
« Le collectif restera notre priorité pour la prise en compte du repas par les politiques publiques »

L’émotion était palpable, le 2 juillet, à la Maison du Lait (Paris 9e), lors de l’AG de Restau’Co.
Arrivée au terme de son second mandat, Sylvie Dauriat quitte la présidence du réseau. Celle qui est aussi
directrice de la Caisse des Écoles du 17e à Paris n’a eu de cesse de défendre les intérêts et l’image
de la restauration collective. Avec humilité, et en jouant toujours collectif, la présidente sortante
laisse derrière elle un bilan positif ayant notamment permis l’identification de Restau’Co comme
« un acteur important de l’alimentation auprès des institutions gouvernementales ». Christophe Mari lui succède. Rencontre.
Qui êtes-vous et quel est votre parcours professionnel ?
Après l’obtention d’un BTS en école hôtelière, j’ai immédiatement été attiré par la restauration collective que j’ai découverte lors d’un stage à l’hôpital d’Aubagne chez Eurest. Depuis plus de trente ans, j’exerce en restauration collective en France et à l’étranger. Après avoir passé le concours de la fonction publique, j’ai pris le poste de responsable de restauration sur les hôpitaux de Marseille. Je me suis formé régulièrement (licence RH, DESS de management de la restauration hospitalière et MBA de structures de santé et de solidarité) ce qui m’a permis d’évoluer au sein des hôpitaux de Marseille, occupant des postes en restauration collective hospitalière, en logistique, en transition écologique et en hospitalité hospitalière. Après avoir participé à la construction de la plateforme logistique de l’AP-HM (Assistance Publique des Hôpitaux de Marseille), puis l’avoir pilotée de 2013 à 2017, j’ai participé à différents travaux en lien avec l’alimentation durable, l’hôtellerie et la transition écologique. Un travail qui me permet d’occuper aujourd’hui le poste d’adjoint de direction à la direction de la logistique, de l’hôtellerie et de la transition écologique à l’AP-HM.
Qu’est-ce qui vous a conduit vers la restauration collective ?
La passion. Dès mes premières expériences, je me suis passionné pour l’alimentation du quotidien, le défi de la production de repas en grand nombre, et la diversité des typologies de convives.
Pourquoi vous êtes-vous présenté à la présidence de Restau’Co ?
Je suis élu au conseil d’administration de Restau’Co depuis dix ans. J’ai rejoint le bureau à l’occasion du 1er mandat de Sylvie Dauriat, il y a six ans. L’équipe actuelle et le travail mené autour de la gouvernance partagée m’ont donné envie de continuer pour poursuivre ce travail collectif.
Quelles sont vos priorités pour votre mandat ?
Comme présenté en AG en juillet, Restau’Co s’est fixé une feuille de route précise. Nos objectifs ? Faire grandir le réseau à travers une gouvernance partagée en consolidant nos messages avec les 15 associations qui composent notre conseil d’administration aux côtés de nos représentants en régions. Porter également une parole collective riche de l’expertise de chacun. Renforcer le réseau en étant à l’écoute des 20 000 membres et de leurs enjeux quotidiens. Et puis bien sûr : peser sur les politiques publiques et porter des demandes claires et concrètes comme : intégrer la qualité du repas dans les politiques d’établissement, valoriser le travail des cuisiniers et investir dans l’accompagnement des équipes pour l’amélioration des pratiques.
Vous avez déclaré que vous considériez le repas comme un soin et que cette notion serait le fil rouge de votre mandat. Qu’entendez-vous par là ?
Je considère en effet que le repas doit être au service de la santé et du plaisir. L’alimentation saine doit être considérée comme une priorité pour l’ensemble de nos consommateurs. À l’hôpital bien sûr, mais aussi pour l’ensemble des convives nourris en collectivité dans les écoles, les entreprises, les prisons, dans les armées, les établissements médico-sociaux et de santé. Le repas santé est un important levier de prévention que nous souhaitons faire reconnaître. S’agissant du secteur santé et médico-social, Restau’Co, avec l’Udihr, l’Acehf et l’AFDN, porte depuis six ans un plaidoyer pour la restauration hospitalière. Nous le renforçons cette année avec la Fnaqpa et le projet plus de bio pour nos aînés avec un angle médico-social plus large.
Un premier livre !
Quand il aime, Christophe Mari ne compte pas. La preuve. Il vient de publier un ouvrage intitulé :
Le Repas est un soin. Dans cet essai engagé et documenté de 400 pages, l’auteur propose une relecture complète du rôle de l’alimentation dans les établissements de santé. À travers une exploration nourrie de sources scientifiques, de politiques publiques, d’initiatives de terrain et d’analyses systémiques, il est démontré que l’alimentation hospitalière peut (et doit) devenir un levier stratégique de santé, de prévention, de dignité et de transition écologique. Tous les fonds récoltés seront reversés à Phoceo, le fonds de dotation de l’AP-HM, pour financer un projet concret d’alimentation saine dans un service de soin.