30 M€, levée de fonds record pour Taster ! Entretien avec Anton Soulier
30 M€, c’est la levée de fonds record que vient d’annoncer Anton Soulier, fondateur de Taster. 30 M€, oui mais pour faire quoi ? Le jeune français, qui a créé la première dark kitchen en France en 2017 nous dévoile ses objectifs.
Il est l’un des plus discrets acteurs des dark kitchens, mais pas le moins actif. Il ? C’est Anton Soulier de Taster qui vient de lever un peu plus de 30 M€ (37 M$) auprès des fonds Octopus Venture, Battery, Latitude, HeartCore, Rakuten, GFC et Founders Future. A ce jour, c’est la plus grosse levée de fonds du secteur. SmartKitchen a récemment levé 10 M€, et vient de boucler la suivante, sans que le montant ne nous ait (encore) été révélé.
Le précurseur des marques virtuelles
Au pays des dark kitchens, Anton Soulier n’est pas le plus novice. En effet, cet ancien de Deliveroo a cru au modèle de la livraison dès 2017, date à laquelle il créé Taster. « Je crois fortement au marché de la livraison. Chez Taster, nous créons des marques digitales fortes. »
Et s’il était discret auprès des médias, c’est qu’Anton Soulier était occupé à développer son modèle et cette impressionnante levée de fonds. Un modèle unique en son genre et des plus originals. « Nous ne faisons pas de la dark kitchen à proprement parler. Nous aidons ces entrepreneurs à préparer le monde post-covid. Nous sommes plus une plateforme qui mettons en relation des marques dédiées à la livraison et des restaurants. Nous ne créons aucune cuisine physique. Nous nous appuyons sur les restaurants existants pour opérer les marques Taster », explique Anton Soulier.
S’appuyer sur des restaurants existants
A ce jour, Taster opère dans 3 pays : la France, le Royaume-Uni et l’Espagne et a développé 5 marques digitales, dédiées à la livraison : Mission Saigon, Out Fry, A Burgers, Stacksando, Bian Dang.
Les trois premières sont opérées par des restaurants physiques, qui voit là un moyen de développer leur chiffre d’affaires tout en poursuivant leur activité propre. « A Paris, Canard Street développe ainsi Out Fry. Nous proposons au restaurateur-entrepreneur un contrat de licence. Nous leur fournissons la marque, les produits, la technologie et la supply chain. Nous nous occupons aussi des relations avec les plateformes », développe Anton Soulier, qui précise aussi que le restaurateur choisi par Taster, après un mini-audit de sa cuisine et de sa volonté de se développer, « reçoit une formation de trois semaines. Dès les premières semaines, le chiffre d’affaires par marque est de 8 000 € par semaine et après ça grimpe très vite ! » La marge nette est de 15% à 20 %. Taster affirme faire partie des trois meilleures ventes chez Deliveroo Paris.
Chefs maison, produits locaux et ingénierie pointue
Pour créer ses marques, Taster travaille avec des chefs, comme par exemple, Tim Anderson, qui a développé le Stacksando (photo). Tous les produits frais sont locaux. Les produits d’épicerie comme les assaisonnements sont des produits maison. Ils sont créés par des chefs maison, issus d’écoles prestigieuses de cuisine comme l’école Paul Bocuse.
Taster développe aussi ses propres packagings et ses outils d’ingénierie dont un outil, similaire à celui proposé par Deliverect . « Ces outils permettent de limiter le gaspillage, gérer les commandes et faire des prévisions », explique Anton Soulier.
A ce jour, une trentaine de cuisines existent ainsi entre la France et l’Angleterre. La levée de fonds « va permettre de développer l’entreprise dans près de 40 villes, investir dans la technologie et accélérer le développement de nos marques ».
Pour communiquer sur ces marques, Taster utilise les réseaux sociaux, les plateformes, les campagnes avec des influenceurs, et la bonne vieille méthode des flyers. Taster a aussi développé une appli, par laquelle la commande est directement passée. Elle est alors traitée par Deliveroo. L’entreprise emploie 200 personnes, basées en France et en Espagne.
Myriam Darmoni