
Assemblée générale du Snarr 2025 : « A l’attaque ! »

Le Snarr a tenu son assemblée générale. Etude Xerfi, table ronde et présentation de la future charte signée avec France Travail étaient au programme.
Le Syndicat National de la Restauration Rapide (Snarr) a tenu son assemblée générale ce mercredi 21 mai à la Maison A, à Paris Trocadéro (16e).
Romain Girard (McDonald’s) a été reconduit à la présidence du bureau. Alexandre Simon, directeur général de Burger King, à la vice-présidence accompagné de Jean-Baptiste Thouvenin, directeur général de Prêt A Manger et Pierre Laurans (231 développement), secrétaire, rentrent au bureau. Esther Kalonji est reconduite à son poste de déléguée générale.
La restauration rapide à l’épreuve
La matinée a été rythmée par la présentation d’une étude, réalisée par le cabinet Xerfi, sur l’impact global des mesures législatives sur la contribution sociale et économique du secteur de la restauration rapide. Celle-ci était suivie d’une table ronde autour de la thématique : « La restauration rapide : la réalité d’un acteur souvent mis à l’épreuve et pourtant pilier essentiel de croissance économique et sociale française ». Enfin, la présentation de la feuille de route d’une charte autour de l’attractivité du recrutement dans le secteur, en partenariat avec France Travail. Celle-ci devrait être rapidement signée.
Un secteur qui pèse 29,8 Md€
En introduction, Véronique Louwagie, ministre déléguée chargée du Commerce, de l’Artisanat, des PME et de l’Economie sociale et solidaire, a rappelé (message vidéo) combien le secteur de la restauration rapide était un pilier de l’économie française, précisant qu’il pesait 29,8 Md€, 86 000 entreprises et employait 320 000 salariés. Mais aussi que le secteur faisait face à des mutations importantes, qui l’impactaient fortement. Aussi la transition était toute trouvée pour introduire la présentation de l’étude du cabinet Xerfi, menée par Alexandre Mazure et Clément Morin.
50 Md€ de CA cumulés
La restauration rapide pèse en effet un poids dans l’économique, surtout si on considère son impact indirect sur la dite économie : ce sont plus de 50 Md€ de chiffre d’affaires qui ont été générés en 2023, dont 10 M€ de valeur ajoutée. La raison c’est qu’un emploi direct génère 1,3 emploi en France (ce qui n’est pas le cas de la grande distribution). Le secteur contribue à 17 Md€ des achats, 40 Md€ dans les transports et la logistique et crée 56 000 emplois dans les fonctions supports.
Situation financière critique
Sous ses aspects positifs, l’étude s’est intéressée à la situation financière de 280 entreprises entre 2017 et 2023. Si les résultats nets sont encore positifs de 2,3 % en 2023, ils ont considérablement chuté sur la période puisqu’ils étaient de 6,4 % en 2017.
Cet « édifice important pour l’économie française est soumis à un tissu de difficultés », précise Alexandre Mazure.

Risque de défaillances au plus haut
Un tiers des entreprises est en perte nette et 50 % en situation critique. Pire le cabinet Xerfi pointe un risque accru de défaillance de 75 % en ce début 2025. Il était de 54% en 2017. « Sous des apparences de bonne attractivité, le secteur est en creux face à l’aggravation de sa situation financière », déclare l’expert.
Au-delà du contexte économique conjoncturel, le secteur est soumis à des contraintes législatives lourdes :
- la taxe soda : c’est 105 M€ de taxe supplémentaire, une augmentation des prix de 6 % en moyenne. Fin 2026, cette taxe entraînera une perte de chiffre d’affaires de 500 M€ sans compter la baisse inexorable du panier moyen.
- le sujet des titres-restaurants : cette mesure entraîne une perte d’ici 2026 de 295 M€ dont 100 M€ en 2025.
Et même si le gouvernement revenait à un scénario favorable au secteur, le gain serait de 54 M€ dont 5 M€ de pertes en 2025.
- la réforme des taux de TVA. Plusieurs scénarios ont été présentés, qui selon les différents cas entraîneraient au mieux un gain d’1 point de résultat net, au pire un maintien du CA.
Une étude qui démontre la grande fragilité du secteur, notamment des entreprises en pertes nettes.
Table ronde : La réalité d’un secteur mis à l’épreuve
Autour de la table Yves Bleuven, sénateur du Morbihan, Karine Berg, franchisée Burger King à Rouen, à la tête de 8 restaurants et emploie 400 personnes, Jean-Laurent Cassely, coauteur de La France sous nos yeux avec Jérôme Fourquet, et François Blouin, de Food Service Vision.
Les problèmes de recrutement (« 350 000 en 2025 dont 50 % en tension », selon Julien Besançon, directeur de France Travail), le millefeuille administratif, et les contraintes législatives : « la loi Agec nous a coûté en moyenne 40 k€ par restaurant pour, 12 h de plonge par semaine, mais 1,9 tonne de réduction de déchets », déclare la franchisée et de préciser que "l’usage des titres-restaurants en grandes surfaces pour acheter des plats préparés est un détournement de ce moyen de paiement, créé à la base pour les restaurateurs ».
Jean-Laurent Cassely a rappelé que la France était soumise à une « fastfoodisation » et que les enseignes américaines avaient gagné la victoire culturelle. Tout en précisant combien les frontières se brouillaient entre restauration traditionnelle et rapide, comme celles entre rapide et restauration que l’on peut trouver en grande distribution, et même entre restauration gastronomique et restauration traditionnelle. Mais que le secteur contribuait à l’aménagement des territoires et à revitaliser les centres-villes.
Les résultats de la revue Chaîne de Food Service Vision dévoilés : plus de points de vente, ticket moyen en hausse mais baisse de la fréquentation
François Blouin a rapidement révélé les grandes tendances 2025 de sa revue Chaînes pour l'année 2024.
- Sur 5 ans le secteur a connu 33 % de croissance.
- En 2024, Les points de vente ont progressé de 39 % mais leur surface a baissé de 4 % ;
- Le ticket moyen a augmenté de 20 % sous l’effet de l’inflation ;
- La fréquentation a chuté de 22 %.
« Le modèle de la restauration rapide est en croissance sur le temps long mais très compliqué à manager avec les écarts de résultats selon les semaines », déclare l’expert. Et de préciser qu’il s’est aussi modifié avec l’essor de la boulangerie et l’effet coffee-shop. Le modèle est résilient et s’est adapté. Il y a 5 ans, la livraison ne pesait pas ce poids et les bornes de commande et le click & collect’ existaient à peine ».
Présentation du projet de charte avec France Travail
Après cette table ronde, au cours de laquelle le député a critiqué vertement le travail des journalistes en général, remarque fortement applaudie par l’auditoire… Gaël Mosny (DRH Bertrand Franchise et Burger King), Amélie Duclos et Julien Besançon ont présenté la charte qui devrait être prochainement signée. France Travail s’engage à accompagner le Snarr dans le recrutement des personnes éloignées de l’emploi, celles en situation de handicap, ainsi que les Seniors, voire au RSA… Un tour de France de 25 villes va être entrepris pour mieux faire connaître les entreprises du secteur et les emplois proposés ainsi que les évolutions de carrière possibles.
« A l’attaque ! » a conclu Romain Girard. « Maintenant qu’on connaît les risques, on est prêt à affronter la réalité. Il faut raconter nos histoires, reprendre tous les sujets positifs et montrer que ces contraintes législatives sont insupportables. A l’attaque dans les territoires ! »
Le conseil d'administration
MCDONALD’S FRANCE représentée par Romain GIRARD - président
BURGER KING représentée par Alexandre SIMON – vice-président
PRET FRANCE représentée par Jean-Baptiste THOUVENIN – vice-président
QUICK représentée par Frédéric LEVACHER - trésorier
231 DEVELOPPEMENT représentée par Pierre LAURANS - Secrétaire
PIZZA HUT YUM représentée par Anne LAINÉ
DOMINO’S PIZZA représentée par Joël TISSIER
HÄAGEN DAZS (GENERAL MILLS) représentée par Aurélie LORY
KFC représentée par Isabelle HERMAN
O’TACOS CORPORATION représentée par Stéphane CHEREL
POKAWA représentée par Bart DE VREESE
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