Jean Tavernier, France Frais « Nous offrons un assortiment national en plus d’assortiments locaux »

Olivier Bitoun
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Jean Tavernier, responsable RSE du réseau France Frais

La RSE est un vaste sujet où une entreprise peut facilement se perdre. Jean Tavernier, responsable RSE du réseau France Frais (filiale distribution de la coopérative des Maîtres Laitiers du Cotentin) explique comment son groupe a structuré son action et fixé ses priorités sur le sujet pour 2021.

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France Frais a formalisé son projet RSE en 2018 avec sa maison mère Maîtres Laitiers du Cotentin. Où en êtes-vous trois ans plus tard ?

Aujourd’hui, il faut dépasser le stade de l’autosatisfaction où l’on se félicite simplement d’avoir accompli telle ou telle action RSE. Désormais, l’une des tendances lourdes va être de coordonner ces actions, de les structurer et de les prioriser. Cela correspond à un niveau de maturité atteint par les questions de RSE. Je m’explique. Chez France Frais, nous avons arrêté 18 enjeux de RSE dès 2016. Mais on ne peut pas mener ces 18 sujets de front dans nos 129 filiales et dépôts en même temps. Fin 2020, nous avons donc décidé d’établir avec le comex une seconde liste, restreinte, où sont inscrites nos six priorités pour 2021. On appelle cela une analyse de matérialité. La démarche présente l’intérêt de mettre les choses au clair pour tout le monde en interne. Sans quoi on se disperse entre les filiales et à l’intérieur de chacune d’elles entre les sites. Sur chaque enjeu, nos filiales regardent où elles se situent par rapport aux objectifs, et comme le premier trimestre est le moment où l’on construit les budgets (France Frais arrête son exercice au 31 mars), les directeurs peuvent adapter les moyens en conséquence, sur tel ou tel sujet. On est sur de l’hyperconcret !

Quels sont les six sujets RSE que vous avez retenus dans votre short list pour 2021 ?

Je vous les cite dans l’ordre : garantir la sécurité des aliments et la performance des process, veiller à la santé et à la sécurité de nos équipes, mettre en valeur notre ancrage local, développer les compétences de nos collaborateurs, développer l'écoute et la satisfaction des clients et des consommateurs, améliorer notre consommation d'énergie.

 

 

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Jean Tavernier, responsable RSE du réseau France Frais
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Parmi vos priorités RSE, vous mentionnez : Développer l’écoute et la satisfaction des clients et des consommateurs. N’est-ce pas plutôt un objectif commercial ?

Dans la norme ISO 26 000 (relative à la responsabilité sociétale des entreprises), un chapitre est consacré au consommateur. Chez France Frais, c’est bien le consommateur final que nous touchons à travers nos clients de la RHF et des autres circuits de distribution. Se préoccuper de la RSE, ce n’est pas seulement s’intéresser à la planète, au climat, à la biodiversité, aux questions d’environnement à long terme. Il faut aussi penser à préserver notre cadre de vie actuel, et le cadre économique en fait partie. Comment défend-on notre niveau de vie, notre cadre productif et son efficacité ? Ce sont des questions fondamentales et la crise que nous traversons nous le rappelle.

La crise Covid, justement, va-t-elle bouleverser les enjeux de RSE ?

Avec la pandémie, la mondialisation est très critiquée. L’ancrage, local que nous avons placé en troisième position parmi nos priorités RSE, pourrait prendre encore plus d’importance auprès des consommateurs dans les prochains mois. Le local est un sujet déjà bien avancé chez France Frais ; nous sommes présents dans plus de 100 localités en France, ce qui nous confère une légitimité. L’idée est de montrer à nos clients que nous leur proposons un assortiment national en plus d’une collection d’assortiments locaux. Cela produit de la complexité, parce qu’il faut gérer davantage de fournisseurs et de références, mais cela en vaut la peine. Plus de 1 100 fournisseurs sont référencés par nos plateformes. Nous en considérons 560 comme « locaux », car ils sont situés dans le département de la plateforme qui distribue leurs produits ou dans un département voisin.

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Quels chantiers vous mobilisent concernant vos deux premiers enjeux : garantir la sécurité des aliments et veiller à la santé et la sécurité de vos équipes ?

Nos clients et nos salariés attendent qu’on prenne soin d’eux ! La RSE commence par le respect de la réglementation. Nous avons remis le sujet de la sécurité des aliments en tête de liste, car nous sommes engagés dans une démarche de certification FSSC 22 000*. Nous avons choisi la certification FSSC 22 000, qui est fondée sur la norme ISO 22 000, mais qui va plus loin en fixant des exigences de moyens supplémentaires. Deux plateformes ont été certifiées avant la crise Covid. Nous devons reprendre les démarches et souhaitons certifier une dizaine de plateformes d’ici au milieu de l’année prochaine. Ce sera le moyen de prouver publiquement le niveau d’exigence supérieur que nous nous assignons en matière de sécurité alimentaire.

En 2021, nous replaçons la santé et la sécurité des équipes tout en haut de nos priorités, car nos indicateurs ne sont pas aussi bons sur tous nos sites. C’est une exigence que l’entreprise a vis-à-vis d’elle-même et qui relève de sa responsabilité envers ses salariés. Cet examen nous conduira à optimiser nos équipements de sécurité pour les rendre plus performants.

Certains de nos collaborateurs exercent des métiers difficiles. Les chauffeurs-livreurs et les préparateurs de commandes risquent par exemple de souffrir du dos après 50 ans. Les entreprises ont toutes les raisons de se pencher sur le sujet. Humainement d’abord, nous le devons à nos équipes, économiquement ensuite, c’est notre intérêt. Ne rien faire, c’est s’exposer à la multiplication des arrêts de travail et des maladies professionnelles. La question de la santé au travail est également une exigence que les salariés ont envers eux-mêmes, car les messages autour des règles de sécurité s’émoussent avec les années. Procéder à des piqûres de rappel est parfois nécessaire.

Olivier Bitoun

Article extrait de Zepros Distributeurs RHD 11 daté Mai 2021

*Le FSSC 22 000 est un protocole internationalement reconnu qui complète les référentiels ISO existants en matière de sécurité des aliments.

France Frais : premier distributeur de produits frais à la restauration

• 1,5 Md€ de chiffre d’affaires en 2019 (CA attendu à - 20 % environ en 2020-2021. CA clos au 31/03/2021).

• 25 % de parts de marché dans la distribution de produits frais à la restauration.

• 4 000 collaborateurs.

• 129 filiales et dépôts en France.

• 4 familles de produits : frais (produits laitiers, viande), surgelés, épicerie, non-alimentaire (produits d’entretien, hygiène, articles d’emballage).

• 5 marchés : RHF, GMS et magasins de proximité, boulangerie-pâtisserie, boucherie-charcuterie, crèmerie.

Source : France Frais

Olivier Bitoun
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