[Top 100] « Nous devrons être très connectés avec notre écosystème »
Michel Sanson a pris officiellement le 15 juin la présidence du Geco Food Service après une gouvernance de transition de six mois, succédant ainsi à Laurent Repelin. Poursuivant dans le sens d’une démarche de promotion et de défense collective et organisée de la filière, il évoque les réflexions qui conduiront à l’élaboration de la feuille de route de son comex.
Panorama du marché des grossistes distributeurs foodservice - Entretien réalisé le 19 juin.
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Nous sommes confrontés à la fois à des défis sans précédent et à de très nombreux changements : transitions agricoles, alimentaires, modes de consommation, vieillissement de la population, problématique de décarbonation, digitalisation des filières… Et ce qui me frappe, c’est une accélération depuis deux ou trois ans. Tous les éléments du cocktail étaient déjà présents il y a dix ans, mais désormais il y a urgence. Il faut donc que nous, Geco Food Service, continuions à être en veille et décrypteurs de tendances. Je trouve que la situation est complexe mais passionnante : il faut tout à la fois monter en gamme, respecter Egalim et répondre au défi de nourrir tout le monde avec des solutions économiques rationnelles !
Nous allons être extrêmement attentifs, à la fois au sein du Geco Food Service et avec les 6 organisations professionnelles de la filière restauration avec lesquelles nous travaillons régulièrement, et aussi en nous appuyant sur nos adhérents, à tous les sujets que nous venons d’évoquer ainsi qu’aux dossiers réglementaires. Ainsi, le dossier actuellement sur la table qui nous occupe beaucoup est celui de la REP* Emballages de la restauration : cette écocontribution était prévue pour le 1er janvier mais personne ne connaît exactement le périmètre d’application en termes d’emballages concernés, ni la tarification.
Nous n’avons pas encore écrit la feuille de route du Geco Food Service des trois prochaines années, même si nous allons nous appuyer sur les chantiers que nous avons menés durant les trois dernières, tel le décryptage des tendances. Nous réunissons notre comex le 20 septembre pour écrire collectivement notre feuille de route, laquelle devrait être ensuite finalisée en octobre. Nous ferons de la coconstruction et il n’est pas question de tout décider avant. Nous sommes au service des adhérents et nous allons donc commencer par les écouter : d’abord ceux du comex, puis l’ensemble, pour être sûr que rien ne nous échappe.
J’ai été frappé par la richesse de l’ensemble de la communauté du Geco Food Service, qu’il faut continuer à bien exploiter et faire connaître. Notre association compte une centaine d’entreprises adhérentes, fournisseurs des marchés de la CHD, avec un collège agroalimentaire et un collège équipement-service-hygiène (ESH). Venant de l’agroalimentaire, je trouve que nous avons beaucoup à apprendre de cet environnement ESH parce que, s’il y en a un qui a été confronté à des engagements RSE avant tout le monde, c’est bien lui ! Les fabricants d’équipements de cuisine, de produits et de solutions de lavage et d’hygiène, d’emballages, etc., travaillent depuis des années sur des solutions de durabilité, de recyclage, de réutilisation, abordables économiquement. C’est très intéressant et il faut donc veiller à ce que les deux collèges se nourrissent mutuellement.
Autre richesse, celle des quelque 1 000 personnes membres de notre communauté Geco dont les profils ne sont pas forcément marketing ou commerciaux. Il y a aussi des professionnels du QHSE**, de la RSE, de la com’, de la R&D, etc., qui fréquentent nos 5 commissions. Le Geco Food Service a la particularité d’être une association « pure player » de la CHD et ce partage d’expériences est précieux.
Nous sommes en dialogue et relations étroites avec le maillon des grossistes-distributeurs, depuis les États généraux de l’alimentation et la loi Egalim, et plus encore depuis la crise Covid. Nous avons ensemble subi l’arrêt brutal de nos marchés, nous avons dialogué ensemble pour réunir les conditions d’une reprise la plus fluide possible. Nous travaillons étroitement avec l’organisation des grossistes, notamment, sur le sujet des marchés publics dont les prix sont aujourd’hui inadaptés au contexte économique. Au sein du Geco, nous invitons régulièrement les grossistes-distributeurs dans le cadre de nos Rencontres Clients. Il y a de grands acteurs incontournables de la distribution foodservice, et de la logistique, et il y a aussi des acteurs qui gravitent autour, des start-up, et il est intéressant de voir comment ils viennent s’interfacer et comment ils peuvent être des facilitateurs, pour eux comme pour nous. Nous aurons un dialogue de filière responsable et engagé.
Nous avons un très gros sujet qui est celui de la création de valeur tout au long de la filière, depuis l’amont agricole aux opérateurs de restauration, dans un contexte économique rendu encore plus compliqué par les enjeux et défis de transition alimentaire et écologique. Chaque maillon est fortement contraint… Je suis persuadé que nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Personne n’est capable de dire ce qui va se passer durant les trois prochaines années. Salaires et énergies ne devraient pas baisser et nous aurons d’autres coûts, que nous ne mesurons pas aujourd’hui, sur les emballages et sur la décarbonation. Nous aurons vraiment besoin d’être très bien connectés, non seulement à nos distributeurs mais à tout l’écosystème de la filière, et aussi aux pouvoirs publics, car nous devrons faire des arbitrages.
Il faut également que les dirigeants et décideurs des entreprises qui font partie du Geco Food Service, ou qui en sont proches, s’intéressent encore plus au hors-domicile. Certains en sont convaincus mais pas tous. Nous allons continuer à porter le message comme nous l’avons fait auprès de l’Ania, pour expliquer ce qu’est le foodservice, ce que fait le Geco Food Service, pour que, par exemple, sur de grands événements comme le Sirha, les états-majors de ces groupes soient présents et pas seulement leur division restauration. Le hors-domicile est à la fois un relais de croissance, un laboratoire d’essai et une vitrine.
Cela va être très intéressant ! Je pense vraiment que, dans nos métiers, il va falloir à la fois que l’on garde le cap - celui d’un monde plus durable - et que l’on soit extrêmement flexible, agile, et réactif face à l’accélération des transitions.
*Responsabilité élargie des producteurs
**Qualité, Hygiène, Sécurité, Environnement