery avec le développement des gammes extrafrais comme les fruits et légumes, la marée et la viande. Avec toujours une bonne performance de notre approche premium : nous avons mis en place des forces de vente spécialisées, tant en fruits et légumes qu’en marée. Nous avons également investi dans des structures dédiées pour les fruits et légumes dans tous nos entrepôts.
 

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TRANSGOURMET _ CR Jacky Mercien

Quelles sont vos actions en matière de développement durable ?

É.D. : C’est effectivement l’un de nos deux grands sujets de fond, avec la digitalisation. Le bio a continué de progresser en 2023, bien que moins rapidement qu’en 2022 et 2021, année de lancement de la marque Transgourmet Natura. Nous allons poursuivre son développement, notamment au travers de partenariats avec des producteurs. Nos objectifs sont d’avoir un produit bio ou développement durable pour chaque unité de besoin dans notre gamme, de déployer au niveau des gammes le bio français, de soutenir toutes les démarches qui mettent en avant l’origine des produits, et, surtout, de travailler sur l’impact carbone des produits. D’ici à fin 2024, nous aurons scoré l’intégralité des produits en termes d’impact carbone afin de proposer à nos clients des recettes bas carbone. Nous sommes inscrits dans la démarche SBTi et nous visons une réduction de nos émissions de GES de 46 % d’ici à 2030 et la neutralité en 2050. 
Soulignons que 98 % des émissions viennent des produits, seulement 2 % sont des émissions directes de Transgourmet. Le 16 mai, nous avons donc organisé une grande réunion de 110 fournisseurs, que nous avons appelée Green Day, pour leur présenter ces enjeux, les embarquer dans cette démarche de limitation d’impact carbone et leur annoncer que tous les produits allaient être scorés en carbone. Nous les encourageons donc à faire des ACV (analyses de cycle de vie) car cela aboutira de notre côté à des choix d’articles. Nous désirons être le relais entre ceux qui veulent bien produire et ceux qui veulent bien nourrir. 
Nous développons également notre marque développement durable Transgourmet Origine et nous signons des partenariats, c’était le cas cette année avec Bleu-Blanc-Cœur et Ecotable.
Et même si notre scope n’est que de 2 %, nous investissons aussi dans notre supply chain. Ainsi les 130 camions livrés en 2024 seront à faible émission (biocarburant, biogaz et électrique). Nous travaillons sur nos consommations d’énergie et nous avons des plans de sobriété qui sont développés dans l’entreprise. Nous agissons par ailleurs sur les emballages, notamment réutilisables. Enfin, 98 % de nos livraisons sont effectuées en rolls bâchés, sans film, avec parois réutilisables.
 

Qu’en est-il en matière de digitalisation ?

Y.C.L : Nous avons lancé en février notre nouvelle appli. Il s’agit là du digital au service de l’expérience client. Nous avons encore simplifié le parcours de vente et nous avons mis en place un suivi, étape par étape, de la commande à la livraison. Elle dispose d’un module de consultation de la répartition des achats, ainsi, bien sûr, que de la possibilité de télécharger les bons de livraison et de payer les factures en ligne. Et aussi, ce qui était très demandé, être à même de saisir ses réclamations en ligne. Le client accède évidemment à toutes les offres en temps réel. Nous constatons une augmentation très nette de l’activité depuis le lancement de cette nouvelle version. 

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TRANSGOURMET MONTAGE APP ET E-GOURMET

Axe serviciel et reflets des engagements écoresponsables

« Nous faisons des livraisons de nouvelles fonctionnalités régulièrement sur notre nouvelle appli. L’axe serviciel est très important. Le client peut ainsi tout faire depuis son mobile de façon très simple. Il est encore plus autonome sur sa prise de commande, notamment récurrente. Il y avait des fonctions qui existaient dans l’environnement web mais que nous n’avions pas sur l’appli, telles des listes d’achats facilement réutilisables. Par ailleurs, nos clients peuvent retrouver des stats sur leurs achats, comme la part des produits bio achetés chez Transgourmet. L’affichage de l’origine France est beaucoup plus visible sur l’appli que dans l’environnement web. Et bientôt le scoring impact carbone au produit sera dans l’appli. Autant de marqueurs de références d’achats plus responsables parce que nous pensons que cela fait partie de notre rôle d’accompagnement », explique Gaëlle Kerrec, responsable communication et digital.

Les bénéfices de One Stop Delivery mesurés

Via une modélisation proposée par le Lab Hectar, Transgourmet a mesuré l’impact de One Stop Delivery (OSD). Pour rappel, OSD est une solution de livraison multitempérature (tout dans un même camion, y compris les fruits et légumes et la marée). Les résultats de la comparaison des flux entre les modèles de Transgourmet sont éloquents : un restaurateur ou un boulanger-pâtissier qui auraient entre 16 et 20 livraisons monotempérature par semaine peut passer à 3 ou 4 livraisons multiproduits OSD par semaine. Ce modèle Transgourmet assure 43 % d’émissions de GES en moins. « C’est un argument majeur, à la fois sur le plan de l’efficacité pour nos clients, et en termes de livraison », commente Yves Cebron de Lisle, directeur général délégué de Transgourmet France. « Nous avons également modélisé notre système de ramasse producteur. Lorsqu’elle est possible, comme dans le cas de la Ferme Hectar ou des produits Kom&Sal de Nadia Sammut, celle-ci nous permet d’économiser 15 % d’impact CO2 en plus ». Un précieux argument de modèle de livraison vertueux pour Transgourmet !
 

Jean-Charles Schamberger
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