Mauvais élève, la cantine scolaire ?
A en croire les résultats de la nouvelle enquête sur la restauration scolaire, menée par l’AMF en collaboration avec AgroParisTech, c’est le cas. Notamment concernant le volet qualitatif d’Egalim. Mais, il y a de bonnes raisons.
Alors qu’il apparaît que 82 % des élèves scolarisés fréquentent la cantine scolaire, seulement 18 % des communes respectent les seuils de 50 % de produits de qualité et durables, dont 20 % de bio, en vigueur depuis le 1er janvier 2022 dans le cadre de la loi Egalim. Elles sont globalement un peu plus nombreuses à respecter le seuil de 20 % de produits bio en 2023 (37 %) qu’en 2020 (34 %). Pourquoi de si mauvais scores ? Plusieurs raisons sont évoquées par les mairies interrogées. A commencer par les difficultés pour s’approvisionner en produits de qualité et durables. « Celles-ci s’avèrent plus fortes en 2023 (40 %) qu’en 2020 (18 %), et sont plus prégnantes à mesure que s’accroît la taille des communes (allant de 34 % pour les communes de moins de 2 000 habitants contre plus de 60 % pour les villes de plus de 10 000 habitants) », rapportent les auteurs de l’enquête.
Le coût moyen d’un repas est estimé à 8,49 €
Autre raison : le surcoût financier généré par l’approvisionnement en produits de qualité et durables. Près des deux tiers des répondants (64 % contre 73 % en 2020) l’évoquent.
En termes financier, les communes sondées ne manquent ainsi pas de préciser que coût du service de cantine est de plus en plus lourd. Il s’élève pour les collectivités susceptibles de répondre (893), hors participation des familles, à 8,49 € (contre 7,63 € déclarés en 2020). Celui-ci varie de 8,37 € pour les communes de moins de 10 000 habitants à 9,15 € pour les communes entre 10 000 et 29 999 habitants et 10,40 € au-delà de 30 000 habitants.
L’enquête révèle que la majorité des collectivités ne perçoit aucune aide financière au titre du service de restauration scolaire (68 %) et constate des impayés de manière importante ou modérée (57 %). Le reste à charge s’avère donc supérieur à 50 % pour 71 % des répondants (69 % en 2020). Le tarif demandé aux familles est généralement compris entre 1 € et 5 € (81 % des répondants). Près des deux-tiers des collectivités (63 %) ont augmenté les tarifs depuis la rentrée 2022, mais la hausse déclarée est majoritairement inférieure à 10 %.
Demande d’exception alimentaire
Dans ce contexte, l’AMF rappelle la nécessité d’un meilleur accompagnement à la fois technique et financier de la part de l’Etat auprès des communes afin qu’elles puissent offrir une alimentation saine dans les cantines. Une stabilisation du cadre légal est nécessaire pour permettre aux communes d’agir concrètement en ce sens. Mais pas que ! À l’instar de l’enquête de 2020, les maires interrogés souhaitent une simplification des règles de la commande publique afin de pouvoir recourir plus directement aux producteurs locaux dans les marchés, conformément à l’esprit de la loi Egalim. De quoi confirmer la demande de l’AMF en faveur de la mise en place d’une mesure dérogatoire et pérenne au niveau européen, dans le cadre d’une « exception alimentaire ». Avis aux nouveaux députés européens français !
*L’enquête, réalisée entre le 1er et le 22 septembre 2023 auprès des communes disposant d’une école publique, a fait l’objet de 2 457 réponses complètes, provenant de 2 282 communes (soit 10,5 % des communes avec au moins une école) et 175 EPCI compétents.