Plan Tourisme : les syndicats de l’hôtellerie restauration restent sur leur faim

, mis à jour le 15/03/2022 à 15h58
Quelques réactions des professionnels à l'issue du Comité interministériel du Tourisme du 14 mai
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Si l’Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih) et ses syndicats associés ont vu leurs demandes satisfaites sur plusieurs annonces, des points noirs demeurent cependant selon le syndicat qui assure rester fortement mobilisé : « Nous déplorons l’attitude du monde des assurances qui n’alimentera le fonds d’investissement qu’à hauteur d’1 Md€ alors que nos pertes d’exploitation se sont déjà montées à 10 Md€ et qu’elles sont appelées à se poursuivre partiellement du fait de l’obligation de réouverture en sous-capacité. Les organisations professionnelles se sont unies autour de demandes communes. Nous avons multiplié les réunions et tenté de faire avancer les débats. L’attitude inflexible des assurances est condamnable car ce sont des milliers d’entreprises qui peuvent faire faillite.

C’est pourquoi, l’Umih a vivement demandé au gouvernement, comme cela a été évoqué lors des négociations, de légiférer pour contraindre les assurances à prendre en charge une partie de la perte d’exploitation subie par nos entreprises pendant les mois de fermeture. L’Umih travaille également à une offre d’assurance qui pourra être proposée aux entreprises du secteur CHRD.

La demande de prise en charge des loyers n’a pas encore obtenu de réponse de la part de l’exécutif. Les loyers sont en effet une véritable bombe à retardement pour nos entreprises. A l’Umih, nous avons fait une proposition raisonnable : l’annulation de nos loyers pour 6 mois qui serait compensée pour les bailleurs par le fonds de solidarité pour ne pas exporter la crise vers d’autres secteurs.

Enfin, le travail en lien avec les services de l’Etat sur les protocoles sanitaires n’est pas terminé. Il y a, pour la profession, une ligne rouge : imposer 4 m² de distanciation dans les restaurants et bars comme pour les commerces. Roland Héguy a rappelé que le terrain s’impatientait pour recevoir le protocole validé par le gouvernement car un restaurant et un hôtel n’ouvrent pas en 24 h 00, cela se prépare ! »

Selon Roland Héguy, président confédéral de l’Umih : « La situation est très grave. Ce Comité interministériel du Tourisme était celui de la survie. La profession a obtenu certaines satisfactions ce matin comme la date de réouverture fixée au 2 juin en zones vertes, mais il reste encore de grandes incertitudes pour notre profession. Beaucoup de leviers reposent sur la dette qu’il nous faudra bien rembourser alors que nous ne serons peut-être pas économiquement en état de le faire. Il faut encore travailler et l’Umih et ses syndicats associés resteront mobilisés. C’est pourquoi, nous demandons au gouvernement que soient organisés des points d’étape réguliers avec le secteur pour réévaluer le calibrage des aides en fonction de l’évolution économique car cette crise sera profonde et durable. »

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Pour Didier Chenet, président du Groupement national des indépendants Hôtellerie & Restauration (GNI) : « ce comité interministériel du Tourisme, s’il comporte une bonne nouvelle, il laisse un gout très amer. La vraie bonne nouvelle, c’est que nos concitoyens vont pouvoir revenir dans nos établissements dans les départements verts à compter du 2 juin et qu’ils vont pouvoir réserver leurs vacances en France. Le Premier ministre l’a annoncé. Pour les y inciter, nos hôteliers s’engagent à accepter les demandes de remboursement des réservations effectuées directement auprès d’eux en cas d’annulation pour cause de covid-19.

Le goût amer vient que l’essentiel des mesures gouvernementales consiste en des prêts, PGE, PGE saisonniers (qui s’adresse aux entreprises saisonnières, TOR et discothèques), prêts tourisme, etc. Nos professionnels sont déjà très endettés et leur capacité de remboursement déjà toute mobilisée. Ils attendaient une autre réponse que celle consistant à encore augmenter leurs dettes pour rembourser des pertes dont ils ne sont pas responsables. La dette ne peut pas être la réponse majeure du gouvernement.

Certes des mesures d’aides sont annoncées. Mais elles exigent des précisions pour que nous puissions en appréhender l’importance et l’impact comme les exonérations de charges sociales jusqu’à la réouverture des cafés et des restaurants ou le crédit de cotisations. D’autres mesures dépendront du bon vouloir des maires et des présidents de communautés de communes, comme la remise de la CFE ou de la taxe de séjour.

D’autres mesures, encore, sèment le trouble, comme la révision des modalités du chômage partiel à compter de la fin septembre 2020 alors que certaines entreprises seront toujours dans l’incapacité de rouvrir.

Enfin, des mesures sont totalement absentes comme celles relatives aux loyers ou aux assurances. Dans ces conditions, les restaurateurs et les cafetiers restent très inquiets et leurs collègues hôteliers qui comptent sur eux tout autant ! Il en est de même des traiteurs organisateurs de réceptions ou des discothèques dont les particularités ne sont pas suffisamment prises en compte. J’espère qu’après avoir reçues les précisions que nécessitent la présentation de ce plan, nos entreprises se verront donner les moyens de tenir et de reprendre leur activité après une fermeture décidée et prononcée par le gouvernement.

Je considère que ce plan n’est pas achevé et qu’il est un plan d’étape. Le GNI continuera, comme à son habitude, d’être force de propositions car le compte n’y est pas, nombre de nos propositions ne sont pas du tout abordées. Ce plan doit être complété, il en va de la survie de nos établissements ! La prochaine étape est fixée au 25 mai. Nous connaîtrons alors la date et les modalités de réouverture des cafés et des restaurants. D’ici là, il est indispensable que des mesures concrètes soient annoncées. »

Quant à lui, le Syndicat des indépendants (SDI), qui représente les TPE, artisans, commerçants, et professionnels indépendants, « se félicite de ces dispositions qu'il demandait depuis longtemps. Un regret cependant : que ces mesures ne soient pas étendues à toutes les TPE de moins de 21 salariés. L'exonération des cotisations patronales notamment et la prolongation de cette mesure permettraient à ces entreprises de surmonter cette période difficile. Pour le SDI, il est essentiel d'ajouter à ce plan l'abandon des charges Urssaf du chef d'entreprise et une année blanche pour certains impôts (IS, IR, CFE) afin de lui donner un peu plus de corps ».

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