Cantines scolaires : pourquoi 8 villes suppriment temporairement le thon ?

, mis à jour le 02/09/2025 à 14h40
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tranche de thon en boite

Huit mairies, dont Paris et Lyon, ont temporairement banni le thon des menus de leurs cantines scolaires pour "faire cesser l'exposition des enfants au mercure", un métal neurotoxique.
 

 

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Après le soja, c'est au tour du thon de se faire exclure ! En octobre 2024, les ONG Bloom et Foodwatch avaient alerté sur la contamination du thon au mercure après avoir fait tester aléatoirement 148 boîtes de thon en conserve par un laboratoire indépendant. L'étude avait montré que 100 % des boîtes testées étaient contaminées au mercure, classé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) parmi les dix substances les plus préoccupantes pour la santé publique.
Face à l’inaction de l’État, les élus locaux des communes de Bègles, Grenoble, Lille, Lyon, Montpellier, Mouans-Sartoux, Paris et Rennes se posent « en bouclier sanitaire » pour protéger les enfants. Dans un communiqué de presse collectif publié le 28 août, les communes prennent la responsabilité que la France refuse d’assumer, en décidant « de ne pas servir de produits à base de thon dans les menus scolaires » tant que ce poisson reste autorisé avec des teneurs en mercure possiblement nocives pour la santé.

1 mg/kg

"Premières victimes de cette norme établie sans prendre en compte la santé des consommateurs, les enfants peuvent très vite dépasser la dose hebdomadaire tolérable (DHT), c'est-à-dire la quantité maximale ingérable régulièrement au cours d'une vie avant de s'exposer à un risque sanitaire", alertent les huit collectivités signataires dans un communiqué.
"Une fois ingéré, ce puissant neurotoxique peut se loger dans le cerveau et avoir des effets dévastateurs, en particulier sur le développement neuronal des plus jeunes (baisse de QI, troubles neuromoteurs, troubles du comportement, troubles de la mémoire, etc.)", poursuit le communiqué.
Selon Bloom, pour plus d'une boîte sur deux testée, la teneur en mercure dépasse la limite maximale fixée pour d'autres espèces de poissons comme le cabillaud ou les anchois, soit 0,3 mg/kg. Pour le thon, la limite a été fixée à 1 mg/kg, mais ce seuil est calculé sur le "produit frais". Or selon les calculs de l'ONG, cela revient à une teneur d'environ 2,7 mg/kg dans la conserve, car le mercure est plus concentré une fois le produit déshydraté. "Ce qui est assez surprenant, c'est que le thon ait droit à une dérogation de taux de mercure par rapport aux autres poissons. Nous, on souhaite appliquer le principe de précaution", a expliqué à l'AFP Gilles Pérole, adjoint au maire de Mouans-Sartoux. L'absence du thon dans les menus "ne pourra être revue sans que la limite maximale de mercure autorisée dans le thon ne soit abaissée à la teneur la plus stricte existant pour le poisson, à savoir 0,3 mg/kg", précisent les collectivités.

La filière se défend !

Après la décision de huit communes de suspendre temporairement le thon dans les cantines scolaires, la FIAC Poisson – branche du syndicat des entreprises de produits alimentaires élaborés – réagit. Elle rappelle que les conserves de thon vendues en France respectent strictement les seuils réglementaires en métaux lourds soit 1mg/kg, avec des niveaux de mercure trois fois inférieurs à la limite autorisée. La profession a publié en janvier 2025 huit années de résultats d’analyses et s’engage à doubler les contrôles. Elle souligne aussi les bénéfices nutritionnels du poisson pour les enfants, comme le recommande l’Anses.

Rédactrice en chef de Zepros La Collective, Claire Cosson cultive une passion singulière pour l’univers de la restauration collective. Depuis plus de vingt ans, elle observe et décrypte les mutations d’un secteur souvent discret mais essentiel.
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