Jean-Charles Schamberger

[Top 100] « Les consommateurs attendent de vrais changements de la part de la restauration »

François Blouin
Président-fondateur
Food Service Vision
Image
Francois Blouin

François Blouin, président-fondateur de Food Service Vision, analyse l’évolution des stratégies RSE des distributeurs foodservice.

Partager sur
Quelles évolutions constatez-vous dans les démarches RSE des distributeurs ?
François Blouin

Les différentes préoccupations et actions des distributeurs en matière de RSE ne sont finalement que l’expression, dans le BtoB, de changements profonds des consommateurs. Ainsi, aujourd’hui, 73 % de ces derniers se disent attentifs au fait que les restaurateurs achètent des produits locaux, 57 % d'entre eux sont attentifs au bien-être des animaux et aux viandes achetées, 52 % aux emballages de la livraison, 50 % à l'empreinte écologique, et 43 % cherchent à limiter leur consommation de viande. Ils attendent donc de vrais changements de la part des professionnels de la restauration. Certaines initiatives sont tirées par les distributeurs, d’autres sont poussées par les consommateurs.

Côté offre 2022, la part des produits labellisés se stabilise à 21 % de l’assortiment des catalogues promotionnels (contre 14 % en 2017). Au sein de ces labels, 29 % sont des viande bovine, volailles et porc français, 26 % sont des AOP, et 25 % du bio. Ce dernier consolide sa place dans les assortiments des distributeurs. Autre signal faible : le végétal, frais ou transformé, connaît une évolution très forte - avec 626 promotions l’an dernier contre 480 il y a deux ans, bien que ne représentant que 0,7 % de l’assortiment. 
 

Comment les distributeurs se démarquent-ils ?
François Blouin

Au-delà des catalogues, nous décryptons les éléments de langage. Nous voyons bien que les distributeurs poussent tous les signes de qualité susceptibles de rassurer leurs clients restaurateurs et, par voie de conséquence, les consommateurs. Par exemple, Sysco est dans une démarche de clean label, Krill et UNL mettent en avant le bio et le local, France Frais pousse le côté amont coopératif et son lien avec les agriculteurs, Transgourmet, à travers sa stratégie Origine, fait le lien direct avec les fournisseurs. Quant aux cash & carry, il y a deux grandes stratégies : Metro joue l’ancrage local avec ses Halles, Promocash, du fait de son lien avec le groupe Carrefour, joue fortement l’appro direct, la sécurité alimentaire et les clean labels.

Qu’en est-il en restauration collective ?
François Blouin

Il y a bien sûr tout un mouvement du côté de la restauration collective, tiré par la législation Egalim qui impose aux distributeurs de sélectionner leurs assortiments et de mettre en avant certains produits et signes de qualité.

Y a-t-il des évolutions marquantes sur le temps long ?
François Blouin

En quelques années, on est passé d’une intention générale type « ce serait bien de s’en occuper » à une mise en œuvre réelle d’une vraie stratégie RSE. Ainsi il y a l’offre, que nous venons d’évoquer, mais il y a aussi un gros travail effectué sur les flottes de camions - avec les recours à l’électrique et aux biocarburants - et également sur l’optimisation des tournées. Il est à noter, par ailleurs, une grande rupture depuis deux ans avec le retour de la consigne dans l’univers des conditionnements boissons au détriment du verre perdu et du plastique. Le format canette est ainsi passé devant la bouteille PET car plus facile à recycler. On note aussi le redéveloppement du vrac.

Quels sont les sujets majeurs pour les deux ans à venir ?
François Blouin

Les grossistes en général sont à la tâche sur la légitimité même de leur métier dans la fonction logistique du dernier kilomètre. Dernier hectomètre même ! 
Il y a beaucoup de législations urbaines qui rendent difficile l’exercice du métier. Dans beaucoup de grandes villes, il y a des pressions politiques fortes, des élus et des électeurs écolo-sensibles. On pourrait imaginer demain des modèles avec des entrepôts communs, et une livraison finale mutualisée entre les différents acteurs… Nous ne sommes qu’au début de la transformation du dernier kilomètre, car nous sommes face à des problématiques économiques, écologiques et sociétales importantes. 
 

Image
LABELS
Image
CANETTES VS PET
Jean-Charles Schamberger
Partager sur

Inscrivez-vous gratuitement à nos newsletters

S'inscrire