Campagne 2025 : une moisson abondante et qualitative... mais peu rémunératrice

, mis à jour le 11/09/2025 à 18h52
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Champs de blé

Après une année 2024 marquée par l'effondrement de la production de grains en raison d'une pluviométrie excessive, la nouvelle récolte était attendue avec impatience. Le travail de la filière a été récompensé : 33,1 millions de tonnes de blé sont venues remplir les silos. Si la qualité se révèle tout aussi satisfaisante, c'est du côté de la rémunération des producteurs que le tableau est bien plus sombre.

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Qualité et quantité. C’est ainsi que l’on pourrait résumer le bilan de la moisson 2025, achevée de façon précoce dans le courant du mois d’août. L’estimation fournie par l'Agreste, le service statistique du ministère de l’Agriculture, fait état d’une hausse spectaculaire de 24% de la production de blé tendre par rapport à 2024. Une moisson qui avait fait date dans l’histoire, étant considérée comme la pire depuis 40 ans. La pluviométrie excessive de l’époque a laissé place à des conditions idéales, permettant d’obtenir des grains correspondant aux attentes des utilisateurs. 

Protéines et force boulangère au rendez-vous

A La Rochelle (Charente-Maritime), FranceAgriMer, en partenariat avec Arvalis a achevé début septembre ses analyses sur les blés tendres, permettant de dresser un portrait fidèle de la récolte. 69% des grains atteignent ou dépassent 11% de teneur en protéines, tandis que l’indice de chute de Hagberg est égal ou supérieur à 300 secondes pour 92% des blés testés. La force boulangère (ou W) demeure satisfaisante, se situant entre 150 et 170 pour 29% des échantillons et entre 170 et 200 pour 35% des grains, un résultat proche des moyennes quinquennales. Seuls les blés « de force », affichant un W supérieur à 200, sont en retrait : ils ne représentent que 16% de la récolte, contre 24% sur les cinq dernières campagnes. Cette bonne qualité globale permettra aux boulangers de disposer d’une matière première fiable.

Des cours mondiaux au plus bas, ne couvrant plus les coûts de production

En dehors de nos frontières, la production de blé se révèle tout aussi solide. L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) estime que la production mondiale de céréales devrait atteindre 804,9 millions de tonnes en 2025, soit une hausse d'environ 2,3% par rapport à l'an passé. La progression des cours mondiaux observée entre 2020 et 2024, avec un épisode de crise lié au conflit ukrainien, est désormais complètement effacée. La céréale se négocie aux alentours de 170 euros la tonne sur le marché à terme (180 euros rendu à Rouen), alors même que les coûts de production estimés en France avoisinent les 200 euros pour la même quantité. Une situation intenable pour les agriculteurs, qui sont placés à nouveau dans une grande précarité. La préservation des intérêts de chaque acteur de la filière, du grain au pain, sera un enjeu majeur dans les mois à venir.

Rémi Héluin, Rédacteur en chef du magazine Zepros Boul-Pat
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