Cuisines Eugénie-Brazier : Quand les robots se mettent au service des agents de production !

Claire Cosson
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restauration collective chaine de conditionnement vitry sur seine

Le département du Val-de-Marne a récemment inauguré les cuisines de production du site Adolphe-Chérioux. Au menu de ces outils high-tech dont l’investissement atteint 13,5 M€ pour à terme 7 100 repas/jour : zéro plastique, zéro déchet et zéro TMS.
 

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« Ce robot de conditionnement est formidable ! Il nous permet de ne plus pratiquement rien porter de la production à l’allotissement. » Mehrez Baccouche, chef cuisinier et chef de production des cuisines de production Eugénie-Brazier, à Vitry-sur-Seine ne cache pas sa satisfaction. La partie n’était néanmoins, semble-t-il, pas gagnée d’avance. « Quand j’ai parlé de robotisation en cuisine, on m’a pris pour un fou ! », se souvient Olivier Laroche, responsable de la restauration du département du Val-de-Marne. Et pourtant : les faits sont là aujourd’hui. À Vitry-sur-Seine, les nouvelles cuisines (13,5 M€ d’investissement) Eugénie-Brazier, situées sur le site de Chérioux, servant 4 500 repas au quotidien (7 100 à terme) auprès de 18 collèges et 12 crèches (36 à terme), sont dotées d'un prototype de cobot (robot collaboratif) de conditionnement des repas conçu par Mecapack. « Nous sommes le premier établissement en France à utiliser cet outil automatisé », déclare fièrement Olivier Laroche.
Une démarche innovante qui résulte de l’anticipation de la suppression des contenants alimentaires de cuisson, réchauffe et service en plastique prévue par la loi Egalim d’ici 2025, remplacés sur ce site par des bacs gastro ½ en inox (Rieber). Ainsi que d’une volonté de reprendre en régie la production culinaire fournie par les communes ou la région pour certains collèges et de lutter contre les troubles musculosquelettiques (TMS) des agents. 

Olivier Laroche, responsable de la restauration : « L’utilisation du cobot de conditionnement génère une économie de 170 000 € par an en dépenses biosourcées pour les barquettes et les films. Mais, c’est avant tout un outil qui améliore considérablement les conditions de travail des agents. Ces derniers adorent ça ! » 
 

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Minigerbeur HappyManut

Trois bras robotisés

D’un montant de 540 000 €, cet équipement de conditionnement se compose de 3 bras. Le premier dépile et place les bacs sur la ligne. Les denrées cuites et refroidies sont ensuite placées dans lesdits bacs, soit de façon automatique ou manuel (pour les sautés de viandes par exemple).
Un second bras place le couvercle sur le bac qui est fermé par une presse et étiqueté. Enfin, en bout de chaîne, un troisième bras empile le bac sur une échelle mobile. « La mise sous vide sera aussi possible grâce à une pompe à tirage placée au niveau de la presse », précise le responsable.
Par ailleurs, les 27 collaborateurs actuels (40 à terme) bénéficient de mini-gerbeurs électriques (HappyManut), de sauteuses basculantes avec racleurs intégrés (Charvet), cuiseurs automatiques de féculents, d’un trancheur tunnel automatique, un tamis à compote

De quoi rendre les tâches quotidiennes moins pénibles et mieux se consacrer à la qualité des repas. En la matière, les cuisines Eugénie-Brazier portent bien le nom de la mère cuisinière lyonnaise. Avec un laboratoire de pâtisserie et une légumerie, le fait maison est privilégié. Cerise sur le gâteau, les approvisionnements issus de l’agriculture biologique sont aussi au rendez-vous. « Nous travaillons avec plus de 30 producteurs d’Ile-de-France comme la Ferme bio de plateau Briard, Val bio et la Coopérative bio IDF. Nous sommes à 22 % de produits bio et 31 % de Siqo. Nous achetons aussi des bêtes à l’équilibre à un éleveur de Seine-et-Marne », souligne Olivier Laroche. 

CHIFFRES

  • 2 875 m2 de surface sur 3 niveaux
  • 13,5 M€ d’investissement dont 540 000 € pour le robot de conditionnement
  • 40 agents à terme
  • 7 100 repas produits d’ici la rentrée 2023
  • 3 années de travaux
  • 100 % de pain bio
  • 40 % de fromages labellisés (bio et AOP)
  • 7 000 bacs gastro ½ en inox
  • 18 collèges et 36 crèches livrés
  • 30 producteurs d’Ile-de-France

Un mot d’ordre : la sobriété énergétique

Les prix de l’énergie flambent ! Dans les cuisines Eugénie-Brazier, les concepteurs ont joué à fond la carte de la sobriété énergétique. « Pour commencer, nous avons prévu une régulation de la consommation d’énergie suivant la période d’activité. Les unités de production des collèges et des crèches sont séparées. Ainsi, pendant les vacances scolaires, seule la partie petite enfance demeure en activité », commente le responsable de la restauration du département du Val-de-Marne. De quoi en effet diminuer sensiblement la facture d’énergie. Tout comme le fait que le système de ventilation de chaque hotte soit activé en fonction de l’activité des équipements de cuisson. 
Au niveau de l’eau, le site a choisi de laver lui-même ses contenants. Dans cette configuration, le tunnel de lavage (Winterhalter) à avancement automatique est équipé d’une pompe à chaleur. Celle-ci récupère les vapeurs d’eau générées lors du lavage pour les réutiliser dans le cycle de l’eau. « Cela économise 30 % en eau et électricité », indique Olivier Laroche. Autre point important : les bacs en inox sont nettoyés sur place grâce à des microbilles. Une technique qui favorise les économies d’eau d’environ 30 % mais également de produit lessiviel. Enfin, trois camions sur six roulent aujourd’hui au gaz.

Des biodéchets transformés en terreau pour les espaces verts

Avec en moyenne deux tonnes de marchandises livrées au quotidien dans les cuisines Eugénie- Brazier, le traitement des déchets constitue un enjeu majeur pour l’unité de production. Rien n’a donc été laissé au hasard. Tous les déchets sont valorisés. À commencer par les déchets organiques qui, grâce à un composteur installé sur site, se transforment en terreau pour la Roseraie et pour la Pépinière départementale de Mandres-les-Roses.
Une fois compactés, les cartons sont revendus dans des papèteries ou en carton de réemploi. Les boîtes de conserve sont nettoyées, puis compactées pour être recyclées en nouvelles boîtes de conserve. Les fournisseurs récupèrent les palettes et les cagettes en bois. Quant au verre, des containers vont être prochainement installés pour les transformer en calcin. « Toutes les installations que nous avons mises en place nous permettent de générer des recettes financières avec nos déchets. C’est plutôt rare en restauration collective ! », souligne Olivier Laroche.

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Bac inox GN 1/2 Rieber
Claire Cosson
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