Quel bilan dressez-vous, au bout de trois ans, de votre passage des cuisines de palace à celles de l’école hôtelière ?
Ma reconversion a un peu surpris mes confrères. J’étais hésitant la première année, je craignais ce manque d’adrénaline du service. Je le compense autrement. J’ai 25 chefs en boulangerie, pâtisserie, et cuisine sous ma responsabilité. Que des chefs d’expérience qui ont travaillé au plus haut niveau et reconnus par leurs pairs. C’est du lourd, cela me tient. Je gère aussi le domaine du vin et la préparation comme la production au sein de l’Institut car nous avons des ateliers ouverts au grand public. On a également ouvert un café Le Cordon Bleu qui va au-delà d’un simple café puisqu’on y fait des plats chauds en plus du pain, des viennoiseries, des pâtisseries, salades et sandwiches renouvelés tous les jours et en partie cuisinés avec les légumes bio de notre roof garden, un potager de 800 m² sur le toit : on fait notre compost, on récupère les épluchures, on arrose avec l’eau de pluie, sans pesticides ni engrais. C’est de la pédagogie. Cette charge de directeur culinaire a aussi consisté à remettre à jour les formats de l’enseignement et du diplôme Le Cordon Bleu. On étudie notamment les tendances de restaurant : la présentation ou l’actualisation de techniques comme la cuisson basse température, le sous-vide, le moléculaire, la fermentation, la cryogénie. Nous sensibilisons les élèves à la saisonnalité, à l’alimentation saine, etc. Selon moi cela ne peut pas être indépendant de notre formation qui doit être le reflet de ce qui se passe dans l’industrie alimentaire. Nous devons vraiment être dans les codes actuels.