Mieux comprendre les rejets alimentaires des jeunes enfants
Le Groupe APICIL et le Centre de Recherche de l’Institut Lyfe (ex-Paul Bocuse) ont récemment publié les résultats d’une étude « Mieux comprendre les rejets alimentaires des jeunes enfants », menée en collaboration avec le Laboratoire d’Etude de l’Apprentissage et du Développement, l’Université Bourgogne Franche-Comté ainsi que la Région Bourgogne Franche-Comté.
Qui n’a pas rencontré des difficultés pour faire découvrir de nouveaux goûts aux enfants ? L’ouvrage, Mieux comprendre les rejets alimentaires des jeunes enfants, analyse les conclusions de la thèse de doctorat de Damien Foinant, consacrée à l’étude des comportements alimentaires chez les jeunes enfants, et plus particulièrement des rejets alimentaires. Cette thèse permet d’identifier certains leviers d’action à destination des parents et des professionnels visant à favoriser la variété alimentaire, l’acceptation et la consommation d’aliments divers. Parmi les principaux enseignements observés par Damien Foinant, on note la néophobie et la sélectivité alimentaire. Selon ce dernier, ces deux comportements sont corrélés. La sélectivité alimentaire se fonde sur une évaluation hédonique du régime alimentaire, liée à une gamme d’aliments préférés. Ces mangeurs dits « difficiles » insistent pour avoir toujours la même nourriture, préparée de la même manière. L’enfant voudra, par exemple, ne manger que des pâtes. La néophobie alimentaire, quant à elle, correspond à une réaction de peur face à un stimulus perçu comme nouveau. Elle touche de manière légère entre 40 et 60 % des enfants. Selon une étude publiée en 2018 dans la revue scientifique Public Health Nutrition, plus de 10 % des enfants présentent une néophobie importante.
« La néophobie et la sélectivité alimentaire exercent une forte influence sur le comportement alimentaire et sont susceptibles d’augmenter les déficiences nutritionnelles chez les enfants. En consommant de manière moins diversifiée, les enfants se privent des bénéfices nutritionnels pour leur santé d’une alimentation équilibrée », explique Damien Foinant.
Et de poursuivre, « les rejets alimentaires s’expliquent par les prédispositions génétiques et l’influence de l’environnement familial. En ce qui concerne les facteurs génétiques, des études sur des jumeaux ont conclu que la néophobie alimentaire peut être héritée des parents, entre 58 et 78 %. Le taux de transmission héréditaire pour la sélectivité alimentaire est lui d’environ 46 %. Par rapport à l’influence de l’environnement familial, certaines pratiques alimentaires au sein d’une famille (par exemple forcer à finir l’assiette ou recourir à des récompenses alimentaires) peuvent renforcer les rejets alimentaires des enfants. »
Faire la cuisine avec les enfants
Reste à savoir comment agir concrètement contre les rejets alimentaires. « C’est en ciblant les facteurs qui engendrent un comportement chez l’enfant, notamment la compréhension de nouveaux produits, qu’il est possible de les aider à adopter des habitudes alimentaires plus saines », estime l’auteur. Chez les enfants les forts rejets alimentaires peuvent être liés à l’aspect visuel de l’assiette. Contrairement aux aliments naturels, ceux transformés présentent des signes d’intervention humaine qui sont perçus par les nourrissons et les adultes comme un signal de sécurité alimentaire. Ainsi la transformation des aliments, contribue à réduire l’incertitude des enfants quant à la comestibilité d’un stimulus, car ils semblent considérer les aliments transformés comme plus sûrs et proches de la comestibilité. Faire la cuisine avec les enfants est donc un bon moyen de familiarisation avec les aliments nouveaux.