[Spécial RSE] C10 interroge ses fournisseurs sur leurs pratiques RSE

Olivier Bitoun
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Un stylo devant un questionnaire avec 3 choix a), b), c). La case c) est cochée.

Le réseau de distributeurs de boissons a achevé le dépouillement des questionnaires adressés à ses fournisseurs afin de connaître leur niveau de responsabilité sociale et environnementale. Avec pour intention de mieux piloter ses achats. 
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Bacardi, Coca-Cola, Heineken, Kronenbourg, Lavazza, Nestlé, Orangina, Pernod-Ricard, Segafredo... ses 66 fournisseurs, industriels du secteur des boissons, ses fournisseurs de vins et les fabricants de matériels de bar (tireuses, machines à café...) avec lesquels il collabore l’ont reçu. Pour la première édition de son enquête « achats responsables », le réseau de distributeurs de boissons C10 s’est voulu exhaustif ; il a adressé à tous ses fournisseurs un questionnaire très détaillé de 76 questions, pour la version adressée aux industriels des boissons, avec un objectif : évaluer leur niveau de responsabilité sociale et environnementale. « Ce ne sont pas des questions auxquelles il leur suffit de répondre par oui ou par non. Nos fournisseurs doivent apporter des réponses argumentées sur les actions RSE qu’ils ont lancées et sur celles qu’ils programment », précise Camille Delettrez, directrice marketing et communication du réseau. Les demandes interrogent 7 critères d’évaluation répartis en 4 grands thèmes : l’humain (respect des salariés et des fournisseurs, attention accordée à la santé des consommateurs), les risques écologiques (actions contre le réchauffement climatique et protection des ressources naturelles), l’éthique (nombre d’usines et de sièges sociaux en France, localisation des sites dans des pays où ne règne pas la corruption, engagements sur les délais de paiement...) et enfin, une série de questions autour des risques de dépendance économique. 

Des sanctions contre les fournisseurs ? 
À dessein, les questionnaires ont été envoyés en octobre 2023, quelque temps avant les négociations commerciales... Histoire d’avoir d’autres sujets de discussion que les prix ! Les fournisseurs ont-ils bien accueilli la démarche ? Guillaume de Marcellus, directeur général de C10, se disait agréablement surpris par « le taux et la qualité des réponses », lors d’une conférence organisée par C10 début mars. « Nos fournisseurs ont répondu quasi à 100 %. Ils nous disent tous que la RSE fait partie de leurs préoccupations ; il en va aussi de leur image de marque », complète Camille Delettrez. Seul un fournisseur a répondu ne pas être concerné par le sujet ! Rappelons qu’à l’horizon 2026 toutes les entreprises de plus de 10 salariés devront éditer leur rapport RSE, en plus de leur rapport financier. C’est la première fois que C10 interroge ainsi ses fournisseurs. « L’idée n’est pas d’en faire un one shot mais de suivre l’évolution de nos fournisseurs. Avec dans les prochaines années, idéalement, l’adressage de questionnaires plus personnalisés à nos partenaires en fonction des points soulevés dans leurs réponses », se projette Camille Delettrez. Les premiers questionnaires, aujourd’hui tous dépouillés, ont donné lieu à la rédaction de fiches de synthèse par fournisseur avec la liste de ses «plus» et de ses «moins». En fonction des résultats, C10 leur demandera les actions envisagées pour améliorer leurs points faibles. Et pour les moins bons élèves ? Pas de déréférencement prévu. « Nous ne sommes pas des donneurs de leçons », tient à préciser Guillaume de Marcellus. Mais des sanctions quand même. Relatives. « On sera un peu plus regardant envers les entreprises qui ne montreront pas de bonne volonté. En termes de mise en avant, nous privilégierons auprès de nos adhérents, les fournisseurs qui partagent nos valeurs », explique Camille Delettrez. À titre d’exemple : la direction de C10 annonce qu’elle « ne met plus en avant les vins argentins et les whiskies japonais, en raison de leur provenance trop éloignée ». L’attachement aux achats responsables a aussi une valeur pour l’interne. « Cette introspection que l’on demande à nos fournisseurs, on l’applique à nos 35 marques propres qui totalisent une centaine de références », souligne Camille Delettrez. Ingrédients, provenance, emballages, transport tout est analysé. Autre sujet sur lequel C10 se dit vigilant : l’éventuelle dépendance économique de ses fournisseurs ; une thématique abordée dans le questionnaire. « Pour un fournisseur, le seuil de dépendance est atteint dès qu’il réalise 30 % de son chiffre d’affaires avec un client », rappelle Camille Delettrez, avant de poursuivre « plus on va chercher à travailler avec des partenaires à taille humaine et plus ce risque va augmenter ». Pas simple d’acheter responsable !

Le sujet du « verre perdu » 
Chez C10, on préfère parler de « verre non reremplissable ». Il s’agit principalement des bouteilles de vin, de spiritueux, de jus et de quelques marques de sodas n’entrant pas dans les circuits de consigne. Ce verre doit être collecté dans les CHR pour être recyclé. Le réseau de distributeurs de boissons en a récupéré 13 507 tonnes depuis 2015, par l’intermédiaire de ses adhérents qui le collectent dans 6 000 points de vente CHR. Un taux de pénétration qui ne demande qu’à progresser quand on rappelle que C10 touche plus de 90 000 points de vente CHR. Le principal obstacle est d’ordre logistique car il faut stocker les contenants vides et les ranger dans des bacs adaptés en attendant leur ramassage... « Nous faisons du prosélytisme auprès de nos adhérents car nous souhaitons accélérer sur le sujet », conclut Camille Delettrez, directrice marketing et communication du réseau.

C10 EN CHIFFRES
• 1,64 Md€ : le CA 2023 
• 89 : le nombre d’adhérents pour 230 entrepôts 
• 92 240 : le nombre de points de vente CHR livrés par ses adhérents
• 35 : l’ensemble des marques propres
• 57 : le nombre de caves à l’enseigne Comptoir des Vignes
• 37 : le nombre de caves-bars à bière à l’enseigne La Cervoiserie.

Olivier Bitoun
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