Jean-Charles Schamberger

[Top 100] « L’objectif principal reste la croissance »

Éric Dumont
Président du directoire
Groupe Pomona
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Eric Dumont Groupe Pomona

La parole aux distributeurs - Zepros Distributeurs RHD 15 - Entretien réalisé le 22 juin.

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Quel bilan dressez-vous à l’issue de votre exercice 2020-2021 ?
Éric Dumont

Clos fin septembre 2021, nous avons vécu un deuxième exercice marqué par le Covid, avec 2 périodes distinctes. Une première avec les restrictions que l’on connaît qui a duré jusqu’à fin mai, avant quatre mois d’été 2021 très actifs. Mais, cette fois, nous étions bien mieux préparés. Au final, notre chiffre d’affaires a très légèrement reculé par rapport à l’année précédente, passant de 3,460 Md€ à 3,350 Md€, tout en améliorant nos résultats, ce qui est une bonne performance et représente un certain encouragement pour l’avenir.
Depuis l’été 2021, l’activité est bien repartie avec une petite faiblesse en janvier 2022 en raison du variant Omicron. Actuellement, l’activité est bonne, doublée d’une forte inflation. Cependant, nous ne sommes pas encore revenus aux volumes de ventes pré-Covid ; notamment parce qu’en restauration collective le segment travail est toujours très impacté par le télétravail et il le demeurera. Néanmoins, sur le reste de la restauration collective, nous avons retrouvé des volumes normaux, tout comme en restauration commerciale. 
 

Comment se sont comportées vos différentes branches ?
Éric Dumont

Toutes nos branches fonctionnent globalement bien. Leurs performances sont fortement liées à la typologie de leurs fonds de commerce. PassionFroid, qui est très présente en restauration collective, amortit un peu mieux le choc quand la restauration commerciale est fermée, mais le segment travail la pénalise. TerreAzur qui, à côté de son activité restauration, sert des clients en GMS et en commerce de proximité chez les primeurs et les poissonniers, a maintenu un certain niveau d’activité quand les restaurants étaient fermés. Quant à Relais d’Or, qui réalise plus de 85 % de son activité en restauration commerciale, cette branche a hélas beaucoup souffert au cours de cette dernière période.
Sur le segment boulangerie-pâtisserie, nous avons bien progressé car lorsque les restaurants étaient fermés les personnes qui travaillaient ou qui étaient en mobilité se tournaient vers les boulangeries pour s’acheter un sandwich, une salade, une pâtisserie. Délice & Création a donc bien fonctionné sachant que nous étions déjà sur une bonne tendance.
À noter que nous avons lancé l’an dernier une nouvelle marque distributeur, Bon & Engagé, qui est transverse à PassionFroid, TerreAzur et EpiSaveurs, et qui s’enrichit de plusieurs centaines de références. Il s’agit de produits cœur de gamme qui portent une double promesse avec des engagements sociétaux en termes de filières, de culture, de production, tout en ayant une très bonne qualité gustative.
Nous continuons également à nous développer dans l’e-commerce. C’est une manière d’améliorer le service pour nos clients tout en ayant plus d’efficacité dans nos opérations. Début juin, nous avons lancé une App de prise de commande, myPomona, sur laquelle le client peut retrouver à la fois PassionFroid, TerreAzur et EpiSaveurs. Nous avons de très bons retours.

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APPLI MYPOMONA
Comment se déroule l’intégration de DGF au sein de Délice & Création ?
Éric Dumont

Nous avons acquis DGF le 1er juillet 2021. Il y a beaucoup de travail car une intégration c’est long et compliqué. Avec des questions de systèmes d’information, de gammes, de processus financiers, de logistique physique, etc. Nous avons rapidement mis en place une équipe de direction unifiée. Et donc, même si tout n’a pas encore convergé, les gens font partie de la même équipe. Je crois qu’il y avait une vraie attente du côté de DGF, à la fois des collaborateurs mais aussi des clients. C’est une entreprise qui avait beaucoup souffert ces dernières années du manque de moyens que lui octroyaient ses actionnaires.

Comment rationalisez-vous l’offre ?
Éric Dumont

L’objectif est d’avoir une gamme commune. Nous allons conserver la marque propre DGF pour tous les produits ambiants et de pâtisserie, et la marque propre Four à Idées pour les produits surgelés, et prêts à cuisiner. Le réseau a pour nom Délice & Création et ses marques propres seront donc DGF et Four à Idées. En 2022, les négociations d’achats de fin d’année se feront ainsi sur une gamme homogène.

Outre l’intégration de DGF, sur quels dossiers travaillez-vous ?
Éric Dumont

Nous surveillons avec une grande prudence un éventuel retournement de l’activité à l’automne. Parce que je suis convaincu que nous sommes actuellement dans une surchauffe, dans une sorte d’euphorie collective. Sinon, le dossier principal reste la croissance. Nous en avons toujours fait, que ce soit en chiffre d’affaires ou en rentabilité. Le Covid étant terminé, il faut continuer. En 2022, aidés par l’inflation, nous devrions retrouver notre chiffre d’affaires de 2019.

Face à la hausse du coût des entrants, des salaires, de l’énergie... Quelle stratégie tarifaire adoptez-vous ?
Éric Dumont

Pour des grossistes comme nous, il y a deux choses qui augmentent : d’une part, le prix des denrées que nous achetons à l’amont ; d’autre part, notre coût d’intervention. Or, manque de chance, les deux augmentent fortement, en même temps, et sur quasi 100 % des produits ! Globalement, nous sommes sur des hausses qui vont de 10 à 30 % selon les familles de produits. C’est donc très compliqué. Nos actions vont dans trois directions : d’abord, nous répercutons les hausses à nos clients, au maximum de ce que le marché peut absorber ; ensuite, nous menons un travail sur les achats avec l’amont, pour atténuer les hausses en massifiant mieux, en revoyant certaines recettes avec les industriels, en substituant des produits, etc. ; enfin, nous travaillons aussi avec nos clients pour trouver des solutions, les orienter vers certains produits par exemple, afin qu’ils arrivent à respecter des coûts portions acceptables, que ce soit en collectivités ou en restauration commerciale.
En parallèle, nous travaillons en interne pour améliorer l’efficacité de nos opérations et limiter la hausse de nos coûts autant que faire se peut. 
 

Autre tension, celle sur les ressources humaines… Quels sont vos besoins et que faites-vous ?
Éric Dumont

Nous avons choisi de ne pas licencier pendant la crise et de signer un accord d’APLD avec nos partenaires sociaux. Cela nous a permis de garder nos collaborateurs en les faisant moins travailler. Quand l’activité a redémarré, nous avions donc presque toutes nos forces vives. Bien sûr, il y a eu du turn-over pendant cette période et il nous manque un peu de monde et ce, d’autant plus que la reprise est dynamique. Nous sommes en tension en ce qui concerne les chauffeurs et les préparateurs, et aussi parmi certains postes de cadres au siège et en régions. Nous avons augmenté les salaires de façon assez significative. Nous améliorons les conditions de travail et nous travaillons sur le management. Avant de recruter, il vaut d’abord mieux fidéliser. 

Jean-Charles Schamberger
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