
Les burgers bientôt taxés à 20 % ?

Un amendement discuté à l’Assemblée nationale dans le cadre de l’examen du Projet de Loi de Finances 2026 prévoit l’adoption d’un double taux de TVA dans la Restauration, dont un à 20% pour la majorité des établissements. Est-ce bien raisonnable ?
La TVA dans la Restauration en débat à l'Assemblée nationale
Parmi les quelque 1 521 amendements déposés par les députés dans le cadre de l’examen du Projet de Loi de Finances 2026, il y en a un très discret, qui s’il est adopté, va fortement impacter le budget des Français : celui de la TVA dans la restauration. Actuellement celui-ci est de 10 % et de 5,5 % pour la vente à emporter.
Vers une double TVA dans la Restauration ?
L’amendement N° I-CF1164, déposé par Philippe Brun, député PS de l’Eure, prévoit la mise en place d’un double taux de TVA dans la restauration, ainsi qu’un doublement de celle-ci. En effet, l’amendement préconise le passage à la TVA à 5,5 % pour les restaurateurs, bénéficiant du titre de Maître Restaurateur, soit 3 330 établissements ; tous les autres établissements, 170 000 selon l’Insee, seraient quant à eux taxés à… 20 % ! Selon les premières estimations, sur un plat ou un menu à 10€, cela correspondrait à une hausse de 80 cts, tandis qu’un repas à 100 € diminuerait d’office de 5 €.
Une mesure discriminante et impactante sur l'économie du pays
C’est là une mesure, qui si elle était adoptée, grèverait gravement le pouvoir d’achat des Français déjà bien amputé. En effet, la sortie au restaurant est pour les familles un des loisirs encore maintenus dans leur budget lorsqu’ils doivent arbitrer leurs dépenses. Surtout cette mesure nuirait fortement à la profession, déjà bien impactée. Selon l’étude Xerfi Specific x Snarr 2025, la restauration rapide a dû faire face à une hausse des charges d’exploitation de 30 % entre 2021 et 2023 ; +26 % des hausses des charges sociales entre 2017 et 2024, sans parler de la taxe sur les boissons sucrées (impact cumulé -480 M€ de CA) ou la dérive de l’usage des titres-restaurants vers la grande distribution, estimée à un manque à gagner de 300 M€ de manque à gagner d’ici 2026.
Un secteur créateur d'emplois
Rappelons que dans un pays désindustrialisé, la restauration emploie plus d’1,1 million de personnes et permet de créer au quotidien des emplois, de manière directe (en moyenne, ce sont 30 emplois créés à chaque ouverture de restaurant franchisé), ou indirect (BTP, transport, service, etc.) Selon Xerfi, plus de 16 000 emplois directs et plusieurs milliers d’emplois indirects pourraient être menacés si les contraintes économiques et fiscales s’accumulaient.
Un amendement au goût amer
Cet amendement s’il devait être adopté aurait un goût amer. Taxer à 20 % une restauration populaire, du quotidien, souvent seule sortie mensuelle des familles pour que les gastronomes aisés puissent bénéficier d’une ristourne sur leur repas, n’est pas la meilleure idée pour soutenir les classes populaires et plus généralement le pouvoir d’achat des Français.
Les organisations syndicales unies contre le doublement de la TVA
Dans un communiqué commun, le SNARR, la FEB, les Traiteurs de France, le GHR et le GNC se disent fermement opposés à l'amendement prévoyant de soumettre l'ensemble des restaurants à un taux de TVA de 20 %, contre un taux réduit à 5,5 % pour les établissements titulaires du titre de Maître Restaurateur. "Cette mesure est totalement déconnectée des réalités sociales, économiques et financières de notre pays. Ni les restaurants ni leurs clients n'ont les moyens de supporter une hausse de la TVA dans la restauration", déclarent-t-ils d'une même voix. Au-delà des chiffres mentionnés ci-dessus, le communiqué rappelle que les défaillances ont, selon Altares, atteint des niveaux records : en 12 mois, 9 000 restaurants ont fermé leur portes.
"Le doublement du taux de TVA dans la restauration conduirait à une baisse du chiffre d'affaires de 7,5 Md€, à une perte nette supérieure à 3 Md€ et menacerait entre 15 000 et 40 000 restaurants (Xerfi)", précise le communiqué.
Et de conclure : "Pour les organisations de la restauration populaire et du quotidien réunies, cet amendement parlementaire donnerait de l'air à 1% des restaurateurs et asphyxierait les 99% restant ainsi que leurs clients. Il est impératif de préserver le pouvoir d'achat des Français, l'ensemble de la filière et l'emploi dans nos territoires".