[Spécial RSE] Bio, local et suppression du plastique au cœur des préoccupations

Jean Charles Schamberger
Les distributeurs et la RSE
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Bossman Consultants, cabinet spécialisé dans l’univers des produits de grande consommation, a mené au 4e trimestre 2020 une étude sur la stratégie et les attentes des distributeurs en matière de RSE. Cette étude a été réalisée avec la participation des directions RSE des principaux distributeurs du secteur des GMS et des généralistes de la CHD au travers d’entretiens qualitatifs.

Ayant fait le constat que les fournisseurs ne disposent que de très peu d’informations sur les attentes des distributeurs en matière de responsabilité sociale des entreprises (RSE), le cabinet spécialisé Bossman Consultants a réalisé une étude qualitative avec la participation des directeurs/responsables RSE des principaux distributeurs GMS (Auchan Retail France, Carrefour, Cora, AMC, Intermarché, Scamark, Galec, Système U) et CHD (France Frais, Metro France, Groupe Pomona, Pro à Pro, Sysco France et Transgourmet France). Parmi les questions posées : Comment les services RSE sont-ils organisés ? Quelles sont leurs relations avec la direction de l’offre ? Quels sont leurs enjeux liés à la RSE ? Quelles sont leurs attentes prioritaires en matière de RSE vis-à-vis de leurs fournisseurs ?

Un phénomène assez récent

Il ressort globalement de cette étude que les distributeurs des secteurs GMS et CHD sont conscients des enjeux liés à la RSE, et les ont intégrés dans leur propre stratégie, de façon plus ou moins formalisée. Les stratégies RSE diffèrent, mais des convergences sont toutefois à noter : l’accent est mis en particulier sur l’importance du bio, du local et de la suppression du plastique. Tant en GMS qu’en CHD, les attentes des distributeurs en matière de RSE portent surtout sur une plus grande proactivité des fournisseurs en la matière. « Ces derniers se doivent d’être force de proposition, et de respecter les cahiers des charges, qui accordent à la RSE un poids de plus en plus important », souligne l’étude. Ils doivent mieux communiquer sur leurs actions RSE auprès des distributeurs. La transparence doit être totale vis-à-vis de ces derniers (provenance et traçabilité des produits, emballages/recyclage...).

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Quatre enjeux ont été les plus cités par les distributeurs foodservice dans le cadre de l’étude  : une alimentation durable et de qualité via notamment des produits bio et sains ; l’agriculture raisonnée et locale (filière, produits locaux, bien-être animal, sourcing responsable) ; la réduction de l’empreinte carbone, des gaz à effet de serre, de la consommation d’énergie, la lutte contre le gaspillage, moins de plastiques ; et enfin la mise en avant de valeurs humaines (épanouissement des équipes) et une volonté de transparence vis-à-vis du consommateur. « Il existe bien sûr des différences de maturité entre les distributeurs, mais on note que tout le monde s’intéresse à ce sujet », affirme Christophe Ménager, directeur associé de Bossman Consultants. « Nous avons constaté chez chacun d’entre eux la volonté de création d’un périmètre précis entièrement dédié à la RSE, et plus seulement au sein d’un périmètre qualité au sens large, afin d’accélérer la formalisation d’une politique RSE. Et cela, c’est un phénomène assez récent », ajoute Thibault Mercier, responsable études marketing. Cette orientation s’effectue sous l’influence de plusieurs paramètres : des réglementations de plus en plus contraignantes, des exigences grandissantes de la part des consommateurs et de la clientèle RHD (lors des appels d’offres, notamment). Celle-ci devient incontournable et se reporte inévitablement vers les attentes exprimées vis-à-vis des fournisseurs en matière d’offres, ainsi que le constate l’étude. « Ils sont tous d’accord sur le fait de pouvoir proposer des produits sains et de qualité, d’être irréprochables sur les conditions d’élevage, sur la nutrition. Cela concerne aussi les emballages, la traçabilité des matières premières. On sent dans les discours que les exigences vont se durcir. À l’avenir, les fournisseurs qui ne répondront pas à certaines conditions des cahiers des charges seront de fait exclus des référencements », explique Christophe Ménager. Sont ainsi prioritairement visés par cette exigence de transparence les produits laitiers, les produits carnés, les œufs…

On constate aussi des niveaux de maturité différents chez les fournisseurs. Les grands opérateurs nationaux étant les mieux armés car offrant des solutions qui répondent à des cahiers des charges plus contraignants, tel le sourcing français. Si le bio est souvent mis sous le feu des projecteurs, ce n’est toutefois pas la seule gamme de produits recherchés par les distributeurs : « On peut très bien avoir des produits responsables ou labellisés qui ne soient pas bio », temporise le directeur associé.

Des partenariats avec la filière avicole

De fait, les distributeurs mettent en avant spontanément des exemples de partenariat réussis. Si ceux-ci sont fréquents dans le secteur des GMS, ils sont toutefois plus rares en RHD. Dans ce secteur, des initiatives ont notamment vu le jour avec certaines filières. C’est le cas, par exemple, en matière avicole, où, en contrepartie d’une durée de partenariat minimale garantie par le distributeur, des engagements sont pris par le producteur sur des produits hors cage, sur le bien-être animal, etc.

Ces exigences grandissantes en matière de RSE peuvent-elles alors avoir des répercussions sur les tarifs des approvisionnements ? « Le discours sous-jacent de chacun des patrons de RSE, c’est que cela doit se faire à prix identiques. Les acteurs de la restauration ne veulent pas entendre parler d’augmentation de prix. Ce qui n’est pas simple pour les fournisseurs qui font de la R&D et qui investissent », résume Christophe Ménager.

Jean-Charles Schamberger

Article extrait de Zepros Distributeurs RHD 11 daté Mai 2021

Jean Charles Schamberger
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