David Giraudeau (La Mie Câline) : « Nous étions prêts pour la reprise » !

Myriam Darmoni
Image

Avec un chiffre d’affaires de 180 M€ en 2019, en augmentation de 6,7 % à périmètre constant, La Mie Câline est une enseigne qui se porte bien. Dès mardi, elle inaugurait deux nouveaux points de vente , et déjà elle annonce une reprise de 65 % à 70 % de son chiffre d’affaires sur la semaine. Rencontre avec David Giraudeau, son directeur général.

Partager sur

Avec un chiffre d’affaires de 180 M€ en 2019, en augmentation de 6,7 % à périmètre constant, La Mie Câline est une enseigne qui se porte bien. Dès mardi, elle inaugurait deux nouveaux points de vente , et déjà elle annonce une reprise de 65 % à 70 % de son chiffre d’affaires sur la semaine. Rencontre avec David Giraudeau, son directeur général.

 

Comment La Mie Câline a passé la crise ?

Nous avons pris l’annonce de la fermeture et la crise qui en a découlé en pleine figure. Notre unité de production à Saint-Jean-de-Monts (Vendée) a été mise à l’arrêt le jeudi 19 mars. Si 160 magasins (sur 237) sont restés ouverts, le chiffre d’affaires a chuté de 70 %. Notre activité se répartit entre la boulangerie, la restauration rapide (sandwichs et salades) et la gourmandise autour des viennoiseries et des cookies, notre produit-phare dont nous écoulons plus de 17 millions par an (30 % du CA !). Seule la boulangerie faisait un peu de chiffre d'affaires durant le confinement.

Il a fallu gérer les stocks, nous nous sommes retrouvés avec plus 60 jours de marchandises, des produits frais. Nous avons laissé aux franchisés, le choix des associations auxquelles donner.

Calinosphère et fonds de solidarité !

Nous avions des réunions régulières avec la Commission Conseil Stratégie (des franchisés élus, qui représente l’ensemble du réseau). Nous avons envoyé une newsletter hebdomadaire et mis à disposition de notre réseau social interne, « la calinosphère », la boîte à outils de toutes les aides et mesures. On y trouvait aussi bien des informations sur comment faire garder ses enfants que l’organisation des gestes barrières en magasins, ou l’obtention d’un PGE.

Nous avons gonflé notre fonds de solidarité maison, qui existe depuis plus de 20 ans.

Enfin, nous avons distribué des kits de reprise comprenant tout le nécessaire (masque, gel, visière…) et référencé les équipementiers où se procurer le matériel permettant la protection des employés et des clients.

 

Comment s’est déroulé la reprise lundi ?

Déjà, notre réseau est resté ouvert, aussi nous étions prêts. Nous avions déjà pris les mesures pour vendre au client en toute sécurité.

Et puis nous avons eu de bonnes nouvelles : l’inauguration de deux nouvelles boutiques et sur les trois premiers jours, nous avons réalisé 65 % à 70 % de notre chiffre d’affaires habituel. Ca semble reparti, mais l’incertitude sur l’avenir est de mise. Nous avons conscience qu’il n’y aura pas de retour à la normale avant 2021. Surtout qu’on ne peut absolument pas produire comme avant. Et que les achats sont un vrai casse-tête… Nous risquons d’atteindre un seuil et de ne pas pouvoir retrouver le CA d’avant. Il va falloir travailler sur ce fameux « dernier palier » pour retrouver les 100 % de notre CA.

 

Avez-vous eu des bonnes surprises avec cette crise ?

Oui notre activité digitale a bondi bien plus vite que ce que nous avions prévu. Nous avons gagné 1 ou 2 ans. Notre application existait mais vivotait. Le click & collect s’est transformé en click & delivery car nous avons développé la livraison. Bien sûr, nous étions déjà sur les plateformes de livraison et nous la testions en interne sur 5 ou 6 lieux de vente. Mais là la crise a été un super booster ! Pour l’instant ce sont les franchisés qui effectuent les livraisons, mais nous allons très vite organiser tout ça. Je regrette juste que la mise en place du paiement à distance freine le développement du click & collect.

 

Qu’attendez-vous du gouvernement ?

Il nous a offert un superbe parapluie qui nous a permis de survivre. Mais le modèle économique des mois à venir est anxiogène. Nous allons perdre du chiffre d’affaires, et augmenter nos coûts avec l’achat du matériel sanitaire. De même, nous n’avons pas de visibilité sur le coût de nos achats de matières premières.

Il faut que le gouvernement accède à la demande de baisse de TVA à 5,5 %, portée par le Snarr et Olivier Bertrand, et prenne des mesures pour les charges patronales et les loyers des bailleurs privés.

Les Français vont perdre en pouvoir d’achat, nous ne pourrons pas augmenter nos prix. L’Etat a mis en place un "parapluie", l’heure du remboursement arrivera ! Notre plan de relance « spécial crise » va jusqu’en octobre. Après ? L’incertitude règne.

 

Myriam Darmoni
Partager sur

Inscrivez-vous gratuitement à nos newsletters

S'inscrire