Flunch : le cap dans la tempête
Se réinventer pour survivre. La sentence est sans appel pour les chaînes de restauration historiques. Après Courtepaille, c’est au tour de Flunch (Agapes Restauration) d’afficher une situation difficile. L’enseigne fait face à une érosion de son business model fortement précipitée par la crise sanitaire. Le principe de la cafétéria qui a fait le succès de l’enseigne depuis 1971 n’est plus en phase avec les modes de consommation actuels et la crise du Covid a encore creusé le fossé. Résultat : une perte cumulée de 49 % du chiffre d’affaires sur la marque de janvier à août.
Le travail de diagnostic complet et d’actions concrètes au niveau de l’accueil, des services ou des produits qui avait été entamé en 2020 a été stoppé net par la fermeture pendant plus de deux mois des 228 restaurants Flunch, dont 67 en franchise. Thierry Bart, nouveau directeur général de Flunch depuis janvier qui a précédemment développé le premier Eataly français avec les Galeries Lafayette, a annoncé un plan d’action baptisé « Cap à 5 ans ». « Nous ne pouvons plus attendre, il est urgent de prendre des mesures fortes pour adapter le réseau et redéployer la marque autrement au plus près des consommateurs et de leurs nouvelles attentes », a t-il souligné. Cette stratégie, qui vise à passer progressivement du modèle de la cafétéria au food hall, suit six axes : une offre autour d’un ancrage régional et de filières courtes avec les producteurs ; un rapport qualité-prix parmi les plus accessibles ; un meilleur équilibre entre l’activité dans les restaurants et en livraison (20 %) ; des expériences consommateurs (autour de kiosques à thèmes, d’animations produits, ou pédagogiques autour du culinaire et de la transition alimentaire) ; de nouveaux moyens d’achats et de commandes autour du digital ; et enfin des implantations nouvelles au plus près des flux de clientèles (centre villes, autoroutes, livraison).
Une annonce accueillie avec vigilance et inquiétude par l’Intersyndicale Flunch (CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FGTA-FO) qui s’alarme, à travers une lettre ouverte adressée au Président du Conseil d’administration d’Agapes Restauration, de la dégradation sévère de la valeur de la part qui accuse une chute de plus de 47 %. Les organisations syndicales signataires demandent à la direction d’affirmer sa position quant au déploiement du plan, d’y injecter les moyens financiers et humains et de préciser les modalités de ce déploiement établissement par établissement autour d’un vrai projet d’entreprise.
Des demandes auxquelles la direction de l’enseigne répond avec précaution. Difficile, au vu de la perte d’activité, de promettre des investissements conséquents mais Thierry Bart entend déployer ce plan prudemment par tests successifs. Un véritable travail de dialogue avec les quelque 5 500 collaborateurs du réseau fait également partie des engagements de l’enseigne.