"FrogPubs est en péril", le cri d'alarme de Paul Chantler

Myriam Darmoni
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Paul Chantler est dirigeant du groupe FrogPubs. Il nous a envoyé un cri d'alarme. Nous publions son texte dans son intégralité.

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« Après la dernière annonce de la prolongation jusqu'au 20 janvier minimum de la fermeture des bars et restaurants,

  1. Nous, le groupe de bars, restaurants et micro-brasseries FrogPubs (250 collaborateurs sur 11 sites) dénonçons tout d'abord la gestion erratique, épuisante et stigmatisante de cette crise par le gouvernement.

Au rythme de fuites dans la presse le jeudi / vendredi, sondages pour juger la réaction populaire pendant le week-end, annonces le mardi (surtout quand il faut constater les chiffres de la veille et qu'il convient de les avoir le plus bas possible), décrets le jeudi, et ainsi de suite presque toutes les semaines, nous avons passé des journées à planifier notre organisation en fonction des dernières annonces pour les défaire dans la foulée et refaire l'exercice la semaine d'après. Personne ne peut gérer une entreprise dans ces conditions.

Lors du premier déconfinement, entre le 2 juin et le 30 octobre, nos équipes se sont investies pleinement dans le respect des protocoles sanitaires pour pouvoir accueillir nos clients en toute sécurité.

Nous avons accepté de perdre la moitié de notre chiffre d'affaires pendant cette période. Le mois d'octobre a d'ailleurs été notre pire mois de l'année en termes de consommation de trésorerie : -150K€ en un mois, soit -5K€ par jour. A ce rythme, un groupe de notre taille ne tient pas longtemps debout !

Sur cette même période, nous n'avons pas eu un seul cas notifié de contamination dans nos lieux. Or, aujourd'hui, le gouvernement, sans aucune étude significative et argumentée pour valider ses décisions, préfère faire confiance aux Français pour respecter les gestes barrières pendant les fêtes de fin d'année tout en refusant l'ouverture des bars et restaurants avec des protocoles sanitaires stricts et encadrés par des professionnels. C'est donc l'ensemble du secteur d'activité qui est stigmatisé, et les conséquences économiques et sociales risquent d'être terribles.

2. Nous sommes obligés de tirer la sonnette d'alarme et pointons les conséquences catastrophiques que ces mesures ont sur notre activité :

-Perte de 60% de notre chiffre d'affaire en 2020.

-Trésorerie au plus bas après l'épreuve du 1er confinement, avec impossibilité imminente de pouvoir payer les charges courantes de notre entreprise.

-Réalité très limitée de notre accès aux aides annoncées par le gouvernement et loin des promesses faites.

-Perspectives pour 2021 (réouverture hypothétique au 20 janvier, 3ème vague, récession, etc.) qui ne font que creuser davantage le trou de trésorerie de 2020.

-Effets catastrophiques sur tout l'écosystème qui nous entoure : fournisseurs, bailleurs, prestataires.

 

Notre entreprise contribue en temps normal pour plus de 10 millions d'euros par an aux finances de l'Etat, mais nous risquons la défaillance parce que cette année nous ne pourrons pas faire face à nos obligations.

Toute notre équipe veut travailler, défendre nos savoir-faire, nos métiers et nos emplois, protéger nos familles et continuer à animer nos territoires.

Dans l'adversité, nous continuons à chercher des solutions pour maintenir notre activité, comme la livraison, la vente en ligne, et la vente directe - mais toutes ces activités ne remplaceront, au mieux que 5% ou 10% du chiffre d'affaires perdu. Nous avons déjà dû détruire 100.000 litres de bière cette année, ce qui est très triste pour un producteur artisanal comme nous le sommes.

3. Pour survivre, nous avons besoin :

-de bénéficier de l'aide à hauteur de 20% du chiffre d'affaires réalisés sur la même période en 2019 annoncée par le Président de la République pour les restaurants, et ceci pendant au moins la période de fermeture totale ;

-de la prise en charge réelle du chômage partiel à 100%, y compris les congés payés ;

-de l'exonération des charges sociales patronales aussi longtemps que nous n'aurons pas retrouvé au moins 80% de notre chiffre d'affaires ;

-du report automatique et sans frais des échéances bancaires et financières de nos entreprises pendant au moins 6 mois au-delà de la réouverture des bars et restaurants.

Pour FrogPubs, et ses 250 emplois directs, il s'agit désormais d'une question de survie !

Tout comme pour la quasi-totalité des 1900 microbrasseries françaises et les entrepreneurs qui les ont créées, ont engagé des investissements qu'ils sont maintenant incapables de financer, et qui ne peuvent souvent même plus se rémunérer.»

 

Myriam Darmoni
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