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Jean-Charles Schamberger

« Nous ne voulons plus de complexification administrative ! »

Léonard Prunier
Président
Fédération des Entreprises et Entrepreneurs de France (FEEF)
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FEEF-Leonard Prunier president

Président de la charcuterie familiale Maison Prunier à Connerré (72), Léonard Prunier est président de la Feef depuis septembre 2022.

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Quel bilan dressez-vous pour les fournisseurs PME-ETI de la RHD en 2024 ?
Léonard Prunier

Au niveau de la Feef, qui compte 1 100 adhérents dont 650 qui travaillent avec la RHD, nous considérons que c’est une année assez mitigée et déceptive. Nous voyons que les résultats économiques de nos entreprises ne font que se détériorer. L’activité n’a pas été très dynamique : il y a eu un léger impact JO pour les Parisiens mais cela était très localisé. Au niveau global, l’année n’est vraiment pas exceptionnelle en termes de business. À cela s’ajoute une instabilité politique qui n’aide pas le développement. Cela n’est pas bon du tout pour l’activité commerciale, et ce, quels que soient les pans d’activité, car nous avons tous besoin de visibilité et de nous projeter.

Comment qualifiez-vous les relations entre les PME-ETI et les restaurateurs et les distributeurs foodservice ?
Léonard Prunier

Elles sont bonnes. Ce sont des relations constructives et exigeantes, avec un besoin d’adaptation permanent. Aujourd’hui, pour toutes les entreprises l’enjeu est de s’adapter aux besoins des clients. Nous constatons, par exemple, un développement du snacking, ce qui demande des produits spécifi ques et un bon ciblage du poids des produits. Cela nécessite du dialogue, c’est ce qui est le plus important. Tout cela dans un contexte où nous avons encore des tensions sur les matières premières. Il se profile également toute une inflation liée aux obligations réglementaires telles que les REP et écotaxes. Pour certaines entreprises, cela peut représenter de 100 000 € à 300 000 € de coûts supplémentaires. Ce n’est pas supportable ! Nous devons être astucieux les uns et les autres afin que les produits restent accessibles au consommateur final.

Comment s’organise le dialogue avec la restauration ?
Léonard Prunier

Au niveau de la Feef, nous avons 3 groupes de travail avec la RHD - restauration commerciale, restauration collective, restauration boulangère - afin de nous projeter. Mais ce sont surtout les adhérents qui discutent en direct avec leurs clients des différentes enseignes. Pour bien comprendre les besoins, nous nous appuyons sur différentes études, notamment celles de Strateg’Eat et de Circana, afin d’aider chacun de nos adhérents à cerner les enjeux de son secteur et à adapter ses produits aux besoins de ses clients. Les marques distributeurs sont, par exemple, un moyen.

Quelles tendances identifi ez-vous ?
Léonard Prunier

Ce qui se développe, c’est le snacking, c’est le végétal, c’est la praticité des emballages. Ainsi la façon de rendre l’utilisation du produit facile est un enjeu majeur. Il y aura toujours du premier prix, du coeur de marché et de la haute qualité. Il faut que les entreprises françaises soient positionnées sur toutes les gammes de produits afin de répondre à tous les segments, chacune selon leur spécialité.

Qu’en est-il en matière de défaillances ?
Léonard Prunier

Nous n’avons jamais eu autant de défaillance à la Feef que cette année. Il s’agit d’une dizaine, ce qui est énorme. Le climat économique se tend fortement avec une hausse de la fiscalité sur les entreprises ce qui n’est pas bon. L’économie fonctionne à la confiance, et quand les acteurs n’ont pas confiance dans l’avenir, ils s’inquiètent !

Comment envisagez-vous 2025 ?
Léonard Prunier

Il faudra bénéficier de l’effet JO, mais déjà, il faut passer Noël ! En cette fin d’année, l’équation est compliquée pour les industriels compte tenu du climat d’instabilité général. Il faut que chacun mesure sa prise de risque.

Que demandez-vous dans vos échanges avec les pouvoirs publics ?
Léonard Prunier

Nous sommes très clairs : nous voulons des relations simples avec nos clients. Nous ne voulons plus de complexification. Pour l’instant, les relations commerciales entre PME-ETI et la restauration hors domicile se passent plutôt bien dans l’ensemble, il est donc hors de question d’y ajouter de la complexité administrative. Il y a en ce moment une flambée des écotaxes. Cela devient de la folie, il faut dire « stop aux normes ! » et redescendre sur terre. Tout cela n’est pas répercutable sur les clients. Tout l’enjeu est de trouver des systèmes qui ne soient pas punitifs mais incitatifs. Ensuite, il y a la CSRD* qui va toucher tout le monde. Tout ceci représente des coûts. Il faut donc que l’on trouve des leviers de création de valeur et que l’on arrête d’augmenter les coûts et les contraintes. C’est vital !

Outre cette stabilité, qu’attendez-vous ?
Léonard Prunier

Il faut que nos entreprises PME retrouvent de la rentabilité afin d’investir. Le meilleur moyen d’être performant et compétitif, c’est l’investissement. Il faut retrouver de la visibilité pour que l’industrie alimentaire arrive à se projeter, sachant que l’on rentre dans une zone de turbulences.

Quelle est l’actualité de la Feef pour 2025 ?
Léonard Prunier

Le principal événement sera le Sirha Lyon, fin janvier, sur lequel la Feef sera présente et organisera plusieurs événements sur son stand**. Ensuite, ce sera la reconduction du Baromètre annuel de l’activité des fournisseurs PME-ETI. Et bien sûr, c’est la continuité de l’accompagnement de nos 650 adhérents qui travaillent en RHD. Cela fait une belle communauté à animer !

 

*Corporate Sustainability Reporting Directive, directive européenne destinée à améliorer et à harmoniser la publication d’informations environnementales, sociales et de gouvernance par les entreprises. 
**Stand 4A46

Article à retrouver dans le numéro Zepros Distributeurs RHD 21 consultable et téléchargeable à partir de ce lien.

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Jean-Charles Schamberger
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