Jean-Charles Schamberger

[Top 100] « Ce qui fait notre force, c’est notre maillage unique »

Stéphane Antiglio
Président
Confédération des grossistes de France (CGF)
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Stephane Antiglio - CGF

Panorama du marché des grossistes distributeurs foodservice - Propos recueillis le 1er juillet.
Zepros Distributeurs RHD 20 Spécial Top 100 - Edition 2024

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Félicitations pour votre élection à la présidence de la CGF ! Votre riche parcours professionnel vous a notamment mené dans les univers de l’industrie et de la distribution alimentaire. Quelles sont les spécificités des grossistes distributeurs du foodservice, et qu’ont-ils en commun avec les autres métiers que fédère la CGF ?
Stéphane Antiglio

J’ai envie de dire qu’ils ont tout en commun. Comme mon prédécesseur Philippe Barbier aimait le rappeler, les 30 fédérations métiers qui adhèrent à la CGF ont en effet toutes en commun cet « ADN de grossiste » : sélectionner, conseiller, stocker et livrer, tout en assurant le crédit interentreprises ! Par ailleurs, ce qui fait notre force, c’est notre maillage unique : campagne, montagne, littoral, agglomération… Nous sommes partout et contribuons très clairement à la vitalité des territoires en fournissant, pour la partie alimentaire, les restaurants, les commerces de bouche, les cantines et les marchés, et pour la partie non alimentaire les pharmacies, les garagistes, les professionnels du bâtiment et de la rénovation, les professionnels de santé… bref tout ce qui participe au quotidien des Français.
Les grossistes sont le prolongement de la production agricole/industrielle française dont ils sont des acteurs de la valorisation, de la promotion et de la distribution des produits auprès des professionnels.
Néanmoins, comme vous le soulignez, les grossistes distributeurs de la RHD ont aussi des particularités :
- Ils détiennent des flottes de véhicules en compte propre et sont donc confrontés aux enjeux de verdissement et de décarbonation ;
- Les équipes possèdent une véritable expertise en matière de sécurité et traçabilité des produits ;
- Et en ce qui concerne l’actualité, ils sont directement impactés par l’organisation des JOP 2024, et doivent anticiper et aménager leurs heures de livraison. 

Quels seront les dossiers de votre feuille de route qui les concernent plus particulièrement ?
Stéphane Antiglio

Les négociations commerciales et la préservation de notre régime grossiste dans le Code du commerce sont évidemment notre priorité ! Pour rappel, la CGF a obtenu la création de 2 articles dédiés aux relations commerciales avec les grossistes justifiées par leurs relations équilibrées et apaisées avec leurs partenaires commerciaux. Nous continuerons nos actions de pédagogie quant au rôle des grossistes dans les filières et en particulier la filière alimentaire afin de conserver ce corpus de règles applicables. 
Au sein du Conseil national de la restauration collective, avec ses membres et en collaboration avec FranceAgrimer, nous travaillons notamment à la création des indices de variation des prix manquants en produits d’épicerie et réfrigérés (Indices RNM) et à la réalisation de clauses types pour accompagner les acheteurs publics.
Notre récent département Environnement est particulièrement occupé - et préoccupé - par la REP Emballages de la Restauration qui se met en place, non sans mal, tout en préparant l’arrivée prochaine de la REP Emballages industriels et commerciaux… Là encore, simplification et pragmatisme doivent guider les actions des pouvoirs publics.

Parmi les défis qu’ils ont à relever, celui des marchés publics en restauration collective. Comment travaillez-vous avec les différents acteurs concernés pour demander de la souplesse et notamment inciter à revaloriser les budgets ?
Stéphane Antiglio

Cela fait plusieurs années que nous travaillons avec l’ensemble des maillons de la filière, la FNSEA, la Coopération agricole, le Geco Food Service, Restau’Co, le SNRC, le Sners sur le sujet de la restauration collective. Nous avons mené plusieurs combats et obtenu des résultats satisfaisants, en particulier avec l’avis du Conseil d’État du 15 septembre 2022 relatif aux possibilités de modification du prix des contrats de la commande publique. Cette étape importante a débloqué la situation dans les marchés publics en cours lors de la période de forte inflation. Comme l’a rappelé la ministre Agnès Pannier-Runacher dans le dernier numéro de notre magazine BtoB News, la Conférence des solutions qui s’est tenue au printemps a permis d’impulser une dynamique au sein des différents ministères sur la nécessité de s’emparer du sujet ; toutefois, la dissolution de l’Assemblée nationale va rebattre les cartes…

Le budget reste au cœur des réflexions car l’atteinte des objectifs Egalim (pour une alimentation « saine, sûre et durable ») requiert des augmentations de budget significatives. Et c’est là tout le paradoxe que nous soulignons avec les fédérations de l’alimentaire adhérentes à la CGF : la qualité a un prix et, avec un cout d’achat matière pour un repas complet en moyenne entre 2 € et 2,30 €, atteindre ces objectifs demeure extrêmement compliqué malgré tout l’engagement et la bonne volonté des entreprises grossistes !

La CGF a signé une convention-cadre avec France-Travail. Comment peut-elle accompagner davantage les grossistes afin qu’ils puissent faire face à leurs difficultés de recrutement, de formation et de fidélisation des personnels ?
Stéphane Antiglio

Cette convention-cadre nationale est une première, tant pour la CGF et les fédérations que pour France Travail, et nous en sommes très fiers. Nous sommes partis du constat que nos actions de terrain (salons, vidéos métiers, visites d’entreprises…) étaient efficaces mais ne suffisaient pas à aider les entreprises du commerce de gros à pourvoir les 75 000 recrutements programmés cette année (source enquête BMO), sur des fonctions principalement commerciales et logistique/transport.
Dans le domaine de l’emploi, nous devons avoir une démarche volontariste. Notre secteur permet à du personnel avec parfois peu de qualifications de trouver facilement un emploi et d’avoir des perspectives d’évolution de carrière, en particulier grâce à la formation qui accompagne l’évolution, notamment digitale et logistique, de nos entreprises. La modernisation de celles-ci contribue également à l‘amélioration des conditions de travail, source d’attractivité, de fidélisation et de meilleur climat social. 
L’humain est au cœur de nos entreprises et de nos relations avec nos clients et nos fournisseurs : c’est un atout différenciant que nous devons mettre en avant. L’action de France Travail dans l’accompagnement des entreprises de commerce de gros et la sensibilisation des demandeurs d’emploi aux opportunités dans le secteur permettront de répondre aux besoins de nos entreprises et de sécuriser les parcours des demandeurs d’emploi.
 

Quels seront les grands rendez-vous de la rentrée ?
Stéphane Antiglio

La CGF va continuer d’œuvrer pour les entreprises du commerce de gros ! Être au service des 30 fédérations et de leurs entreprises c’est là notre leitmotiv. Les élections législatives vont modifier le paysage politique et il y aura beaucoup de travail de pédagogie à faire auprès des nouveaux élus pour faire connaître nos métiers et leur spécificité. Nous allons reprendre notre bâton de pèlerin dès l’été.

Évidemment, à la rentrée il nous faudra aussi faire le bilan des JOP 2024 dans lesquels la CGF a été particulièrement impliquée. Nous aurons besoin de savoir si nos entreprises ont pu continuer à travailler sereinement, et nous allons apprendre beaucoup de cette expérience en matière de logistique urbaine. En ce qui concerne les rendez-vous à venir, nous continuerons à développer des temps d’échanges et de réflexions avec et pour les fédérations et leurs entreprises adhérentes sur tous les sujets qui les intéressent : RSE, fiscalité, économie, transport, formation, dialogue social… Un temps avec la presse est par ailleurs prévu fin septembre afin de présenter les axes d’actions de la CGF et de réagir à l’actualité, qui, je l’imagine, sera encore bien dense en septembre ! 
 

Parcours

Une première partie de carrière dans l’industrie et la distribution agroalimentaire…
Stéphane Antiglio a 61 ans et est diplômé de HEC (promotion 1984). Il a ainsi occupé des postes de marketing, vente et management de business units BtoB, dans des entreprises de l’agroalimentaire (Barry–Callebaut – Gourmet Division, Schweppes CHD, Danone Restauration) et de produits d’hygiène-entretien (SC Johnson Professional). Il a ensuite rejoint en 1999 la distribution professionnelle pour devenir directeur de la branche PassionFroid de Pomona et membre du directoire du groupe. En 2010, il intègre le groupe Autodistribution (un des leaders européens de la distribution de pièces détachées automobile et poids lourd), devenu depuis PHE, au poste de président. Depuis 2020, Il est également président d’AD International, groupe européen de distributeurs de pièces détachées automobiles. En outre, depuis 2011, il est membre du conseil d’administration de la Fédération de la distribution automobile (Feda).

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