Quel avenir pour les sociétés de restauration collective ?

Claire Cosson
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restaurant d'entreprise avec un collaborateur devant une ligne de self

Le cabinet Xerfi vient de publier une nouvelle étude concernant le marché de la restauration collective concédée. Riche d’enseignements, cette dernière dresse bilan mitigé pour les SRC à la croisée des chemins entre réglementation et pénurie de main d’œuvre. 

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Doucement, mais sûrement la restauration collective concédée retrouve son niveau d'avant la crise sanitaire du Covid-19. Selon la dernière étude du cabinet Xerfi, les SRC ont en effet réalisé un chiffre d'affaires de plus de 12 Md€ en 2024, marquant une progression de 4 %. « Cette dynamique devrait se poursuivre en 2025 et 2026, avec une croissance prévue de 1 % en volume et de 2,5 % en valeur », précisent les experts. De fait, le secteur demeure confronté à des vents contraires, avec notamment une réglementation accrue, une pénurie de main-d'œuvre et la concurrence d'alternatives toujours plus nombreuses. « La restauration collective (SRC) doit en effet composer avec des dynamiques contrastées », précise l’étude. Dans les entreprises, le recul du télétravail et la mise en place de cantines digitales dans les TPE et PME offrent des opportunités, tandis que la baisse de l'emploi et l'augmentation des défaillances d'entreprises constituent des freins. Le marché de l'éducation, affecté par le déclin de la population scolaire et étudiante, trouve un relais de croissance dans le développement des crèches privées. Quant au médico-social, le vieillissement de la population et l'essor des résidences services compensent en partie la stagnation de la demande des Ehpad.  « Malgré ce contexte, les marges des SRC devraient continuer à s'améliorer grâce à l'atténuation de l'inflation alimentaire et à des efforts de consolidation du marché », soulignent les auteurs de l’étude du cabinet Xerfi. En témoigne la reprise des fusions-acquisitions, notamment avec le rachat de Dupont Restauration par Compass Group France en novembre 2024, renforçant ainsi la position du groupe face à Sodexo et Elior.

Une règlementation toujours plus lourde

Véritable levier de transformation sociétale, la restauration collective est un acteur clé de la transition alimentaire. Servant quotidiennement des millions de repas à des publics variés, dont les jeunes enfants et les personnes âgées, elle est au cœur des enjeux de santé publique, de précarité alimentaire et de réduction de l'empreinte écologique. Les lois Egalim et Climat & Résilience imposent des exigences croissantes en matière de qualité des approvisionnements et de réduction de l'impact environnemental. Des réglementations qui engendrent des coûts de mise en conformité, que ce soit en matière d'achats alimentaires, d'investissements dans de nouveaux équipements ou de recrutement de personnel. "Ces obligations réduisent les capacités d'investissement des SRC dans d'autres domaines stratégiques, comme la digitalisation des parcours des convives", constate l'étude.

La pénurie de main-d'œuvre, un frein persistant

Autre constat effectué par les auteurs de l'étude : avec plus de 98 000 salariés, la restauration collective fait face à une crise de recrutement majeure. En concurrence avec la restauration commerciale et hôtelière, ainsi qu'avec la gestion directe des cantines par certaines structures, les SRC peinent à attirer de nouveaux talents. « La dégradation du marché du travail en 2025 pourrait offrir un léger répit aux services RH, mais sans apporter de solution durable. Pour pallier cette crise, les entreprises du secteur doivent repenser leur attractivité en offrant de meilleures perspectives d'évolution et des rémunérations plus motivantes."

Se réinventer

Les SRC ne doivent pas seulement composer avec les contraintes internes du secteur, mais aussi avec la multiplication des alternatives de restauration. Dans les entreprises et l'enseignement supérieur, la restauration rapide, les boulangeries et les offres de snacking de la grande distribution grignotent des parts de marché. Par ailleurs, les cantines digitales portées par les foodtech connaissent un essor significatif. "Pour rester compétitives, les SRC doivent innover, en proposant des repas plus attractifs, diversifiés et en phase avec les nouvelles attentes des consommateurs".
En somme, la restauration collective se trouve à la croisée des chemins. Entre consolidation du marché, mise en conformité réglementaire et défis liés à l'emploi, les acteurs du secteur doivent réinventer leur modèle pour concilier durabilité, rentabilité et attractivité. Une transformation nécessaire pour faire face aux mutations profondes du marché et garantir la pérennité de leurs activités.
 

Claire Cosson
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