
La Cité de l’alimentation : une nouvelle cuisine pour mieux manger et éduquer

Avec la création de la Cité de l’alimentation, la Ville de Montpellier engage une refonte ambitieuse de sa restauration collective. Objectif : créer une cuisine centrale innovante, axée sur la qualité des repas, la pédagogie et les circuits courts. Marie Massart, adjointe au maire en charge de la politique alimentaire et de l’agriculture urbaine, détaille les enjeux et les perspectives de ce projet ambitieux.
Quel est le fonctionnement actuel de la restauration collective à Montpellier ?
Aujourd’hui, la ville assure la gestion directe de 13 500 repas quotidiens pour les écoles primaires publiques via une cuisine centrale, tandis que 2 500 à 3 000 repas sont produits par un prestataire (SHCB). Au total, cela représente 16 000 repas servis chaque jour dans 88 restaurants scolaires. Mais depuis 2020, dans le cadre de sa Politique alimentaire, Montpellier s’est engagée vers une restauration collective plus durable afin d’avoir la capacité d’alimenter les écoles de la Ville de repas de qualité mais aussi former les nouvelles générations aux questions alimentaires et environnementales.
Pourquoi une Cité de l’alimentation ?
C’est de cette volonté politique forte qu’est né le projet concerté et co-construit de la Cité de l’alimentation. Un lieu hybride, dans lequel se côtoieront des espaces de production et de transformation alimentaire ; mais aussi des espaces pédagogiques dédiés à l’apprentissage du goût et au plaisir de bien manger. Au préalable, nous avons mené une étude approfondie sur les différentes options : construction d’une nouvelle cuisine centrale, mise en place de cuisines de proximité dans les écoles ou développement de plusieurs unités de production. Finalement, nous avons conclu qu’un bâtiment unique et innovant était la meilleure solution, notamment pour des raisons de foncier, de coût et d’objectifs de qualité alimentaire. Installée à proximité du Marché d’Intérêt National (MIN), cette structure favorisera les circuits courts et proposera des équipements uniques : une légumerie, une pâtisserie, un espace de découpe et d’affinage, afin de réduire le recours aux produits ultra-transformés. Il y aura également des maisons de l’alimentation solidaire, un camion cuisine pédagogique qui se rendra dans les écoles, des potagers scolaires et des formations culinaires pour sensibiliser les enfants dès le plus jeune âge.
Quel est le coût du projet et quelles sont les échéances ?
L’investissement global s’élève à 60 M€, dont 40 M€ dédiés à la construction de la cuisine centrale. Ce coût inclut le foncier et la dépollution du site. La première pierre sera posée en novembre, avec une livraison prévue pour novembre 2027 à côté du Marché Gare. Après une phase de tests, la mise en service complète est programmée pour septembre 2028.
Une montée en charge progressive est-elle prévue ?
Oui, la nouvelle cuisine sera conçue pour produire 18 000 repas scolaires par jour, avec une capacité d’évolution à la hausse. Si, pour l’instant, elle se concentrera sur les repas des écoles primaires publiques, nous réfléchissons à des mutualisations avec d’autres établissements (crèches, Ehpad) sans remettre en cause leurs cuisines existantes.
Ce projet impactera-t-il le coût du repas ?
Nous ne cherchons pas à réduire les coûts mais à améliorer la qualité des repas tout en conservant notre politique tarifaire sociale. Le coût de production d’un repas est d’environ 12 euros, mais grâce aux subventions municipales, les familles paient entre 0,50 et 6,55 euros selon leurs revenus. Nous avons d’ailleurs récemment renforcé notre tarification sociale, bénéficiant ainsi à deux tiers des familles.
Quelles seront les évolutions en matière de conditions de travail des agents ?
L’amélioration des conditions de travail est un axe fort du projet. La cuisine centrale actuelle n’offre pas un cadre agréable, avec des espaces exigus et peu ergonomiques. La future structure intégrera des espaces de pause, du matériel adapté et une meilleure gestion des ambiances thermiques. Par ailleurs, nous prévoyons une augmentation de 30 postes pour accompagner la montée en charge.
Quels seront les engagements environnementaux du projet ?
Nous visons un impact environnemental minimal, avec un bâtiment labellisé « Bâtiment Durable Occitanie » (niveau argent), des matériaux durables et une production d’énergie solaire. Nous avançons aussi sur la suppression progressive des plastiques en favorisant l’usage d’inox, même si cette transition représente un coût important.
Vous insistez beaucoup sur l’éducation alimentaire. Quels dispositifs sont prévus ?
Nous travaillons en étroite collaboration avec les enseignants. Par exemple, nous avons conçu un kit pédagogique permettant aux enfants de cuisiner en classe avec des recettes adaptées aux saisons et aux produits locaux. Ce kit comprend des outils pédagogiques et du matériel de cuisine pour initier les enfants dès la maternelle. Notre objectif est d’ancrer ces apprentissages dans la durée. Un enseignant qui intègre l’alimentation dans son quotidien scolaire aura un impact bien plus fort qu’une simple animation ponctuelle.
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