, mis à jour le 01/09/2025 à 13h00

Top 100 : « Plus nous serons unis, plus nous serons forts »

Michel Sanson
Président
Geco Food Service
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Michel Sanson - GECO FOOD SERVICE

Entretien réalisé le 9 juin.

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Le Geco Food Service vient de tenir son AG, quel bilan tirez-vous de 2024 ?
Michel Sanson

Qui aurait pu imaginer ce qui allait se passer en 2024 ? Il est intéressant de se remémorer ce que nous disions il y a un an à la même époque : on craignait des JO très compliqués et, finalement, ils se sont déroulés de façon absolument incroyable. En revanche, nous ne pensions pas que les JO seraient aussi peu porteurs en termes d’activités, les retombées ayant été plus faibles qu’espérées. Par ailleurs, depuis la dissolution, la France vit une très grosse instabilité gouvernementale dans un contexte international très tendu… Cela doit nous amener à beaucoup d’humilité et d’agilité car, en fait, nous sommes incapables de prévoir ce qui va se passer. Globalement, j’entends mes adhérents qui sont des industriels fournisseurs de la CHD dire qu’ils ont senti un tassement depuis l’été et que la fin d’année 2024 a été difficile.

Autre facteur marquant de l’année écoulée, concernant la REP Emballages Professionnels, il s’agit d’un véritable scandale. Au moment où nous nous parlons, en cette deuxième quinzaine de juin, nous n’avons toujours aucune information précise ! Personnellement, je suis sidéré. Cette absence de pilotage public crée énormément d’instabilité alors que chacun des acteurs de la filière est en responsabilité, convaincu du bien-fondé de la démarche. Que cela ne soit pas simple, c’est sûr, mais comment fait-on pour mépriser tous les acteurs à ce point alors que tout le monde est d’accord pour mettre quelque chose en place ? Cela a vraiment été le gros irritant de 2024.La troisième chose qui m’a frappé, c’est que le savoir-faire du Geco Food Service intéresse de plus en plus d’entreprises : de grands groupes, mais aussi des ETI, des PME, des TPE et voire des start-up nous rejoignent. Nous avons enregistré 20 % d’adhésions supplémentaires au cours des deux dernières années. Cela nous conforte sur notre feuille de route et cela nous oblige aussi.

Enfin, je suis frappé par le dynamisme d’un certain nombre de tendances de restauration, comme la hausse de la consommation de poulet frit, de manière plus globale celle de la volaille, ou encore l’arrivée d’enseignes de donuts qui ouvrent de nouveaux marchés. Le tout avec une hybridation des circuits qui s’accélère.
 

Qu’en est-il sur 2025 ?
Michel Sanson

C’est en discutant à la fois avec les restaurateurs, les distributeurs et nos adhérents industriels qu’on s’aperçoit que ce début d’année est compliqué, et, surtout, extrêmement erratique. Je ne vois pas de tendance qui se dégage, si ce n’est un ralentissement global des dépenses. Les négociations commerciales 2025 étaient plutôt responsables, relativement apaisées et constructives, mais désormais nous entrons dans un nouveau cycle qui est compliqué. Je sens qu’il y a de la tension et déjà une concurrence entre les acteurs du marché, voire une guerre des prix chez certains, parce que les parts de marché sont peut-être un peu plus difficiles à aller chercher. Et donc, il va falloir rester très agile et s’adapter.

J’ai l’impression que l’ensemble de nos filières, depuis l’amont jusqu’au consommateur, font face à un triple choc. D’abord, un choc réglementaire : la REP va continuer à être un sujet en 2025. Le fait de ne toujours pas connaître les règles du jeu précises est extrêmement préjudiciable, parce que les entreprises vont devoir répondre à des marchés publics, d’État ou de collectivités territoriales. Que vont-elles leur dire ?

Ensuite, un choc économique : toutes nos entreprises se sont déjà lancées dans une décarbonation très forte : c’est très bien, tout le monde annonce des objectifs à 2030 et au-delà, mais qui va payer ? Et est-ce que le pouvoir d’achat des Français va suivre ? Nos entreprises l’observent au quotidien. Les tensions sur le pouvoir d’achat créent des arbitrages incessants de la part des consommateurs.

Et, enfin, un choc structurel : après avoir eu une pause sur l’inflation, on observe une réaccélération sur les filières de protéines animales. Et lorsque l’on discute avec les fournisseurs, les causes ne sont pas seulement conjoncturelles. Elles sont liées à d’autres facteurs et varient selon les filières : le driver sur la filière poulet n’est pas le même que celui de la filière bœuf, etc. Des filières déjà sous tension risqueraient de l’être davantage, mettant en péril notre souveraineté alimentaire. La compétitivité reste quand même le nerf de la guerre.

Comment va-t-on réconcilier l’environnemental, le sociétal et l’économique ? En tout cas, il me semble que cela doit nous inciter à jouer très collectif. Plus nous serons unis autour de ces sujets pour peser dans le débat public de façon positive, plus nous serons forts pour faire des propositions afin d’alerter les ministres et leurs administrations.

 

Y compris avec votre aval ?
Michel Sanson

L’ensemble des acteurs de la filière : amont agricole, industriels, distributeurs et syndicats de restaurateurs ont toujours travaillé étroitement ensemble. Le Covid a d’ailleurs été une opportunité de resserrer davantage ses liens. Et, aujourd’hui, je crois qu’il y a une volonté commune d’aller plus loin, de se mettre autour de la table et de se dire qu’à côté de nos spécificités, nous avons des sujets partagés comme la REP EP, le titre-restaurant, l’attractivité de nos métiers… Cette dynamique rendra notre filière plus visible et mieux identifiée auprès des pouvoirs publics.

2025, c’est aussi l’année des 50 ans du Geco…
Michel Sanson

Absolument ! C’est pour cela que nous avons adopté un prisme un peu différent pour notre AG, afin d’avoir un regard décalé sur le foodservice. Nous avons invité Perrine Bismuth, associée fondatrice de FrenchFood Capital, qui a très bien expliqué que le fait d’avoir dans son portefeuille d’activité une part significative de restauration représente une valeur ajoutée. Nous avons aussi invité Philippe Palazzi, directeur général du Groupe Casino (Monoprix, Franprix, Naturalia Casino, Spar, Vival), qui a annoncé en mars le lancement d’un plan de conquête important de business en snacking et restauration rapide à emporter, au travers de deux concepts : La Cantine de Monoprix, et Oxygène de Franprix. 

Et demain ?
Michel Sanson

La particularité du Geco Food Service, association d’industriels fournisseurs de ce segment c’est d’être le seul pure player foodservice. Avec Frédérique Lehoux, directrice générale, et son équipe nous avons constitué un pôle d’excellence et de compétence, non seulement sur l’analyse de tendances, mais aussi sur le décryptage et la veille réglementaire, nutritionnelle qui devient de plus en plus complexe. C’est la raison pour laquelle les entreprises nous rejoignent, y compris dans le non-alimentaire.

Ensuite, je pense qu’il y a une valeur immatérielle dans nos associations dont on ne parle pas suffisamment, et qui est hyper importante dans ces métiers de professionnels à professionnels, c’est la force du réseau. Nous allons donc célébrer à la rentrée nos 50 ans avec tout notre écosystème, tandis que d’autres événements vont se dérouler durant le reste de l’année, toujours avec ce souci de mettre l’adhérent au centre et d’être extrêmement vigilant sur toutes ces tendances… parfois contradictoires. 

Directeur des rédactions du Pôle Restauration de Zepros, rédacteur en chef de Zepros Resto, rédacteur en chef de Zepros Distributeurs RHD. Actus Métiers, Fournisseurs Boissons, France des chefs…
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