[Top 100] « Nous sommes plus qu’un distributeur »
Panorama du marché des grossistes distributeurs foodservice - Entretien réalisé le 24 mai.
Zepros Distributeurs RHD 20 Spécial Top 100 - Edition 2024
Cela a été une belle année chez France Frais. Comme nos confrères, l’inflation a développé notre chiffre d’affaires de façon significative. Surtout, nous avons vécu cette deuxième année d’inflation sans voir de tassement du volume. C’était une année de consolidation. Aujourd’hui, en dehors de quelques matières, type cacao qui continue à fluctuer, globalement les très fortes hausses sont terminées. En tout cas, à court terme. Nous sentons en ce moment qu’il y a une tension, notamment sur la restauration commerciale, indépendante ou chaînée. Nous assistons à une forme de paupérisation du mix produits et l’on s’aperçoit que le consommateur fait des arbitrages.
Autre fait marquant de l’année écoulée et qui se poursuit cette année, ce sont les défaillances et les regroupements. Il est clair que c’est difficile pour certains, d’autres arrêtent tout simplement leur activité. Nous voyons également des restaurants qui faisaient deux services n’en faire plus qu’un, d’autres fermer certains jours de la semaine, faute de trouver du personnel. Le métier bouge. Notre activité boulangerie-pâtisserie continue de se développer. Elle sort assez gagnante des tendances street food et nomadisme. Tout cela n’est pas nouveau mais se poursuit.
En valeur, sur notre exercice avril-mars, nous faisons environ + 10 % et une légère croissance volume.
Nous sommes dans un changement continu. Le marché a beaucoup bougé depuis l’avant-Covid ; le télétravail, l’inflation, la pénurie de matières, les difficultés de recrutement… Autant d’événements extrêmement lourds, pour nous et nos clients, qui sont profonds et accélèrent une mutation. L’événement marquant serait la fin de l’inflation après deux années avec des hausses à deux chiffres. C’est une forme d’apaisement de cycle.
Étant donné que nous avons amplifié notre présence en restauration commerciale, nos résultats ne sont pas à la baisse sur ce segment. La boulangerie-pâtisserie a continué de se développer, car ce marché est soutenu par une demande qui est mieux orientée. Nous avons toujours une présence assez forte en restauration sociale, qui représente environ un tiers de notre activité, portée par la consommation de produits laitiers liée à notre amont-industriel. Enfin, nous consolidons nos positions sur le service des crémiers fromagers.
Oui, plusieurs choses. Tout d’abord, nous avons continué à constituer une équipe de direction fonctionnelle au service des filiales. Nous avons créé un département développement commercial et nous avons étoffé notre département marketing. Ensuite, nous avons renforcé notre équipe performance exploitation afin d’optimiser nos process. Enfin, nous sommes de nouveau acteurs de la croissance externe avec trois acquisitions sur une période de six mois : FDL qui livre les crémiers-fromagers dans le Sud-Ouest ; Bleu Blanc Chef, une entreprise axée sur le service auprès des boulangeries-pâtisseries à Nancy, et tout récemment Real en Belgique, une société essentiellement présente sur le marché des crémiers-fromagers, et, dans une moindre mesure, de la restauration.
Nous restons attentifs aux opportunités. C’est un levier de développement assez naturel chez France Frais qui avait un peu été stoppé par le Covid et d’autres événements. Nous sommes très heureux d’avoir repris ce mouvement.
Nous continuons de creuser le sillon de notre positionnement atypique du fait que nous avons de nos trois métiers au sein du groupe : producteur, transformateur, distributeur, tout au moins sur une partie des produits que nous commercialisons. Nous travaillons notre signature d’offre développement durable : lait de pâturage pour les produits Campagne de France, plusieurs produits labellisés Max Havelaar issus de notre coopérative, poursuite du développement de la commercialisation de la Brique Rose en Occitanie. Nous sommes un distributeur appartenant à une coopérative et qui bénéficie d’une implantation industrielle. Nous participons, d’une certaine manière, et à notre échelle, à la logique de souveraineté alimentaire puisque notre modèle économique redistribue de la valeur à nos actionnaires producteurs de lait dans le Cotentin. Nous sommes plus qu’un distributeur, cela nous différencie vraiment de nos principaux concurrents.
Nous continuons notre route sur tout ce qui est communication digitale sur les réseaux sociaux. En matière de commandes en ligne, nous allons ouvrir un pilote sur l’une de nos filiales dans les mois qui viennent.