Education à l'alimentation : une chance pour la boulangerie ?

, mis à jour le 19/10/2025 à 13h31
Image
Etats généraux de l'éducation à l'alimentation et au bien manger

Olivia Grégoire, députée de Paris et ex-ministre, s'est donné une nouvelle mission : réintégrer le bien-manger au coeur des habitudes des nouvelles générations. Lors des États généraux de l’éducation à l’alimentation et au bien manger, organisés à l'Hôtel de Lassay (Assemblée Nationale, Paris 7è), plusieurs pistes ont été explorées... et pourraient bénéficier à la filière boulangerie, dont les produits pâtissent d'une faible compréhension de la part du public.

Partager sur
Image
za coll
Image
za coll

125 milliards d'euros chaque année : c'est le montant que coûtent au système de santé français une mauvaise alimentation et les pathologies qu'elle engendre, selon une estimation de l'Institut Montaigne. Une maladie qui touche un adulte sur cinq, en plus d'avoir vu son incidence multipliée parmi la population des 18-30 ans en seulement trente ans. Face à ce constat alarmant, la députée de Paris Olivia Grégoire entend agir au travers d'un projet simple : réintroduire à l'école l'éducation alimentaire. La transmission du goût et du bien-manger avait été confiée à la sphère privée, or ce capital essentiel s'est délité au sein des foyers. Marketing, transformation des structures familiales, évolution des modes de vie... autant de transformations qui ont permis l'avènement d'une alimentation où la rapidité et la praticité sont devenus des valeurs cardinales, au détriment des considérations éthiques ou nutritionnelles. L'absence d'éducation à l'alimentation contribue également à l'aggravation des fractures sociales, les pratiques étant très différentes en fonction des différentes classes qui composent la société. 

Des initiatives déjà couronnées de succès

Plusieurs associations et entreprises privées ont d'ores et déjà déployé des interventions au sein des écoles. Ces initiatives ont été présentées lors de la journée du 15 octobre, avec des résultats prometteurs. En six ans, l'Ecole Comestible, fondée par la journaliste Camille Labro, a réalisé 4 000 ateliers et rencontres autour des métiers du goût. Cela a permis aux participants d'accroître leur connaissance des produits de saison et d'acquérir un nouveau vocabulaire autour des plaisirs culinaires. Ces interventions, co-construites avec les enseignants, ne sont pas les seules à prendre corps dans le établissements éducatifs. La structure La Tablée des Chefs accompagne également le développement des compétences permettant à chacun d'augmenter la part de plats "maison" consommés. L'enjeu est désormais de parvenir à uniformiser les pratiques et de rendre cette éducation obligatoire. C'est l'objectif de la Proposition de loi (PPL) qui sera prochainement déposée par Olivia Grégoire. Le dispositif prévoit une expérimentation dans quatre territoires volontaires, avant un déploiement national si le format s'avérait efficace.

Une dynamique au service de la filière boulangerie

Jusqu'à présent, les acteurs de la chaine allant du grain au pain déployaient des initiatives visant à sensibiliser le public à l'importance de leur travail et à la nécessaire sélection des produits. C'est notamment le cas de la campagne "Sans pain, c'est moins bien", pilotée par Intercéréales et cofinancée par l'Union Européenne. Déployée sur trois ans, entre 2024 et 2027, l'initiative répond à une problématique forte : les consommateurs n'ont plus une conscience suffisante de l'importance du pain dans leur alimentation. Des exemples marquants en témoignent, à l'image du développement des baguettes à bas prix (dont la référence à 29 centimes proposée chez E. Leclerc, Lidl et Aldi) qui a provoqué l'émoi des filières. Apporter aux citoyens de demain des éléments de compréhension sur le produit, ses réalités agricoles et la nécessité de le respecter pleinement, en limitant le gaspillage alimentaire, pourrait se révéler salutaire. L'exemple de l'Atelier Pain développé par l'Ecole Comestible permet d'entrevoir les liens que la généralisation de l'éducation alimentaire pourrait créer : les jeunes élèves sont sensibilisés à la singularité de chacune des variétés de céréales, découvrent le fonctionnement d'un moulin puis sont initiés à la panification sur levain naturel... avant de pouvoir déguster le produit fini. Un format qui offre une vision complète sur la réalité du terrain, qui était invisible pour de nombreux consommateurs, centrés sur le prix et la seule nécessité de se nourrir.

Rémi Héluin, Rédacteur en chef du magazine Zepros Boul-Pat
Partager sur

Inscrivez-vous gratuitement à nos newsletters

S'inscrire