Le pain, un produit massivement contaminé aux PFAS

, mis à jour le 07/12/2025 à 16h08
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Epandage de pesticides

Les polluants éternels ne se retrouvent pas uniquement dans l'eau et les sols. Une étude publiée par le réseau PAN Europe dévoile que le TFA, le plus petit des PFAS (substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées) est présent à haute dose dans les céréales européennes, qui servent notamment à la fabrication du pain ou des céréales consommées au petit-déjeuner.

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Le TFA, aussi connu sous le nom complet d'Acide Trifluoro-Acétique, est méconnu du grand public. Pourtant, il représente un danger aussi majeur que silencieux. Cette substance, créée par l'homme, fait partie de la désormais célèbre famille des PFAS. Ces molécules ont la particularité de présenter une liaison carbone-fluor particulièrement stable dans l'environnement, ce qui empêche toute élimination, entrainant progressivement une accumulation aux effets délétères pour l'ensemble de l'éco-système. Le TFA compte parmi les plus résistants de par sa structure : sa chaîne carbonée étant très courte (2 à 3 carbones), il est extrêmement difficile de les supprimer de l'eau. Selon un rapport publié début décembre par l'Anses, une contamination généralisée de l'eau potable française serait à craindre.

Une prise de conscience tardive

Les pesticides, fréquemment utilisés dans le cadre de la culture de céréales, contiennent des PFAS et vont, pour certains, générer du TFA en se dégradant. Un laboratoire autrichien a étudié, pour le compte du Réseau d’action contre les pesticides PAN Europe, accompagné de ses association membres, la concentration en PFAS dans 76 produits alimentaires (tous issus de la filière conventionnelle) contenant des matières premières céréalières. 16 pays ont été couverts par cette étude inédite. Jusqu'ici, seule l'eau avait été analysée par les pouvoirs publics, la recherche de vingt types de PFAS devant obligatoire à partir de janvier prochain au sein de cette ressource. Les résultats sont alarmants : 81% des échantillons sont contaminés par le TFA, avec un niveau de concentration 70 à 100 fois supérieur à celui observé dans l'eau. L'Union Européenne entend classer cette substance comme toxique pour la reproduction, même si la limite maximale de résidus n'a pas été encore fixée. Les produits à base de blé sont particulièrement touchés : un pain complet belge atteint les 340 000 ng/kg, alors même que la plus haute teneur répertoriée dans l'eau par l'Anses est de 25 000 ng/l. 

Vers une évolution des pratiques

Pour les associations environnementales, il est devenu urgent d'interdire les pesticides à base de PFAS, qui représentent encore 12% des références autorisées dans l'Union Européenne. Les défenseurs de l'Agriculture Biologique mettent, quant à eux, en avant les effets bénéfiques de leur modèle pour éviter la contamination des sols et de lourdes conséquences sur la population. 

Rémi Héluin, Rédacteur en chef du magazine Zepros Boul-Pat
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