Jean-Charles Schamberger

[Top 100] « Parmi nos différents chantiers, la RSE est notre fil vert »

Michel Sanson
Président
Geco Food Service
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Michel Sanson - GECO FOOD SERVICE

Panorama du marché des grossistes distributeurs foodservice - Entretien réalisé le 17 juin.
Zepros Distributeurs RHD 20 Spécial Top 100 - Edition 2024

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Comment se portent les fournisseurs de la restauration hors domicile ?
Michel Sanson

Beaucoup d’entreprises se désensibilisent du segment GMS, en accélérant sur les segments CHD et Export. Le Geco Food Service, qui regroupe des entreprises engagées sur ces marchés de la consommation hors domicile, constate que cela est maintenant au cœur de leur stratégie. C’était absolument nécessaire !
 

Que s’est-il passé au Geco Food Service depuis un an ?
Michel Sanson

À mon arrivée, il y a un an, nous avons engagé avec le comex une importante séquence de travail de septembre à mi-décembre 2023. Cela nous a permis de clarifier la vision, la mission et les valeurs de l’association. Nous avons ensuite écrit notre feuille de route avec nos axes stratégiques parmi lesquels nous avons comme « fil vert » la RSE. C’est très important car je ne suis pas sûr que tous les acteurs soient conscients des coûts et des enjeux de transformation qui sont devant nous. 
C’est maintenant que nous allons vraiment commencer à être au pied du mur, même si beaucoup a déjà été fait parmi la centaine d’adhérents de nos deux collèges : agroalimentaire et équipement-service-hygiène (ESH). Enfin, nous nous sommes mis d’accord sur deux choses bien distinctes : la raison d’être de l’association et la mission du collectif.
 

Quelles sont-elles ?
Michel Sanson

La raison d’être de l’association est la suivante : « Rendre ses adhérents plus experts, plus éclairés et plus agiles pour performer sur le marché de la restauration hors domicile ». C’est exactement ce que nous sommes en train de faire sur la REP Restauration car cela devient supertechnique et très impactant. La mission du collectif, quant à elle, est un peu plus large : « Construire avec tous les acteurs de la filière une restauration hors domicile, toujours plus innovante, agile et responsable ». C’est vraiment quelque chose propre à ce marché du BtoB et qui nous différencie des entreprises fournisseurs du retail.
Avec le comex, nous avons également clarifié nos valeurs socles qui sont l’ouverture d’esprit, l’engagement, la quête d’excellence et la passion du foodservice. Beaucoup d’industriels qui nous ont rejoints récemment, et aussi d’autres qui ne sont pas forcément adhérents, sont contents de voir au travers du Geco Food Service une association d’industriels pure players du foodservice : on ne parle que foodservice du matin au soir au Geco ! Ce n’est pas par hasard si l’on nous a demandé de prendre la présidence du comité des parties prenantes de Citeo Pro. Ce n’est pas par hasard si nous siégeons au CNRC et à l’Ania… grâce notamment au remarquable travail des permanentes de l’association : Frédérique Lehoux, Laurence Vigné et Lora Kovacheva.
 

Vous avez également écrit votre plan stratégique…
Michel Sanson

Parmi nos différents chantiers, la RSE, évidemment, est notre « fil vert ». En 2023, nous avons rencontré et auditionné de nombreux intervenants au sein de nos commissions. Ils nous ont expliqué ce qu’ils entendaient faire avec le ReUse, leurs économies en matière de gestion de l’eau, de l’énergie, etc.  
Avec un sujet qui reste majeur en 2024 :  comment peut-on mieux prévoir pour mieux gérer ? Nous avons eu l’impression d’être très méprisés par les pouvoirs publics en ce qui concerne la mise en place de la REP Restauration. Nous alertions depuis des mois en disant que nous n’étions pas des acteurs du retail, mais du foodservice avec des road to market qui sont particulières, et qui peuvent même paraître complexes pour des non-initiés. On ne peut pas faire de copié-collé de la GMS : il faut, par exemple, nous donner des éléments au moins six mois avant les dates d’application. Et là, nous étions face à un mur en béton ! Nous n’avons pas de problème avec la direction que l’on prend, mais avec les modalités. Comment gérer une affaire si l’on ne prévoit pas ?

 

Les choses se sont-elles améliorées ?
Michel Sanson

Depuis février, nous avons resserré les liens avec l’éco-organisme Citeo Pro, et sa directrice déléguée Sabine Haltebourg, en termes d’échanges réguliers afin de se dire les choses de façon directe, sans détours. Cela nous a permis de mieux cerner le cadre et les contraintes dans lesquels ils évoluaient et, en même temps, de leur faire comprendre qu’il est impératif de disposer des tarifs 2025 pour la REP Restauration, au minimum six mois avant leur application. C’est forcément compliqué pour eux mais pour nos adhérents c’est essentiel pour la conduite de leurs affaires. Ils peuvent ainsi avoir une discussion avec leurs distributeurs ainsi qu’avec les acteurs publics et privés qui ont besoin de visibilité. C’est important car, à travers ces écocontributions, ce sont des efforts financiers qui vont être demandés à chacun des acteurs de la filière pour financer des systèmes qui se veulent vertueux. C’est une très belle idée sur le papier… mais après cela se pose les questions du combien, quand, et qui paie ? Combien ? On l’a constaté sur la REP Restauration depuis le 15 mars.

Ensuite, pour plusieurs industriels, l’essentiel de l’écocontribution sera celle de la REP EMA (emballage mixte alimentaire), beaucoup plus que celle de la REP Restauration, car ils sont en dessous des seuils en termes d’emballages. Et puis, il y a la REP EIC (Emballages mixtes et commerciaux), qui est en train de se profiler. Ici, aucun éco-organisme n’a été désigné encore et il sera vraisemblablement impossible d’obtenir des tarifs avant fin décembre 2024… pour une application au 1er janvier 2025 ! Dès lors, difficile de négocier avec ses clients.

 

Que font alors les industriels ?
Michel Sanson

Nous constatons un grand retour aux fondamentaux, pour nous comme pour l’ensemble des acteurs de la filière Restauration. C’est classique en de pareils cas : sur la qualité, le rapport qualité-prix, la qualité de l’offre produit service, le pilotage et le contrôle des coûts et des marges, et puis, bien sûr, l’engagement des équipes, la qualité des équipes, la proximité face aux clients. Quand les temps sont plus durs, il faut veiller à avoir la surface de contact la plus grande possible avec son amont et son aval pour être le plus pertinent. Avec tous ces coûts, l’inflation risque d’être forte. 

Comment les industriels font-ils passer le message auprès de leurs clients ?
Michel Sanson

Le Geco Food Service jouera son rôle mais il ne peut pas être seul. Il faut que toutes les associations de restaurateurs fassent aussi de la pédagogie. À noter d’ailleurs que des PME et des ETI viennent vers le Geco - nous avons gagné de nouveaux adhérents et nous avons des discussions avec d’autres futurs adhérents - parce qu’elles ont besoin d’une expertise pointue sur ces sujets de la REP.
 

À quels autres dossiers serez-vous également attentifs ?
Michel Sanson

À ce que nos gouvernants ont appelé le « choc de simplification ». Nous espérons que cela va avancer car c’est devenu très complexe, voire quasi illisible. Notamment sur toutes les problématiques qui ont agité les filières agricoles : réglementations européennes, transpositions françaises, disqualifications de certaines filières françaises par rapport à des filières européennes ou étrangères, et importations massives.
 

La crise agricole est-elle apaisée ?
Michel Sanson

Je ne sais pas répondre. Ce que je trouve intéressant, c’est d’entendre que de nombreux acteurs, y compris dans notre univers de la restauration, prennent des engagements de filières afin d’offrir de la visibilité et un prix suffisamment rémunérateur. 

Jean-Charles Schamberger
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